lundi 7 juin 2010

Un gars bourré de testostérone se regarde dans le miroir


D
ans un commentaire
concernant l'élection de Mister Cuir 2010 [note précédente], PasPC écrit: "Si même les associations Cuir deviennent politiquement correctes et attirent des handicapés et des trans, où est-ce qu'on pourra se retrouver entre vrais mecs hards, je vous le demande?" Derrière cette question, j'en entends une autre que se posent beaucoup d'hommes: Qu'est-ce qu'un vrai mec? Est-ce qu'un vrai mec serait menacé par la présence de personnes qui n'appartiendraient pas, selon lui, à cette sacro-sainte
catégorie? Comme la famille traditionnelle qui, selon Grégory Logean coprésident des jeunesses UDC valaisannes, serait mise en danger par la perspective du mariage homosexuel?

Je suis tombé sur un article dans The Good Men Project, nouveau magazine sur l'internet. Intitulé "Se raser comme un homme", il est rédigé par Tom Forrister, né femme, devenu homme et en train d'apprendre les gestes masculins. Extraits. "Ma femme m'a acheté un rasoir électrique. Après toutes ces années où j'ai rasé mes jambes féminines avec une Gillette Venus, je regarde cet objet de la technologie moderne avec admiration.[...] Je prépare ma peau avec un gel. C'est tellement plus naturel que d'appliquer le fond de teint et le mascara de ma vie précédente que je posais comme un masque pour essayer de jouer le jeu."

"Ma seconde puberté a commencé à l'âge de 23 ans. Celle que j'avais toujours désirée, à la place des hanches et des courbes, de la douceur de la peau et des émotions que provoquait le détestable cycle menstruel. Les saignements, je supportais. Mais les humeurs que les oestrogènes provoquaient m'envoyaient en enfer. [...] Quel soulagement la première fois que j'ai injecté de la testostérone dans ma jambe! Mon corps a réagi comme un poisson dans l'eau et ma voix est devenue plus profonde au bout de quelques mois, mes épaules déjà larges se sont encore épanouies, mon thorax aussi et ma mâchoire s'est transformée. En même temps que les attributs de la virilité s'installaient, je me suis senti libéré de l'anxiété qui me rongeait. La testostérone me rend plus calme, plus concentré. Je regarde le monde avec des yeux nouveaux; et le monde me voit finalement comme l'homme que j'ai toujours perçu en moi."

"Les rites de passage prévus par la société actuelle sont presque inexistants. Mais moi j'ai traversé des épreuves qui ressemblent à une vraie initiation: j'ai quitté la maison, je me suis débrouillé seul, j'ai révélé mon projet de changement de sexe et j'ai enduré des opérations douloureuses ainsi que d'autres épreuves. J'ai fait ma traversée du désert en solitaire, ressenti la douleur physique et la peur, et j'ai découvert en moi des ressources que je n'imaginais pas. J'ai connu deux mondes. Je discerne les ressemblances et les différences entre les sexes comme seul-e-s celles et ceux qui ont vécu ces changements le peuvent. J'espère avoir retenu une ou deux leçons qui m'aideront à être simplement humain."

Tom sourit en voyant son image dans le miroir; cela ne lui arrivait jamais avant sa transition.

Ulysse

2 commentaires:

Phil a dit…

On peut partir d'un miroir pour refléter une terrible et fondamentale expérience. Merci.

Sophie-Marie a dit…

Oui, cela m'aide à mieux les comprendre.