Je
vais poursuivre le récit de ma jeunesse après une brève digression.
Mardi dernier, la France a découvert le successeur d’Élisabeth Borne au
poste de premier ministre: Gabriel Attal, 32 ans, membre de la
communauté LGBTQIA+. Cette nomination révèle-t-elle l'évolution de
l'opinion depuis l’adoption du mariage
pour tous en 2013 ? Les études et la carrière politique du nouvel élu sont un pur produit de l'élitisme français. Néanmoins, dans
un langage digne des lieux communs de son président maquignon, il a
déclaré qu'il allait réunir les "forces vives du pays". Les attaques xénophobes qu'il a subies l'ont durcit dès l'école. Son père l'avait prévenu: "Tu as beau ne pas être juif, tu te sentiras toute ta vie solidaire des juifs car tu subiras
comme eux l’antisémitisme du fait de ton nom." Ce qui n’a pas manqué. "Mais
je ne m'en plaindrai jamais, précise Attal."
Après
ma traversée de la Chine en train, c'est en bus Greyhound que j'ai fait
le tour des États-Unis en 1967. Le prix: 99 dollars pour 99 jours de
libre parcours. Tu montes à bord quand tu veux, jour et nuit, tu sors
dès que l'environnement te plaît. En plus, tu économises des nuits
d'hôtel. À ce sujet, parlons de YMCA, connue pour ses installations sportives, ses camps d'été et auberges à bas prix. Le nom de Young Men's
Christian Association signifie Association chrétienne de jeunes hommes. YMCA, la célèbre chanson des Village People joue sur un sous-entendu compris par les gays: "They have everything for young men to enjoy, you can hang out with all the boys" (Ils ont tout ce qui plaît aux jeunes hommes, vous pouvez passer du temps avec tous les gars). Cruisin', le titre de l'album peut se traduire par draguer ou participer à une croisière...
À cette époque, j'ai logé dans plusieurs auberges dévolues à la jeunesse
chrétienne, aux États-Unis, au Canada et en Angleterre. Chacune avait
développé une astuce pour empêcher la drague publique. A Londres par
exemple, dans la salle de douche à côté de la piscine, on ne pouvait pas
rester longtemps à observer les autres gars en faisant semblant de se
savonner car la température de l'eau était bloquée à très chaud.
Souvenir de sauna à New-York. Les États-Unis étaient en train d'évoluer,
tant en
ce qui concernait la guerre qu'ils menaient au Vietnam que leur
hostilité flagrante vis-à-vis des minorités raciales et sexuelles.
Un établissement en sous-sol. Après minuit, sur
un podium entouré de chaises pliantes: un piano. Les spectateurs sont
vêtus de serviettes de bain identiques et rien d'autre. Ils
applaudissent une jeune chanteuse. L'une des artistes de la comédie
musicale Jacques Brel is Alive and Well and Living in Paris qui
remporte un grand succès aux USA. Elle interprète différents morceaux du
spectacle. Et ne peut plus retenir ses larmes: elle ne s'attendait pas à
un accueil aussi cordial de la part d'un tel auditoire. Les
applaudissements se font encore plus chaleureux. Elle chante alors Ne me quitte pas dans sa version anglaise, puis La valse à mille temps...
C'était peu après 1968. Lors de mon escale à San Francisco -- qui
n'était de loin pas encore envahie par l'IA (l'imbécilité asphyxiante) -- j'ai
découvert l'amitié fraternelle des premiers groupes gays.
André