dimanche 27 février 2011

Beefcake: la sexploitation des corps de mecs

Si vous n'avez jamais goûté de cheesecake, gâteau de fromage frais et gélatine sur fond de biscuit, vous connaissez pourtant l'autre sens de ce terme: photo de pin-up girl. L'équivalent au masculin est le beefcake. La recette est implicite dans les photos alentour.

Les deux genres sont apparus dès l'invention de la photographie il y a 170 ans. J'en parle souvent dans mes billets car chaque époque me fascine. Ici, nous sommes aux États-Unis, une centaine d'années plus tard. La couleur commence à s'imposer, avec les bleus intenses du Kodachrome et de l'Ektachrome, et les bronzages virant brique.

En Californie, à Chicago, à New York, des admirateurs de la plastique mâle se lancent dans l'industrie artisanale de la photo de nu ou presque nu. Ils vendent des fascicules noir/blanc et des tirages photo. Les jeunes musclors sont revêtus d'un cache-sexe mini. Sinon, on le peint sur la photo; ce qui laisse entendre aux amateurs prêts à y mettre les moyens qu'ils peuvent se procurer un "original".

Ce commerce vit de la vente par correspondance la plus discrète possible; et il emprunte les allures sportives du bodybuilding. Aux USA, toute pratique homosexuelle est interdite jusqu'en 1967 (elle a été dépénalisée en Suisse en 1942, en France en 1981). Et l'envoi de matériel "obscène" est dénoncé par la Poste américaine, réprimé par le FBI. Bob Mizer qui éditait la petite revue Athletic Model Guild -- avec des cache-sexes --, a pourtant passé six mois dans une ferme-prison de Californie en 1947. La Poste saisissait régulièrement les documents envoyés à l'Institute for Sex Research d'Alfred Kinsey. Une société "puritaine" ne conçoit pas qu'on "exploite" le corps masculin; alors qu'elle le pratique sans problème avec le féminin.

Pas besoin de cache-sexe.
Les gars qui posaient pour ces photos étaient recrutés dans les salles de culturisme et les bars. Beaucoup étaient soldats ou marins et arrondissaient leur pécule en acceptant des passes avec des homosexuels. Les photos créaient une demande. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui gay for pay, gay pour de le fric. Cette posture mérite un billet. Une autre fois.

André

2 commentaires:

Renaud a dit…

La photo du mec avec le mini-mini moule-burnes me donne des vapeurs. Les autres aussi.

Marc-Antoine a dit…

A travers les siècles, beaucoup d'artistes ont été obligés ou ont choisi de couvrir légèrement la nudité de leurs sujets, soit par une étoffe, soit par un objet qui masquait la vue. Au XVIe s., le pauvre Braghettone a dû peindre des cache-sexe sur les personnages du Jugement dernier de Michelangelo, c'est pour cela qu'il a passé dans l'Histoire et non pour sa propre peinture.
Selon mon goût de chasseur-dragueur, dans la vraie vie un cache-sexe est plus excitant que la nudité totale. C'est pourquoi le porno est un tue-l'amour. Je fais partie des hommes que la "chasse" bouleverse beaucoup plus lorsque la "proie" est rebelle. Je ne pourrais jamais payer un/e prostitué/e, non que je méprise ces personnes, mais ma virilité n'est pas dans l'argent dont je dispose. Et les mecs qui se disent trop pressés pour prendre le temps de séduire devraient se demander pourquoi le bon dieu les a équipés d'une installation aussi subtile et performante si c'est pour la remplacer par quelques thunes, sans séduction ni préliminaires.