samedi 30 octobre 2010

Sortir du placard: le plus nu possible

Sortir du placard, c'est informer son entourage: "Voilà quelle est mon orientation sexuelle, lorsque je tombe amoureux, c'est d'un homme". Ou bien: "Je puis être amoureux d'une femme comme d'un homme; c'est la personne qui compte, pas ses attributs sexuels". Sortir du placard c'est informer; le terme avouer est à bannir. Aimer un être humain n'est pas un crime. Se déclarer gay est presque facile pour les uns, du moment qu'ils sont certains de leur préférence, sachant que leur entourage les soutiendra. D'autres le vivent douloureusement; leur processus est long, demande beaucoup de courage. Il existe de bonnes raisons d'attendre; et de bonnes raisons de le faire dès qu'on est prêt.

Hors du placard, on n'a plus besoin de fausses excuses, de demi-mensonges, de cachotteries. Ouf! La possibilité de découvrir qui on est réellement, d'aimer sans se cacher. Ou de se cacher joyeusement, car l'amour a besoin de secrets  dans un premier temps, comme il a aussi besoin de se faire reconnaître ensuite... Klaus Wowereit, l'actuel maire-gouverneur de la capitale fédérale allemande, a fait un coming out à répétition. D'abord auprès de son entourage proche -- famille, amis, collègues de parti, camarades de sport. Puis, lors de sa campagne pour les élections municipales de Berlin, Wowereit a déclaré publiquement: "Ich bin schwul, und das ist auch gut so" -- "Je suis homo et c'est aussi bien comme ça". Point final. Il coupait l'herbe sous les pieds de ses adversaires politiques. Il est en couple avec un neurochirurgien.

Le chanteur Ricky Martin, la bomba latina, a longtemps vécu dans la dénégation. Depuis qu'il a mis ses vraies cartes sur la table, les médias ne lui posent plus de questions dérangeantes. Il se dit débarassé d'un grand poids, beaucoup plus inspiré, il a libéré sa créativité et étendu son registre d'interprétation. On vérifiera lorsque paraîtra son prochain album... Dès que vous sortez du placard, une partie des gens qui vous traitaient de tantouze ou vous jetaient "occupe-toi de tes fesses" pour clore un argument, sont réduits au silence. Va-donc,p.d. n'est plus une insulte, c'est vrai! Le plaisir que procure l'injure grossière, c'est de hurler Enculé! à un automobiliste visiblement constipé...

Cela n'empêche: d'autres énergumènes, surtout dans le préau de l'école, continueront à vous harceler. Il faut tenir bon. Un jour, cela cessera parce qu'ils verront que vous êtes une personne au caractère bien mieux trempé que le leur. Il faut tenir bon et chercher du soutien. Cela demande du courage et de la persévérance. Vous en avez beaucoup plus que vous ne l'imaginez peut-être. Cela s'appelle l'instinct de vie... Et puis, pourquoi faut-il sortir du placard le plus nu possible? Certains programment leur coming out en plusieurs étapes. Par exemple, ils enlèvent seulement la chemise et déclarent: je suis bisexuel. Si c'est faux, ils ne font que déplacer le problème; un mensonge de plus dont il devront s'expliquer un jour.

André

4 commentaires:

Loumi a dit…

Ma sortie du placard à 19 ans a été pris par une partie de mes soi-disants amis et amies et des gens de ma famille, surtout les mecs, comme une provoc. Je n'ai plus entendu parlé d'eux. C'était humiliant au début, je m'y suis fait et je sais maintenant sur qui je peux compter. Un cousin a été condamné pas le tribunal pour un délit minime, il a aussi été abandonné par certain, à peu près les mêmes. C'est dire...

Victor a dit…

C'est étrange, quand je regarde ma situation, je trouve que d'un côté j'ai beaucoup de chance, de l'autre beaucoup moins. Aussi loin que je puis m'en souvenir, j'ai toujours eu conscience d'aimer les hommes, sans pour autant mettre un mot ou une réalité sur cette sensation avant un certain âge. Quand cet âge est arrivé, et que j'ai pu comprendre que j'étais homosexuel, et que c'était relativement mal vu autour de moi, je n'en ai pas souffert intérieurement ; je n'ai pas eu droit à cette phase qui m'a l'air terrible de remise en question, "Mon dieu, mais que cloche-t-il chez moi, suis-je malade ? etc." et toute la déprime que ça peut apporter. Donc, j'ai de la chance, de ce point de vue, je me suis tout de suite très bien accepté.

