samedi 12 septembre 2009

A la frontière entre deux pays


C
es trois derniers jours, j'ai suivi un pote en marchant le long d'une rivière à la frontière entre deux pays. Appelons-le Charles; il est vaillant, proche des 80 ans; je le vois deux à trois fois par an. Sur des sentiers escarpés et caillouteux; ou dans une exposition d'art où son oeil affûté, sa vision souvent opposée à la mienne font merveille.


J'admire Charles pour sa capacité à rebondir et faire évoluer sa carrière. Il a commencé dans l'entreprise familiale, puis s'en est détaché pour devenir indépendant. Après
un échec, il a travaillé d'arrache-pied dans une autre profession pour retrouver son assiette financière. Jusqu'à ce qu'il trouve l'emploi idéal qui lui a permis de déployer ses ailes dans une structure qui lui assurait indépendance, contact avec beaucoup de personnes en même temps que sécurité. En gérant bien ses affaires et ses investissements, Charles a acquis le confort matériel.

Fils d'un père travailleur, dépressif et pilier de bistrot, Charles s'est fait lui-même, avec le soutien des femmes. Son éducation sexuelle, comme le reste. Après avoir été le chéri de ces dames, Charles s'est rangé, a été fidèle à son épouse malgré les occasions... Puis est venu le temps de la disette au plumard. Il avait le choix: retrouver des aventures féminines avec talent et goût, ou explorer l'autre filon que lui offrait son tempérament. Ce qu'il a fait en rencontrant des hommes, jeunes ou moins jeunes. Il a choisi non pas la facilité, mais la simplicité. Une mec attiré par un autre mec, pas besoin de le régaler au restaurant, de l'accompagner au cinoche, de lui offrir des bouquets et que sais-je encore, pour le convaincre. On se plaît, on le fait. Quitte à se parler après. Pour les uns, c'est fugace; avec d'autres c'est durable et affectueux. Et puis, l'épouse ne ressent pas l'inquiétude qu'éveillerait l'existence d'une rivale, une maîtresse cherchant à grignoter du conjugal...

Ce qui m'énerve dans le cas de Charles et d'autres hommes qui ont choisi de vivre leur bisexualité ou ont carrément viré leur cuti autour de la cinquantaine (ils sont nombreux et discrets), c'est que cela ne leur a causé aucun tourment d'identité sexuelle. Les petits gars qui sortent du placard à la fin de l'adolescence, ils en bavent à sonder leur âme, envisager l'avenir et affronter l'entourage! Les cinquantenaires, pas du tout. En plus, ils savourent le meilleur de deux mondes... C'est vache!

Ulysse

1 commentaire:

Francis a dit…

Moi aussi j'ai cheminé sur les sentiers escarpés qui conduisent d'un pays à l'autre, de la tendresse conjugale à la tendresse bourrue. Merci de parler de nous.