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Son adversaire a visé l'oeil gauche. |
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Parmi les riches traditions culturelles du Sénégal, la lutte sans frappe tenait une noble place. Des jeux étaient organisés après les récoltes où les jeunes hommes d'un village se mesuraient sportivement contre ceux du village ou du clan voisin. C'était la fête. Aujourd'hui, la lutte sénégalaise a évolué vers le sport spectacle, poussée par l'appât du gain de promoteurs qui engrangent beaucoup d'argent et font verser le sang. Finie les démonstrations d'adresse et de technique. On ne voit plus s'affronter de jeunes gens minces et finement musclés. Ce sont des combats de poids lourds qui pèsent au-delà de 100 kilos et se battent à mains nues, où tous les coups sont permis sans aucune protection, ni dentiers, ni gants, ni coquilles. Ils ont le droit d'envoyer leurs poings sur n'importe quelle partie de la tête. Et plus le sang coule, plus le public se déchaîne. Certains combattants sont morts de leurs blessures.
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Lutte sur la plage pour les touristes. |
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Ces combats de gladiateurs sont retransmis par la télévision, avec les commentaires excités des reporters qui trépignent quand le sang gicle. Et les supporters, qu'ils soient dans l'arène ou dans leur village, participent à la violence en se battant eux aussi entre camps adverses avec des gourdins et des armes blanches. On compte aussi des blessés et des morts parmi eux. Oubliée la lutte traditionnelle qui se déroulait comme une célébration joyeuse au son du tam-tam et des danses. Aujourd'hui, tout ce qui reste du folklore ce sont les costumes des combattants et les rites qu'ils pratiquent avec des marabouts pour s'assurer la victoire. On les voit s'enduire de décoctions magiques et avaler des produits qui sont probablement dopants. Et le Sénégal, à 90 pour-cent musulman, est choqué par les offrandes faites aux esprits "païens" et les sorts jetés sur l'adversaire. Voire même par l'usage que certains font des versets du coran qu'ils brûlent rituellement pour en avaler les cendres afin d'augmenter leur force.
Les spectacles de gladiateurs qui avaient disparu avec la Rome antique nous reviennent en passant par les États-Unis. Mais il y a heureusement d'autres courants populaires qui circulent à travers le monde. Comme la chanson
Happy de Pharrell Williams, diffusée ici dimanche dernier qui a été reprise par de nombreux cinéastes plus ou moins professionnels à travers le monde, de Londres à Hongkong en passant par Amsterdam, Paris, Berlin et Moscou. En Afrique noire, une splendide équipe a tourné dans différents quartiers de Dakar, à la gare des cars, au bord de la mer, chez des soudeurs, dans un salon de coiffure et à l'atelier de couture Dior -- tenu par des mecs, des tailleurs qui cousent à la machine, pas comme les "couturiers" européens qui n'ont jamais mis la main à l'ouvrage. La vraie image du Sénégal. Chantez avec eux et soyez happy!
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