lundi 25 décembre 2023

Mes pélerinages et la camaraderie à travers le monde: saunas, hammams





Actuellement, j'ai le temps de me remémorer les étapes de ma vie traversée par de multiples "synchronicités" (le hasard qui fait bien les choses). Sans l'avoir projeté, j'ai parcouru les continents à grande vitesse, surtout pour remplir des tâches professionnelles que je n'avais pas imaginées. À l'âge de 15 ans, en 1951, mes parents m'ont envoyé en Allemagne en échange linguistique durant les vacances. Dans ce village, il y avait un internat de garçons qui m'a plu et mes parents m'y ont inscrit. En classe et au dortoir, nous étions une vingtaine d'ados, moi seul étranger. Une douche chaude par semaine... Mes camarades avaient traversé les épreuves de la guerre. J'avais mangé à ma faim et et mon zizi était le seul entouré de poils naissants.



Laurence Olivier, Tony Curtis dans Spartacus.

J'avais 20 ans, la famille campait au bord de la Méditerranée. Je me suis rendu à l'île naturiste du Levant. Le soir, alors que je me promenais dans la forêt, un gars plus âgé s'est arrêté pour me demander si... Non, pas encore. Il y a renoncé parce que, disait-il, la vie d'un homo était si scabreuse qu'il valait mieux ne pas commencer... Oui, notre situation a changé dans les pays évolués depuis 1956 ! J'ai commencé à fréquenter des saunas alors que j'étudiais à la Fac de Genève, puis à la Sorbonne (Paris). Le soir on y rencontrait des gars, mais il n'était pas question de consommer sur place.






Cette liberté est arrivée plus tard. En 1966, pour mes 30 ans, je me suis rendu en pèlerinage à Amsterdam, le Saint-Jacques de Compostelle des pédés du monde entier. De quoi se dévergonder sans crainte de jugement. Dans les boîtes, on dansait encore en couples. Et si je n'avais pas rencontré de compagnon avec qui passer la fin de la nuit, j'en trouvais un en l'informant que l'auberge où je logeais était voisine du dancing. On louait obligatoirement une chambre avec petit-déj pour deux. Là, j'ai observé le réveil d'un danseur de music hall; d'un étudiant américain faisant le tour du monde; d'un ex-agent de la CIA dont la couverture était d'enseigner l'anglais à l'Université américaine de Beyrouth; d'un compositeur de comédie musicale; d'un technicien de Philips; d'un journaliste de la Radio catholique des Pays-Bas; d'un acteur belge de boulevard.


En rentrant à la maison familiale, j'avais l'air tellement serein qu'on m'en a félicité. Comme quoi, le péché dont nous reprochaient les bondieusards ne laissait pas de trace... Toujours en 1966, je me suis joint à un groupe français d'enseignant/e/s qui se rendaient en train de Paris à Hong-Kong et retour. Nous n'étions que deux à nous inscrire sans partenaire. Étapes avec arrêts de quelques jours à Berlin-Est, Moscou, puis Irkoutsk au bord du Lac Baïkal. C'est là, dans la chambre que nous partagions, que l'autre célibataire s'est arrêté sur le bord de la porte de la salle de bain pour se frotter à moi. Le destin nous avait rapprochés !






À Hong-Kong, en me promenant le soir, je me suis arrêté devant un établissement de bain. On m'a amené à une petite cabine. Expliqué par gestes de me déshabiller. Quelqu'un a emporté mes vêtements, un autre m'a emmené vers une douche où m'attendait un beau jeune homme nu. Il m'a savonné de la tête aux pieds, puis s'est assis et m'a étendu sur ses cuisses écartées pour me sécher avant de me ramener à la cabine. Là j'ai été massé par un spécialiste de la médecine chinoise qui a terminé en marchant sur mon dos. J'ai craint de devoir rentrer en Suisse sur un brancard... Je me suis endormi. Ils m'ont réveillé avec un café et mes vêtements lavés-repassés...




