lundi 11 mai 2009

Pourquoi cette honte de la nudité?




C'est un rêve courant: vous vous trouvez nu/e comme un ver au milieu de personnes habillées, exposé/e à leurs regards et ce sont des collègues de travail. Rêve qui ferait bander un exhibitionniste, mais plus vraisemblablement cauchemar... D'où vient cette honte? Selon le livre de la Genèse, le serpent qui a tenté Ève était nu, lui aussi. Et les yeux d'Ève et Adam se sont dessillés lorsqu'ils ont croqué le fruit de la connaissance: ils ont pris conscience de leur nudité... Le récit correspond aux observations actuelles: lorsqu'un jeune humain devient sexuellement intéressant dans son groupe, il perd sa candeur et acquiert ce qu'on appelle la pudeur. Ses parents l'y poussent. Pourquoi?

Nos lointains ancêtres vivaient au naturel, ou presque, et se vêtaient uniquement pour se protéger contre les éléments extérieurs. Puis est venue l'idée que le corps nu envoyait des signaux sexuels qui mettaient en péril la sta
bilité (ou la possessivité) au sein du couple. La honte/pudeur serait donc une émotion destinée à renforcer la monogamie. Émotion acquise dont on peut se délivrer en la dissociant de la sexualité. D'autant plus que le vêtement est souvent conçu pour attirer le regard plutôt que couvrir le corps.

"Je veux pouvoir décider quand mon corps est sexuel ou non", disent les femme
s en quête de liberté. Par exemple, pouvoir bronzer et nager torse nu, "comme vous les hommes". La nudité masculine totale revendique la même latitude. Notamment au sujet des érections qui se produisent inopinément et qu'on interprète trop souvent comme de la provocation. La petite tête ne pense pas qu'au viol; elle peut se redresser par curiosité, par lassitude ou ennui, au milieu d'une digestion, d'une sieste, d'une oraison, ou simplement parce qu'elle se sent bien et vérifie (c'est une manie) si elle est toujours en état de fonctionner.

Quel bonheur de vivre nu au soleil, de jardiner, de nager ou marcher et sentir les mouvements de l'eau, du vent sur le corps entier, libéré des ceintures, élastiques et moule-burnes! Et si les randonneurs ont été chassés des cimes appenzelloises, il leur reste heureusement beaucoup d'autres paradis, secrets ou ouverts, où se libérer des contraintes du textile et de la fausse pudeur.

Ulysse -- Photos: Wadi Mudjib (Vivre nu.com); Spencer Tunick réunit 600 personnes au glacier d'Aletsch (photo Kris Rotsaert); le monde à l'envers (www.blognaturiste.com/melchnate).

3 commentaires:

Martin a dit…

"Je veux décider quand mon corps est sexuel on non". Ce que vous décrivez ici n'est pas extraordinaire pour les hommes de ma génération (+50). Nous avons grandi à une époque où la nudité entre hommes ne faisait pas un pli à l'armée, dans les vestiaires (école, foot), dans les cabanes de montagne. Et si l'un d'entre nous avait le gourdin spontané, on en riait sans moquerie.
Chez nous à la campagne, on nageait nus dans les rivières et les étangs chaque fois qu'on en avait la possibilité, même parfois avec nos femmes ou copines (jeunes couples). Et on ne parlait ni d'homos ni de pédophiles, c'était pas la hantise comme aujourd'hui. Bien sûr, on mentionnait les "tapettes", mais elles amusaient et on n'en avait jamais rencontré.

Bobby Ray a dit…

Salut. Vous Suisses, si ils vous chasse des montagnes, demandez l'asile naturiste aux States. Nous avons beaucoup de groupes de randonnus et encore plus d'espace pour faire des excursions sans choquer les chrétiens. Il est vrai nous avons la réputation de puritain, mais pas tous. C'est si bon pour la santé mentale et la spiritualité aérer les régions dessous la ceinture. Mon slogan: "Faites la randonnue, pas la guerre."

Philippe, de Nyon, a dit…

Dans un monde équilibré, la nudité qui est naturelle à notre espèce aussi (nous naissons nus comme les animaux) devrait pouvoir se pratiquer au moins dans la moitié des lieux publics réservés aux loisirs. Le choix de s'y promener habillé, à moitié dévêtu ou nu serait laissé libre à chacun.

L'hostilité envers la nudité publique (on dit "les cul-nus") provient de l'éducation à la propreté. La zone de notre corps qui expulse les excrétions n'est pas méprisable. L'urine et la matière fécale ont leur utilité dans la fertilisation de notre planète. Simplement, il est plus hygiénique de les enfouir loin de soi, c'est ce qu'on devrait expliquer aux petits. Mais un sexe et un cul nus ne sont pas dégoutants en soi, malgré ce que pensent les gens qui se croient "pudiques". Au contraire, quels délices de tous ordres ils nous réservent!