Originaire de Lituanie, le sculpteur sur bois Edvardas Racevičius (41 ans) vit dans le nord de l'Allemagne depuis 2002 à Greifswald, une petite ville typique du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. Il faut l'entendre expliquer sa démarche artistique avec son accent lituanien fluide et presque mystérieux: on est transporté dans un autre monde, celui du nord de l'Europe où le christianisme a tenté d'effacer la culture et les croyances. Mais Racevičius leur redonne vie dans un contexte contemporain en taillant vigoureusement dans la mémoire du bois.
Grâce à la magie de l'artiste, l'arbre n'empêche pas de voir la forêt. Racevičius met en scène l'errance de l'humain moderne qui a perdu le contact avec ses racines autant qu'avec l'étendue des mondes invisibles. Dans la culture baltique, la forêt représente le lieu des expériences les plus sacrées, et l'arbre l'axe vertical du monde. Selon les croyances traditionnelles des tribus qui peuplaient ces forêts, les âmes des ancêtres s'incarnaient dans les troncs et les branches; il semble qu'on inhumait aussi des morts dans les arbres. La relation était à ce point intense que les vieux Baltes se demandaient pourquoi les arbres ne sécrétaient pas de sang lorsque les premiers envahisseurs chrétiens ont commencé à les abattre.
En quelque sorte Edvardas Racevičius retrouve des âmes cachées dans les arbres et les en fait sortir. Exposées en pleine lumière, elles ont l'air gênées, comme surprises en plein délire; la mise au jour de leur complexité leur fait honte, alors que nous connaissons tous des difficultés et des faiblesses... Après avoir fréquenté le lycée artistique de Klaipėda, sa ville natale, Racevičius a fait un stage de deux ans auprès d'un sculpteur. Puis il est entré au séminaire dans l'intention de devenir prêtre. Mais il a poursuivi ses études théologiques en même temps que celles de pédagogie à l'Université de Vilnius. Et s'est enfin dirigé définitivement vers la sculpture. Le premier thème qu'il a traité tournait autour de la douleur du Christ, très représentée dans les icônes de Lituanie.
Aujourd'hui, Racevičius est persuadé que les racines de la culture européenne et sa vitalité proviennent de la terre. Regardez ces hommes qu'il a arrachés aux arbre, ils restent attachés à leur tronc par le socle et donc au sol. La masse de ce socle est impressionnante, elle nous remet à notre juste dimension par rapport à notre environnement, la nature qui nous nourrit puis nous engloutit. Solidement campé sur ses jambes pour diriger la tronçonneuse, l'artiste lituanien traduit pour nous quelques éléments primordiaux de l'héritage de son peuple qui fut attaché à la nature et a travaillé la terre comme on écrit le livre des annales. "Ich versuche nicht nur die organischen Formen, sondern auch das
Prinzip der Veränderung in meinen Skulpturen umzusetzen." Il travaille les formes organiques mais aussi le principe du changement. C'est un exemple à suivre si nous voulons évoluer.
André
4 commentaires:
Bjour André,
Que dire ce matin devant des arbres si magnifiquement sublimé par un artiste de talent. Une fois encore, tes choix de réflexion nous font retrouver nos racines,
Les arbres furent sur la terre avant l'homme, c'est des arbres que jaillit le feu,
en un mot la vie. Merci aussi des photos où l'homme sent et se frotte à l'arbre fut il de nos forêts ou des tropiques. Douce et belle journée dans les sous-bois de notre esprit.
Bien amicalement
Philippe sur les bords du Léman en Riviera vaudoise
Salut André, magnifique ces belle photos que tu met et aussi c'est homme au corps parfait, entre homme et nature sa ce marie très bien et sa va très bien ensemble, bravo de faire partagé toute ses belle merveille, et surtout allé dans la forêt c'est aussi une très belle idée de méditation
belle soirée a toi
Merci de nous faire découvrir cet artiste.
Bravissimo. Heureuse idée artistique et poetique!!!
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