Ces lieux bénis où gays et flics ont fait plus ample connaissance
Le temps de lâcher un fil, ce bref répit, on devrait le mettre à profit pour décompresser plutôt que de consulter le portable. Vous tenez l'organe dans la main gauche et posez la droite sur votre coeur. Vous vous concentrez sur la sensation du flux dans votre pipeau et élargissez paisiblement cette perception à votre bassin, à vos cuisses, ou plus largement encore. Cette présence à votre chair vous ramène à votre nature profonde, rattachant la verge au corps. À un autre moment, cet exercice de communion peut être prolongé en dirigeant votre pensée vers la sensualité. Car votre bite n'est pas qu'un organe voué à la miction, à la lascivité et à l'éventuelle copulation. Elle prend part (peut-être à votre insu) à vos choix amoureux et amicaux, en même temps que le coeur et les tripes.
Ce souvenir remonte à plus de 70 ans. Mon petit frère et moi observions un ouvrier occupé à creuser une tranchée. Alors que l'enfant se grattait l'entrejambe, le gars l'a tancé disant: "Gamin ! si tu continues à frotter ta quéquette, elle tombera !" À l'époque, l'éducation des enfants se faisait à coup d'interdits. Les garçons grandissaient entourés de menaces concernant leur petit zob. La masturbation rendait débile ou aveugle; la religion interdisait les relations sexuelles avant le mariage; et toutes sortes de sujets n'étaient jamais abordés afin de ne pas éveiller la curiosité des enfants. Quant à l'homosexualité, elle était une abomination, ce qui laissait imaginer qu'on était le seul "pédé" au monde. Et voué à l'enfer...
Oui, ce membre qui s'allonge tout à coup comme un animal curieux de
regarder par la fenêtre. Et, pire encore, se met à juter: est-ce une
maladie ? Le robinet qui servait à évacuer l'urine développe peu à peu
une autre vie. Il devient biroute qui déroute son propriétaire en le
mettant mal à l'aise en public.
Dans ma jeunesse, seuls des pères "mal élevés" mettaient leurs fils au
courant de cette progressive évolution sexuelle. Et cela en des termes
"grossiers", ceux que les hommes utilisent couramment aujourd'hui. Le
manque d'accompagnement paternel et de partage des secrets de la
virilité explique -- partiellement -- pourquoi tant d'hommes mènent,
aujourd'hui encore, une vie si maladroite.
Selon la tradition, on peut se passer d'un médecin pour établir un premier diagnostic. Pissez contre l'écorce d'un arbre, mais pas dans l'urinoir ! Si votre urine attire des fourmis, vous souffrez peut-être d'un diabète. Si elle sent la viande, c'est un problème de cholestérol. Si vous avez oublié d'ouvrir la braguette, l'affection neurologique d'alzheimer pointe à l'horizon. Si vous avez pissé à côté, c'est plutôt le parkinson. Si vous avez mouillé vos chaussures, aïe la prostate ! Si vous ne sentez aucune odeur, c'est la preuve que vous avez souffert du covid 19 et non d'une grippe. Et ainsi de suite...
J'aime la ville de Hambourg. J'avais 17 ans la première fois
que je l'ai traversée. Un camarade qui y est né m'a prêté un bouquin intitulé Hamburg auf anderen Wegen
qui passe en revue la
vie des communautés gays depuis la République de Weimar jusqu'au début
des années 2000. Voici, en résumé, "l'affaire des miroirs". Durant des
années une rumeur a couru que la police hambourgeoise avait installé des
miroirs-fenêtres dans les pissotières publiques que beaucoup
d'homosexuels fréquentaient. Un film anti-regards était collé derrière
le miroir couvrant une ouverture dans le mur. Il empêchait les gars de voir ce
qui se passait à l'extérieur, alors que les flics pouvaient observer leurs
ébats depuis une cabine extérieure. Huit miroirs ont été
installés dans des pissoirs de 1964 à 1974. Ils permettaient d'aller arrêter des gars à
coup sûr sans qu'ils se rendent compte qu'on les avait espionnés.
Le scandale a éclaté lorsque des militants ont tenté de casser l'un de
ces miroirs à coups de marteau. La police les a
arrêtés. Les gays ont avisé la presse et cassé un autre miroir en
présence de journalistes. Les quotidiens en ont fait de beaux titres comme
"Le peepshow des flics". L'affaire est allée jusqu'aux instances
politiques et a permis de faire avancer la cause de ceux qui
deviendraient plus tard les LGBTQ.
Le bon vieux temps du covid...
Pourquoi les homosexuels se rencontraient-ils et passaient-ils à
l'action dans des lieux aussi exposés que les pissoirs et les parcs
publiques la nuit ? Parce qu'ils n'avaient pas d'autres enddroits où se réunir. Les parents n'auraient pas accepté la visite d'un petit copain.
Les bars spécialisés étaient rares et leur fréquentation dangereuse. Des
voyous vous cassaient la gueule et vous dévalisaient à la sortie. C'est
pourquoi nous autres militants avons créé des groupes qui se
réunissaient régulièrement en lieu sûr. C'est ainsi que les sorties du placard et la révolution
des gays ont commencé.
André
Ayons une pensée et recueillons-nous un instant en considérant l'épreuve qui s'est abattue sur les soldats des deux camps de la guerre -- des cousins, presque des frères par leurs origines -- ceux qui protègent leur pays et ceux qui ont été envoyés au combat sur des prétextes mensongers. La vidéo de Rammstein, publiée jeudi 10 mars dernier, peut nous entraîner dans une méditation de miséricorde et de compassion.
1 commentaire:
un outil de diagnostic très intéressant.
Enregistrer un commentaire