-- Les causes de l'obésité sont aussi d'ordre psychologique
Regardez son visage. Ce jeune homme aurait pu poser pour Albert Anker, peintre de la paysannerie bernoise qui fut commissaire de la section suisse à l'Exposition universelle de Paris en 1878. Regardez son ventre -- et rien d'autre. Est-ce que lui aussi deviendra obèse en prenant de l'âge?
On ne parle pas ici du petit oreiller rondelet qui vous vient à la soixantaine, doublé de fourrure, et sur lequel certains ont envie de poser leur tête lors d'une petite sieste câline. Non, il s'agit d'obésité irréversible, celle dont les causes se partagent entre l'hérédité, l'appartenance socio-économique, les habitudes alimentaires, la profession et la relation distante au sport. Une surcharge pondérale qui s'installe tôt dans la vie d'un mec et qui est d'autant plus difficile à éliminer qu'elle est aussi causée par des difficultés d'ordre psychologique non résolues.
Des problèmes imbriqués les uns dans les autres peuvent apparaître à l'adolescence: on se sent mal aimé, moche, abandonné du père qui est allé vivre ailleurs; ou bien, on a été maltraité d'une manière ou d'une autre; on se découvre gay dans un milieu scolaire ou familial hostile. Donc, on se construit une protection en devenant un gros, ce qui détourne l'attention; tandis que les sucreries apportent un peu de consolation. Plus tard, ce sera l'alcool et les copains complices: le clan des gros. Une personne obèse -- qui se sent rejetée par la société méprisante des y-qu'à sveltes choisit en général l'une de ces deux options: le repli total ou le refuge parmi les poids-lourds et ceux qui les admirent. Une personne obèse et gay qui ne fréquente que ses semblables, se trouve doublement marginalisée. Certains gros nounours organisent très bien leur vie sociale. D'autres connaissent une grande détresse et la solitude.
Ulysse