L'affiche de la Marche des fiertés (gay pride) qui se tiendra à Paris le 25 juin suscite la polémique. Marrante, conçue par des bénévoles, elle joue sur les stéréotypes. 1) La spécificité française ("Allons enfants de la
partie [le
cock, bite pour les Américains], le jour de
gloire [pride] est arrivé...). 2) L'animal représentatif des dirigeants (politiquement dans la merde jusqu'aux couilles, mais continuant à pousser des cocoricos dans la basse-cour européenne). 3) Le racisme de droite (coq blanc). 4) Les folles d'un côté et l'homophobie de l'autre (le boa autour du cou).
Un concentré franchouillard d'autodérision, mais pas très professionnel puisqu'il s'agit d'une affiche publique. Le coq représente surtout les mecs. Entre pédés, nous savons rire de tout, même de nous, comme les juifs. Mais les lesbiennes et les bis n'y sont pas vraiment représentés. Ni celles et ceux qui luttent contre l'intolérance et les agressions.
L'association Le Refuge (aide aux ados victimes d'homophobie) constate:
«Nos psychologues passent un temps infini à déconstruire ces clichés intériorisés par les jeunes qui refusent leur homosexualité et sont dans un déni d'eux-mêmes», alors il faudrait être plus
«vigilant quant à l'utilisation de stéréotypes réducteurs et contre-productifs».
Quelques bribes de commentaires glânés sur le site de
Libération.
Tchaito: "Les homo-bobo-branchouilles du Marais [...] sont les décideurs pour ce genre d'affiche, ils vivent dans leur petit microcosme parisien... [Ils] proposent une sorte d'image d'Epinal du gay [...] disant en substance: voilà quand vous êtes homo vous devez être une folle excentrique noctambule."
Blaha: "
Marche des fiertés! [...] Cette appellation est ridicule : fierté de quoi ? C'est quoi cette histoire de
communauté gay: ras le bol des clichés faciles, il n'y a pas de communauté, que des gens. Pourquoi pas la communauté des pieds plats [...]? Moi ce que je vois dans mon milieu (petit à moyen bourgeois) ce sont des hommes ou des femmes qui rasent les murs et n'osent même pas parler, même avec des amis de longue date, de leurs émotions ou autres, relatifs à leur homosexualité.[...] Ils n'iront pas à la Marche! Ils vivent avec leur
secret et qu'on ne les emmerde pas. Leur entourage amical est leur seule assurance."
Astares: "Vous n'y avez jamais participé, sinon vous auriez vu que 99,99% des participants sont tout ce qu'il y a de plus banal et quotidien. [...] La Gay Pride est [...] un carnaval contre la bêtise homophobe, une façon humoristique de revendiquer notre
fierté d'être ce que nous sommes face à l'intolérance homophobe et à l'hétéronormisme étroit de la société. [...Elle est] un événement essentiel de la culture populaire gay, elle rassemble tout le monde, de tous horizons [et] fait partie intrinsèque de l'histoire du mouvement LGBT, une part de notre patrimoine commun [...]. Que ceux qui sont gênés, y compris chez les LGBT, par leur côté provocateur, par les drags queens et les corps dénudés, se remettent en cause, car la libération de nos corps de l'hétéronormisme ambiant est un élément émancipateur essentiel; sinon on n'a plus qu'à retourner au placard. Si les GP dérangent c'est qu'elles sont nécessaires, voila tout..."
La
notion de fierté doit être prise ici dans son sens anglais
. Proud (fier) est utilisé à toutes les sauces et veut dire
heureux, reconnaissant, digne. L'idée est qu'il n'y a
aucune honte à être gay, aucune raison de se laisser humilier.
André