Paluchage: "ton compagnon comme toi-même"

Twin Chadow. Photo Rebecca Smeyne - Village Voice.

Dialogue avec Solo (2)

Dans le billet du 13 mars, Solo 89, 22 ans, et moi avons amorcé un dialogue sur le paluchage, lui par courriel, moi sur le blogue. Il racontait qu'il avait rencontré son ami l'an dernier et qu'il ne songerait jamais "à sortir avec un autre". Mais comme les deux gars ne se voient que deux ou trois fois par semaine, Solo continuait à se masturber "et c'est comme si je le trompais".

En réponse, j'affirmais que le paluchage "peut nous amener à des expériences tellement intenses qu'on voudra les partager avec d'autres. On en tire des connaissances indispensables pour les relations avec nos partenaires [...]. Cela peut même nous amener à des expériences spirituelles." Solo 89 a répondu: "Je sais que la masturbation est importante pour l'apprentissage de la sexualité. Mais j'ai toujours entendu dire que c'est avec un partenaire durable (dans mon cas j'espère que ce sera notre vie entière) qu'on peut envisager des choses extraordinaires. Cela m'embarrasse d'imaginer que je pourrais le faire tout seul. J'aurais l'impression d'écarter mon ami."

Des expériences spirituelles.

Tout à fait d'accord sur ce point, Solo! Sauf que tu vas probablement continuer à te palucher en l'absence de ton ami -- la pulsion est plus forte que les "bonnes" résolutions, c'est normal à ton âge (et, heureusement, encore au mien). Alors comment résoudre l'équation en toute bonne conscience, puisque le problème se pose à presque tous les êtres dotés d'une forte sexualité?

Primo (je ne sais pas si c'est ton cas): pour trop de femmes et d'hommes, aujourd'hui encore, après la montée du plaisir partagé entre main et sexe, l'orgasme est suivi d'un sentiment de honte et de regret ou remords. Pourquoi cette honte provoquée par un acte si vital, si naturel et bienfaisant qui nous permet de mieux nous connaître dans un domaine si mystérieux?

"Comme toi-même."

Secundo: je suis persuadé que pour arriver à une relation accomplie avec autrui, il me faut d'abord cultiver un excellent rapport avec moi-même. [Un Livre que beaucoup brandissent pour condamner les gays déclare textuellement: "Aime ton compagnon comme toi-même". Lévitique 19.18 et Matthieu 19.19, traduction d'André Chouraqui.] Dans le sujet qui nous concerne ici, il ne s'agit pas seulement de vidanger les burettes, mais de se donner un profond plaisir. C'est ce que l'on souhaite aussi à son "prochain".

Tertio: une possibilité de partage avec ton ami s'ouvre ici-même, Solo! Parler ouvertement entre vous de ce que signifie la masturbation pour chacun. Et, si cela vous convient, vous raconter mutuellement vos paluchages. En plus du rapprochement que cela pourrait créer, ce serait une manière d'entamer les préliminaires...

André