Au retour, nous avons fait escale à Pékin. C'était le 19 ou 20 août 1966. Le président Mao Zedong venait de lancer sa Révolution culturelle prolétarienne. La ville était devenue un foutoir où des gamins, les Gardes Rouges, remettaient en cause tous les principes communistes. Dans notre groupe d'Européens, il y avait un journaliste -- moi -- qui en a profité pour aller photographier les exactions commises dans les rues, les maisons, voire des lieux touristiques récemment rénovés. Une fois de plus, un coup de chance imprévisible m'a permis de vendre mes photos dans le monde entier et quelques articles dans la presse suisse. Oui, la synchronicité...



La suite de ces voyages et des synchronicités au prochain numéro. André.















dimanche 10 décembre 2023

"Dieu vient vers toi" dit le séminariste en éjaculant sur la fillette





Je ne suis ni grenouille de bénitier, ni bouffeur de curés [car végétarien]. Élevé dans une famille protestante fondamentaliste, j'ai découvert très jeune -- en ouvrant les yeux pendant les prières -- combien ceux qui m'enseignaient la "parole de Dieu" surfaient -- délibérément ou non -- dans la fiction. Peu d'entre eux donnaient l'impression d'être bienheureux en présence de ce Seigneur dont ils prononçaient les louanges. Dès lors si je considère le comportement de la prêtrise catholique à travers le monde, avec mon expérience de gay à qui on ne la fait pas, je peux imaginer combien les victimes sexuelles du clergé ont souffert à la fois des violences endurées et du silence que suscitait leur honte erronée.


Mettez-vous à la place d'un séminariste qui doit demeurer chaste pour avoir le droit de diriger la vie de ses paroissiens ! La prêtraille qui y contraint le jeune homme est détraquée; d'autant plus si elle-même n'a pas respecté ce tabou... À la fin de l'adolescence, nous les gars sommes turbinés par la libido et découvrons une énergie qui nous habite de la tête au cœur et jusqu'aux couilles en passant par peau et poils. En français le mot amour recouvre l'appétit sexuel en même temps que la tendresse et les autres attachements. Le respect de notre propre corps, l'analyse de nos qualités et nos défauts sont primordiaux pour rencontrer notre prochain/e sans jugements. Comment voulez-vous qu'un prédicateur exhorte ses ouailles à aimer Dieu s'il n'a jamais pu s'autoriser une passion envers un/e semblable !






Mardi 5 décembre, France 2 a diffusé Le prix d'une vie, enquête sur la pédophilie au sein de la Congrégation des Frères Saint-Gabriel. Leurs souffre-douleur étaient des fillettes et des garçons de moins de 10 ans enrôlés dans un internat dirigé par des religieux de 1940 à 1972. Sur 21 enseignants, on dénombre 9 abuseurs dénoncés par les victimes qui ont créé un collectif. "Aujourd'hui, j'ai toujours aussi mal," confie Gérard. "Je viens de parler pour la première fois de ce qui m'est arrivé. J'ai contribué à lever le voile sur ce triste passé." Jean-Pierre ému aux larmes en montrant une photo de lui enfant sur laquelle on lit tout son malheur [et les parents ne s'en ont pas rendu compte ?] déclare: "C'est une catastrophe de supporter des abus sexuels deux fois la semaine. J'ai cru que j'étais fou."


Des drag kings (ou queens), sans perruques ni hauts talons.

Une femme rapporte son dégoût. Le séminariste a commencé par introduire ses mains dans le dos de la fillette, puis devant jusqu'à l'entrejambe en commentant: "Dieu vient vers toi !" Puis il a fallu qu'elle le masturbe. Ensuite il a enfoncé sa bite dans le sexe de l'enfant qui le suppliait d'arrêter et a fini par éjaculer et l'obliger à avaler, en commentant: "Tu viens vers Dieu !" Il sentait mauvais et cette odeur a longtemps tourmenté la petite. Le documentaire rapporte aussi les nombreuses démarches de ces retraités pour obtenir justice et un geste de réparation. Beaucoup ont traversé des périodes de dépression, d'amnésie, de honte solitaire, de consommation de drogues et de tentatives de suicide.







Dans chaque église catholique un cadavre décharné, presque nu et cloué sur une croix domine le décor. Pourtant, les évangiles rapportent que le corps du Ressuscité se trouvait dans un état glorieux. À ses disciples qui se demandaient s'ils avaient affaire à un esprit Jésus déclare : "Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et qu'en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations [...] De cela vous êtes témoins. [Et moi,] je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Demeurez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en-haut." Levant les mains, il les bénit et fut emporté au ciel. Apparemment, le Saint-siège du Vatican n'est pas encore entré dans l'ère chrétienne.




