mercredi 17 mars 2010

Saint Patrick, le patron (gay) des Irlandais


A
ujourd'hui, les Irlandais du monde entier fêtent leur patron saint Patrick et s'offrent la plus grosse
biture de l'année. S'ils connaissaient mieux la vie de celui qui a converti leur île au christianisme, ces gros brailleurs en resteraient le bec cloué. Mais... Longtemps maintenue dans la misère par la Grande-Bretagne dont elle était un dominion, et par l'Église romaine, l'Irlande préfère ses mythes à la réalité. L'homosexualité y a été décriminalisée en 1993, le divorce légalisé seulement en 1995, et les Irlandaises ont officiellement le droit de se rendre à l'étranger pour obtenir l'interruption de grossesse qu'on leur refuse au pays. Je n'insiste pas sur les abominables abus qu'ont subis tant d'enfants -- cela se savait. Et pourtant les adultes se taisaient. J'ai lu des reportages précis à ce sujet dans la presse britannique, il y a une trentaine d'années.

Il y a plus de 1500 ans, un jeune Breton de l'empire romain nommé Maewyn est enlevé par des pirates à l'âge de 16 ans. Il est vendu en esclavage à des Irlandais et réussit à s'enfuir six ans plus tard. Entre temps, il a rencontré Dieu et se rend dans un monastère des îles de Lérins (au large de Cannes) afin d'étudier la théologie. Les voyages forment la jeunesse. Comment la jeunesse se débrouille-t-elle pour payer la traversée de la Manche, puis ses études? Maewyn, devenu Patrick (au début des années 400), se serait occupé du confort sexuel des marins et se serait aussi prostitué sur terre ferme afin d'amasser un pécule. A l'époque romaine, rien de choquant qu'un esclave ou un affranchi vende ses charmes pour subsister. Ce genre de service faisait partie de sa condition.
Patrick prêchant aux rois, 19e siècle.
Derrière lui, son jeune compagnon?
Tirechán, un historien de la fin du VIIe siècle nous raconte la suite. Patrick s'installe courageusement en Irlande (où il avait été captif) et évangélise le pays selon l'appel divin qu'il a reçu. Un jour, le saint homme rend visite à l'un de ses convertis dont le fils lui plaît beaucoup. Selon Tirechán, il donne le nom de baptême de Benignus (Bénédict, comme qui vous savez) au jeune homme qui s'agenouille à ses pieds, ne veut plus dormir dans la couche de ses parents et pleure jusqu'à ce qu'ils lui permettent de partager la chambre de Patrick. Devenu son compagnon, Benignus suivit toute sa vie celui qui était devenu l'évêque d'Armagh. Et il lui succéda à ce poste après sa mort... L'Irlande celtique respectait les diverses orientations sexuelles; celle des premiers siècles chrétiens aussi.

Ulysse

1 commentaire:

Marcel a dit…

Avec tout ce qu'on lit actuellement, l'Eglise ferait bien de relire son histoire. Celle-la est honnête, les choses ne se font pas en cachette, il s'agit d'amour et de vocation, pas d'abus.