mardi 3 août 2021

Petite navigation gay entre le Rhin et le Nil, la Suisse et l'Égypte





En se promenant dans les musées, ou en feuilletant des livres d'art, on traverse les siècles et compare l'évolution de nous autres humains ainsi que l'inspiration de ceux qui nous décrivent. À gauche un satyre de la période grecque archaïque, en face de lui un Héraklès d'Antoine Bourdelle (1861-1929) qui cherche à renouer avec l'antiquité.


La semaine dernière nous nous sommes rendus, un fidèle camarade et moi, à Bâle (Basel) au bord du Rhin (Rhein). Le fleuve roulait des masses d'eau sans toutefois noyer la promenade et les bistrots qui le longent; la navigation était interdite. Mais notre but était de nous immerger dans la nouvelle installation de l'Antikenmuseum consacrée à 3000 ans de haute culture sur les rives du Nil: 600 pièces muséales dans une mise en scène très réussie.




Lors de deux brefs passages en Égypte, il y a plus d'un demi-siècle, j'avais eu l'occasion d'admirer quelques trésors éparpillés dans un musée du Caire et de visiter des pyramides. Néanmoins, ce qui m'avait le plus impressionné, c'était une visite en pleine nuit sur le chantier du gigantesque barrage d'Assouan à environ dix kilomètres de la ville du même nom. Le travail se déroulait sans interruption et voir les ouvriers s'activer en djellabas sur un fond de gerbes d'étincelles de machines modernes était un spectacle fabuleux.


Au musée de Bâle, j'ai retrouvé le célèbre portrait peint sur une base ronde de deux jeunes hommes datant du 2e siècle de notre ère. S'agit-il de deux frères comme certains archéologues l'ont déclaré ou, version plus rare, de deux amants embaumés côte-à-côte ? L'oeuvre a été découverte à Antinoüpolis, cité romaine dans le Fayoum au bord du Nil. Durant les premiers siècles de l'ère chrétienne, les habitants du Fayoum embaumaient les morts et disposaient un portrait au-dessus du visage de la momie. L'air sec du désert a préservé ce type de tableaux jusqu'à aujourd'hui. Ils témoignent d'une société cosmopolite composée d'Égyptiens, de Romains, de Grecs de Libyens, de Syriens entre autres. 




Comme son nom l'indique, la cité d'Antinoüpolis avait été fondée par l'inconsolable empereur Hadrien  pour commémorer la mort de son jeune chéri Antinoüs qui se noya -- ou fut noyé ? -- dans le Nil en octobre 130.


Revenons au bord du Rhin, à Bâle, pour évoquer le charme du musée. On peut se restaurer dans un jardin où gigotent des statues gréco-romaines à l'ombre des arbres. Un repas délicieux préparé par un cuisinier raffiné qui offre des mets à la fois subtiles et simples, avec des produits sains, tant pour les carnassiers que les véganes. Ce chef se place à la hauteur des conservateurs qui ont porté un soin extrême à la présentation de leurs collections.









En nous baladant dans la ville, nous avons passé devant une église qui affiche son ouverture à toutes les formes de tendresse et de passion: "Dieu est (chaque) amour" "Les LGBTQI sont les bienvenus dans cette église". À Bâle en 1980, lors de la deuxième Marche suisse de l'Égalité (Gay Pride), j'ai tenu le discours en langue française sur la Place du Marché (Marktplatz) devant 700 personnes. Afin d'en faciliter la compréhension pour mes concitoyens alémaniques (la majorité de l'auditoire), j'avais préparé une petite introduction en allemand avant chaque thème abordé. Et l'auditoire applaudissait chaleureusement après chaque paragraphe de mon propos. Aujourd'hui, on ne peut imaginer combien cette attention et cette approbation publiques étaient surprenantes à cette époque. Nous, les pédés, les enculés n'étions pas habitués à rencontrer une écoute tolérante sur notre chemin caillouteux.









La plage sablonneuse où j'aime me rendre, parce que naturiste et entourée de forêt ainsi que de roseaux, n'est pas encore remise de son inondation. En temps normal, sans que cela soit explicite, les hétéros en occupent un côté et les gays l'autre. Certains éléments cabotent d'un groupe à l'autre, suivant leur humeur. C'est un reflet réjouissant de notre société qui évolue et saute de plus en plus par-dessus les barrières, acceptant les différentes manières de s'accoupler et de changer d'identité -- ou simplement d'apparence. Les mecs les plus virils qui arborent un chignon, une queue de cheval, des cheveux longs, des ongles bleus ou verts et une barbe fournie nous aident, nolens volens, à nous accoutumer à ce grand remue-ménage. Merci les gars !

André

















4 commentaires:

Anonyme a dit…

salut, c'est vrai que les plages mixtes se développent doucement, autorisant chacun d'être ou pas nu. Les maillots ne servent pas à tenir chaud.

Anonyme a dit…

Que du bonheur! Une forme de bienfaisance s’installe.
En vieillissant, je deviens comme mon père disparu: admirer cette jeunesse, ces visages où brille la flamme de la vie, l’étincelle...

Lo a dit…

Idem ça m a fait penser moi aussi à mon père disparu très libre de corps et d esprit qui a toujours passé le relais et encourager les jeunes garçons que nous étions à vivre et laisser libre cours à leurs envies
Une vrai liberté

Patrick a dit…

Lo a dit une chose vraie: parler de liberté dans le respect des autres bien sûr ...
De anonyme, je deviens Patrick...Je me dévoile...déshabillez-moi...