En Suisse, une étude de l'Université de Zurich a dénombré plus de 1000 cas d'abus sexuels depuis le milieu du XXe siècle. Ce décompte ne fait que commencer. Rien qu'à l'abbaye de Saint-Maurice, en Valais, célèbre pour la qualité de son enseignement à des élèves laïques de bonnes familles, plus d'une dizaine de chanoines seraient impliqués à cause de punitions sadiques et vicieuses ainsi que d'abus sexuels. Après ce déballage, pour remplacer l'abbé directeur, lui-même soupçonné, les responsables en ont nommé un autre, lui aussi accusé de comportements déviants... La puissance religieuse qui faisait taire les victimes et déplaçait les coupables, afin de continuer à diriger la vie des paroissiens et à collecter leurs offrandes va-elle évoluer ou périr ?

André





P.S. -- 80 hommes soupçonnés de pédocriminalité ont été interpellés la semaine dernière en France, dans un vaste coup de filet. Parmi les mis en cause, âgés d'une trentaine à plus d'une soixantaine d'années, cela va de l'élu local au chômeur, en passant par l'ingénieur. Plus de 100'000 vidéos et photos pédocriminelles ont été retrouvées lors des perquisitions. Les images étaient stockées dans des ordinateurs, disques durs ou autres supports numériques. Certains contenus étaient extrêmement violents, présentant des actes sexuels commis sur des nourrissons, ou des enfants abusés sexuellement avec des animaux.














dimanche 26 novembre 2023

Les vacances ? Oui ça vide la tête, mais surtout le porte-monnaie





"Je pensais que les vacances me videraient la tête. Mais non, les vacances, ça ne vide qu'une chose: le porte-monnaie" a écrit Jean-Philippe Blondel. Le romancier américain Robert Orben, mort cette année à l'âge de 96 ans, disait qu'être en vacances "c'est n'avoir rien à faire et toute la journée pour le faire". Le poète, écrivain et chanteur Julos Beaucarne allait plus loin: "Ton Christ est juif, ta pizza est italienne, ton café est brésilien, ta voiture est japonaise, ton écriture est latine, tes vacances sont turques, tes chiffres sont arabes et... tu reproches à ton voisin d'être étranger !"










La vacance est un poste inoccupé, mot issu du participe vacans du verbe latin vacare. Au pluriel, les vacances signifient que l'on dispose de temps libre. Au Moyen Âge il s'agissait de la période des moissons durant laquelle les élèves allaient prêter main-forte aux agriculteurs. Au 19e siècle les vacances font partie des privilèges des classes supérieures qui se rendent à la campagne dans leur résidence secondaire. Les Britanniques qui, à une époque, jouissaient de l'économie la plus florissante ont inventé les vacances à l'étranger, transformant des petits ports en stations balnéaires. C'est à la fin de la deuxième guerre mondiale que les vacances sont devenues des congés payés encourageant au tourisme.




 Le 17 mai 1990, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) annonçait enfin sa résolution de retirer l'homosexualité de la liste des maladies mentales. Cette décision a marqué une étape considérable dans la reconnaissance de la liberté de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre. Mais elle n'est pas reconnue partout. Actuellement, elle subit même des retours en arrière, des dégradations successives. Par exemple dans des États d'Amérique du Nord. Nous les LGBTQ+ sommes des privilégiés, du moins dans les pays où ne sommes plus persécutés. Et ceux qui en ont les moyens financiers peuvent s'offrir des vacances à travers le monde. Accueillis dans des hôtels complaisants, des croisières exclusives et d'autres lieux, comme des plages nudistes, en plus de tous ceux qui sont ouverts à un public plus large.

















Dans une boîte, je rapporte
Un peu de l'air de mes vacances
Que j'ai enfermé par prudence.
Je l'ouvre ! Respirez à fond !
Le parfum puissant des écorces,
Les arômes de la forêt...
Mais couvrez-vous bien, je vous prie,
Car la boîte est presque finie :
C'est que le fond de l'air est frais...

De Jacques Charpentreau