En revanche, même si ma soeur et mes plus proches amis savent, ce n'est pas le cas du reste de ma famille. Bien sûr, j'aimerais le leur dire, mais je suis, il faut le dire, dans une situation assez particulière, qui demanderait des pages d'explication pour être bien comprise (comme toute histoire de famille), mais que je résumerai donc en quelques mots : ma mère, qui était d'une certaine manière stérile, ne pouvait avoir d'enfant par voie naturelle. Le désir d'enfant était pour elle (et je semble en avoir hérité, malgré mon jeune âge) absolument déchirant et vital, si bien qu'elle a adopté ma soeur, et que je suis issu d'une fécondation in vitro. C'est pour elle la grande victoire de sa vie : elle ne pouvait avoir d'enfants et pourtant, en se battant, elle en a eut deux. L'autre soucis dans ma situation, c'est que ma soeur est aussi homosexuelle (pas de chance), et que son coming-out il y a quelques années s'est mal passé... et même si, aujourd'hui, ma soeur et ma mère s'entendent à merveille, ma soeur se sens encore obligée de cacher ses relations. Et, au fond d'elle-même, ma mère ne peut accepter sa sexualité "non naturelle". De ce fait, je suis "son dernier espoir" d'avoir des petits enfants (parce que, bien sûr, elle a du mal à concevoir qu'un couple de même sexe puisse avoir des enfants), désir qui est bien entendu aussi fort que lorsqu'elle cherchait à tomber enceinte. Apprendre que je suis homosexuel aussi serait pour elle véritablement terrible, elle aurait le sentiment d'avoir échoué dans notre éducation, ce genre de choses...

Pour résumer, voilà ma situation. Même si elle m'embête tous les jours, je la trouve intéressante à partager.

Anonyme a dit…

bonjour j ai 63ans 38ans de mariage -je suis bi depuis 50ans il y a que ma femme qui le ces et ce n et pas facile a vive avec l entourage

Anonyme a dit…

bonjour
je me prénomme alain , j'ai 60 ans et je suis depuis peu en train de parcourir ce blog !!
et mème si c'est tardif (pour ce billet ) je voudrais témoigner de mon coming-out .
j'ai été ignorant de toute sexualitée jusqu'a mes dix huit ans , j'allais voir des films pornos hétéros mais je ne regardais que les acteurs et je me demandais pourquoi seulement ceux ci m'excitais et si j'étais le seul dans mon cas !!!
j'ai ensuite commencer a avoir des relations sexuelles (uniquement avec des hommes plus vieux que moi )et c'est vers l'age de trente ans ( lors d'un breve periode de vie commune ) que j'ai informé ma mère de mes gouts sexuels , elle a pleuré au premiers abords et nous n'en avons plus jamais reparler , elle s'est chargée d'informer mon père ( j'ignore comment il a réagi ) mais il ne m'en a jamais parler et a toujours fait comme si il l'ignorais et n'a jamais changer de comportement a mon égard !!!
ma soeur aussi n'a jamais changer de comportement envers moi et nous n'en avons jamais reparler non plus ( c'était un fait admis et je suis conscient d'avoir eu une famille tolérante )
pour l'entourage des amis je n'en parle pas mais sans me cacher si le sujet vient dans la conversation et peut m'importe la reaction car si ils n'acceptent pas ce ne sont pas de vrai amis !!
pour l'entourage professionel j'estime que ne rien dire n'est pas mentir et que cela ne les regarde pas .
voila j'ai toujours vecu simplement ma sexualité sans me poser de questions ( j'ai eue 3 grande histoires d'amour , 2 sont décéder et le 3 eme m'a abandonner pour un autre mec au bout de 9 ans de liaisons )

j'ai par contre appris au deces de ma mère que son propre père (mon grand -père donc ) était lui aussi homosexuel et j'avoue que cela m'a beaucoup perturbé car il c'est donc servis de ma grand mère pour cacher sa vrai sexualité !!!
cela m'a beaucoup touché car ce sont eux qui m'on élever en grande partie !!

alain