La fête (ou plutôt foire) annuelle de Folsom Street à San Francisco qui
avait eu lieu virtuellement l'an passé a retrouvé sa vivacité dimanche
26 septembre avec une fréquentation estimée à 40'000 personnes (qui
n'ont pas toutes respecté le code Covid, on l'imagine). Faire
l'historique de cette manifestation, c'est suivre l'évolution du
mouvement LGBTQ+ depuis la fin de la IIe guerre mondiale, ainsi que le
développement de "Frisco".
Dés 1944, des milliers de soldats américains furent démobilisés avec un
"ticket bleu" déshonorable par des commandants qui cherchaient 1) à
extirper l'homosexualité de l'armée, 2) à les priver des avantages
accordés aux vétérans, ceci particulièrement lorsqu'il s'agissait de discriminer des afro-américains dont peu importait l'orientation
sexuelle. Les "tickets bleus" rencontrèrent beaucoup de problèmes
lorsqu'ils se présentaient pour un emploi. De retour à la vie civile,
ils arrivèrent en masse dans les grandes cités portuaires. À San
Francisco, ne sachant où aller d'autre, ils s'installèrent dans les
quartiers ouvriers les plus pauvres.
C'est ainsi que naquit l'épicentre de la vie gay où se situe Folsom Street. Au milieu des années 1960, le magazine
Life publia un reportage intitulé
Homosexuality in America
mettant l'accent sur le premier bar cuir. La réputation de San Francisco, capitale de la
déviance sexuelle, était faite dans l'esprit des braves Ricains. Ce qui
attira beaucoup de gays, soit en pèlerinage, soit pour s'y installer.
En même temps, un vaste mouvement d'activistes queer naissait pour
combattre la pauvreté dans les quartiers défavorisés et protéger leurs
habitants aussi longtemps que possible contre le processus de
gentrification immobilière.
À la fin des années 1970, la communauté gay comptait une trentaine
d'établissements, bars cuir, clubs, boutiques et saunas. La première
Folsom Street Fair eut lieu en 1984. Il s'agissait d'établir un esprit
de communauté entre les différentes tribus et, en même temps, de
soutenir les premières victimes du sida en les accompagnant et en créant
un fonds de solidarité. Mesures d'autant plus importantes que la ville
faisait fermer les saunas et les bars, dans l'illusion de lutter contre
la pandémie. Dés les années 1990, c'est la communauté BDSM -- cuir, bondage, domination, soumission, sadomasochisme -- qui est devenue majoritaire dans la mise en oeuvre de la kermesse
annuelle; sans rejeter les catégories plus courantes des LGBTQ+.
Selon mon intuition, les gars qui se dénudent ainsi en public, pour se soumettre au fouet, expriment le besoin d'un rite d'initiation ou de passage à une autre étape de leur vie. Consciemment ou pas, ils manifestent la nécessité d'être intégrés dans un groupe, puis acceptés par la société. S'ils ont été rejetés par leur famille, les camarades d'école ou la communauté religieuse, ils cherchent à entrer dans une confrérie par un rituel qui marque leur intégration. Une tribu de Nouvelle-Guinée soumettait les adolescents à un rite pour les faire grandir, les viriliser et les initier aux secrets des mâles. Ils devaient avaler régulièrement le sperme des adultes, dans la case des hommes... Plusieurs sociétés africaines contraignaient leurs jeunes gars à supporter la circoncision à vif, sans broncher. Les coutumes extrêmes ont disparu dans notre société, ou sont de nature mentale; à part l'enrôlement dans l'armée pour partir à la guerre. La sortie du placard (coming out) peut être un passage difficile et très solitaire.
André
10 commentaires:
Pour tout dire, j'aimerais bien assister à ces exhibs en public...
toutes les pratiques ne m'attirent pas.
Salut très cher Xersex
qui fait le tour des blogues gays. Tu es un homme très intelligent et j'apprécierais qu'au lieu de nous informer que tu aimes les poils, ou pas, tu entres en discussion sur le sujet abordé, que tu l'enrichisses par une participation qui permettrait de débattre entre mecs gays et de recevoir ton éclairage italien.
Cette demande s'adresse aussi à d'autres commentateurs. Pourquoi, nous les mâles, éprouvons tant de difficulté à nous exprimer ?
cela arrive parce qu'on écrit et qu'on ne peut pas parler. En parlant, tout serait plus simple. c'est la limite du médium, cher André!
Le covid19 s'ajoute aux IST. Je n'ai pas envie dans l'immédiat d'aller dans une grande manifestation ou dans une backroom.
Je me demande toujours qu'elle est la part de comédie, de déguisement, de jeux dans ces démonstrations mais aussi de souffrance qui amène á se degrader. Je comprends cela car j'aime á me deguiser par contre, je suis douillet je préfère les caresses. J'ai le cuir mince et délicat....
Je suis tout à fait d'accord avec Unnu : je suis un amant passionné et affectueux à la fois. J'aime les baisers et les caresses et le contact physique. Je n'aime pas les jeux de soumission, même volontaires. Je me demande s'ils ne répètent pas les fantômes de l'enfance, quand on était soumis à l'autorité paternelle.
J’adorerais y assister.
J'aime ces photos, j'ai envie d'en être, d'être désapé en public, mains attachées dans le dos, fouetté, montré nu. Y a un côté, oui, regardez je suis un homme, un vrai, je tiens debout à la douleur, je suis à poils devant vous et je suis fier de mes poils, mes couilles, ma bite, fier d'être à poils, un homme nu et un animal poilu, les deux, homanimal !
j'ai vécun un peu cela mais pas dans une rue devant un vrai public. j'aimerai ...
Oui André je snes aussi ce besoin d'être accepté dans le groupe des mâles, prouver que j'en suis un et ... au final y a que moi qui pourra m'accepter dans le groupe des mâles. Si je me reconnais pas homme moi même qui le fera ? Et j'ai peut être besoin de ce passage !
Oui, je sens aussi du jeu, du jeu d'amour car quand je cherche cette occasion d'être désapé en public, montré, fouetté, je cherche un homme qui a l'attention intense de m'accompagner à cet endroit de vulnérabilité, de justesse, d'initiation avec toute la sécurité et aussi toute l'intensité nécessaire; des traces de fouets ne font pas mourrir et lors d'une expérience où j'ai été fouetté avec des orties, franchement, torse, fesses, cuisses, bite et couilles je n'ai eu aucune trace ...
Et oui, c'est important pour moi de sortir cela de mon strict enclos privé, de ce qui pourrait constituer les parois d'un enfermement et de le partager, partager cette énergie particulière avec ceux et celles qui peuvent l'accueillir. Ca contribue à me sortir de la honte et être fier, être vivant.
Merci de m'accueillir.
Alain
Alain !
Merci de ta franchise, merci d'avoir compris pourquoi j'ai ajouté le paragraphe en couleur. En te mettant à poil, tu as appelé l'initiation dont tu avais besoin pour franchir ce passage essentiel et décisif de l'adolescent au mâle adulte. En Occident, la plupart des mecs ne s'y sont pas pliés parce que personne n'en avait parlé dans leur entourage ou qu'ils n'avaient ni l'intuition, ni la curiosité, ni le courage de chercher et trouver ce qui leur manquait. Pourtant les récits d'initiation abondent chez les peuples premiers des deux Amériques, en Afrique, en Australie, en Asie et ils nous parlent beaucoup à nous les gays, comme tu nous l'expliques...
Enregistrer un commentaire