dimanche 7 avril 2013

Albrecht Dürer au bain des hommes avec ses amis-amants


Dürer se représente en flûtiste...

Les palestres, les vestiaires de sport, les thermes, les bains et les hammams ont toujours permis aux hommes hétéros et homos de se rencontrer et de se laisser aller à l'abri des jugements. Dans Le bain des hommes, gravure sur bois qui date de 1498, Albrecht Dürer se met en scène avec quelques-uns de ses proches qui fréquentaient un établissement de Nuremberg. Il signifie par le trait et par la présence de plusieurs homosexuels notoires qu'il était lui aussi attiré par la plastique masculine.

Le bain des hommes de Dürer, 1498.
Dans la bonne ville de Nuremberg, on se rendait à l'un des quatorze établissements de bain lorsque la trompette ou une cloche annonçait que l'eau était chaude. Des serviteurs ou servantes (Dürer a aussi gravé un bain des dames, moins "inspiré" bien qu'il fut marié) vous aidaient à vous dévêtir, lavaient vos pieds, décrassaient votre peau, la fouettaient avec des branches feuillues pour activer la circulation. Puis, dans la vapeur, vous étiez frictionné pour faciliter la transpiration, tamponné avec une serviette, soulagé de la vermine avec un grattoir. Vos cheveux étaient coupés, savonnés et coiffés [ceux du personnage à gauche sont noués sur la tête]. Si vous en aviez besoin, on vous faisait aussi subir une saignée.

Dürer représente la partie récréative de la séance, après une petite sieste. C'est la troisième mi-temps de ces messieurs. On boit, on raconte des blagues, on se vante des dernières aventures sexuelles, car on est en bonne compagnie. Au premier plan, les hommes accoudés sont les frères Stephen et Lucas Paümgartner, des patriciens connus pour leurs nombreuses conquêtes. On dit que Dürer figurait au tableau de chasse de Stephen; le peintre l'a aussi immortalisé avec ses haut-de-chausses, dans une position qui attire le regard.

Dürer, autoportrait, 1498.

Le robinet, Lucas et Stephen Paümgartner encadrant le paquet de Dürer.

L'ami Stephen.
Au deuxième plan, à gauche, l'homme aux cheveux noués est probablement Michael Wolgemut, le maître d'apprentissage du peintre et graveur. Quant à Dürer, il se portraiture en flûtiste, au centre de la scène, et en moule-burnes. Le maître Wolgemut jette un regard chargé de désir sur son ancien élève. Mais, visez le cache-sexe de Wolgemut: il est appuyé contre un robinet (Hahn en allemand qui signifie aussi coq, comme l'explicite la poignée). L'expression den Hahn spannen veut dire armer son fusil, tandis que Hahn im Korb le chouchou de ses dames (ou messieurs). Et vlan pour l'abuseur des apprentis?

L'homme (à droite) en train de descendre une bière serait Willibald Pirkheimer, juriste et conseiller de Charles-Quint, un autre ami (et amant) de l'artiste. Dans une lettre que Dürer lui expédie de Venise, il écrit à Pirkheimer que la vue des soldats vénitiens l'enchanterait certainement. Des chercheurs allemands ont passé aux rayons X les portraits du juriste par Dürer; ils ont découvert sur l'un d'eux cette dédicace de l'artiste en grec: "Avec ma bite dans ton cul".

Autoportrait à 34 ans.

Autoportrait à 51 ans.

Adam et Eve: la chute, 1504.
Pourquoi Dürer, qui n'a pas hésité à réaliser plusieurs autoportraits en nu intégral, a-t-il vêtu ses personnages d'un cache-sexe? Il allait probablement offrir un tirage de la gravure à chacun des gars figurant dans Le bain des hommes. Comme si vous preniez une photo des copains sous la douche, avec l'intention de la distribuer largement. Ils couvriraient leur sexe d'une main aux doigts plus ou moins écartés. Et la pudeur serait sauve.

André

1 commentaire:

Pascal . L . a dit…

Bonjour
il y avait bien longtemps que je n'étais venu parcourir ton blog.
oui je sais c'est pas bien mais qu(eue) veux tu manques de temps d'énergie surtout (et oui la santé) Mais je vois que c'est toujours aussi passionnant je vais poursuivre ma petite visite...
Et après peut être que j'irais prendre un bain , mais seul ...