lundi 23 août 2021

La branlette de l'évêque brésilien: un coming out involontaire





Le gars souriant (à droite) vient de perdre sa mitre et son emploi d'évêque dans le diocèse de São José do Rio Preto (État de São Paulo). Des photos le montrant à moitié nu ont circulé sur les réseaux sociaux alors qu'il se masturbait durant un échange vidéo avec un autre mec. Ce prélat avait déjà suscité une enquête du Vatican concernant l'échange de messages sexuels avec un adolescent en 2018. Tandis qu'en 2015, on l'avait accusé d'avoir puisé dans la caisse de la paroisse pour récompenser son chauffeur avec qui il avait probablement une relation romantique...

 



Un coming out en fin d'adolescence et le choix d'une vocation laïque, aussi (ou plus) utile à la société, éviteraient bien des tracas au clergé gay. En entrant dans les ordres, les religieux catholiques signent un pacte avec l'adversaire. En effet, le Vatican oblige son clergé à la continence totale. Or Dieu n'a probablement pas créé Adam pour qu'il n'utilise sa verge qu'en pissant. À part le mariage (dit traditionnel) dans lequel les partenaires peuvent apprendre à décliner l'amour dans la sexualité et le soutien réciproque (expérience qui manque au clergé), le catholicisme romain interdit l'amour avant ou en dehors de cette union, ainsi que le contrôle des naissances, l'usage du préservatif (permettant également d'éviter la transmission d'une palette de maladies), le ministère pastoral des femmes etc., etc., sans oublier la bénédiction du mariage entre personnes du même sexe.


Quand cette Église qui se croit seule au monde -- comme beaucoup d'autres variantes du christianisme -- a-t-elle instauré la continence, puis les ordres, puis son aversion envers l'homosexualité ? Vous pourrez chercher longtemps dans l'immense fouillis de son histoire. Pourquoi insister autant sur le célibat ? Parce que c'est, prétend-elle, un don de Dieu qui permet à son clergé de s'unir au Christ sans partage. C'est de l'homo religiosité dans la maison du pendu, car aucune autre entreprise au monde ne régit autant d'employés gays. Réponse plus terre-à-terre: le célibat empêche qu'à leur mort, les ecclésiastiques les plus fortunés (il y en a plus que vous n'imaginez) n'aient d'autres héritiers que les caisses de l'Église.


L'Église romaine considère que Dieu ne peut pas bénir l'union entre deux personnes du même sexe car c'est un péché. Même si la relation est stable et positive, elle se situe en dehors du mariage traditionnel. Les mouvements en faveur du soutien des LGBT+ se manifestent de plus en plus solidement parmi les catholiques laïques. Elles et ils conçoivent des rituels originaux pour bénir les couples qui le demandent. Comme l'exprime l'un des animateurs: "Le dentifrice est sorti du tube, on ne peut plus l'y remettre." L'organisme Dignity USA marie et bénit ce type d'union depuis une cinquantaine d'années. Sa directrice déclare: "Nous sommes les témoins de la durabilité de ces couples et du profond amour qui lie les partenaires. Ils restent ensemble malgré le rejet et le mépris de l'entourage." Elle ajoute: "Beaucoup de gens ne saisissent pas combien l'Église est demeurée sourde aux progrès de la société."







La parole de Jésus reprenant un verset de l'Ancien Testament: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" demande à celle ou celui qui veut bien l'entendre: 1) d'apprendre à s'aimer sincèrement en acceptant aussi ses propres faiblesses; puis 2) de considérer le prochain comme une personne de qualité égale, aussi différente soit-elle. Certains développent cette double capacité dans leur foi religieuse. D'autres y parviennent en suivant leurs principes laïques. Oui, les Églises perdent de plus en plus de fidèles parce qu'elles n'ont plus donné naissance à des réformateurs de la classe de Luther. Et les alternatives sont nombreuses du côté des rites ou spiritualités d'autres continents. Sinon, on laisse tomber en attendant Godot... 



Mon chemin spirituel m'a fait zigzaguer, tirer des bordées -- parfois hilarantes, d'autres fois chiantes, finalement enrichissantes -- dans les labyrinthes d'après Mai 68 et de l'engagement en faveur du mouvement de libération gay. C'est là parfois, et par chance, que j'ai ressenti le plus profondément le frisson du "prochain comme toi-même". Eh oui, alors que nous étions à deux, à trois, voire à dix gars en train de nous embobeliner en échangeant des caresses inestimables, généreuses, sans calcul. Et que nous nous ressentions autant aimés qu'aimant, hors du temps et de l'espace, dans la plénitude de la pleine plénitude. C'était religieux, dans le sens de "toi tu es moi, et moi je suis toi", nous sommes multitude en même temps qu'un.

L'allusion ci-dessous fait référence au désert où Jésus s'était retiré pour méditer et jeûner. Après d'autres propositions, le Tentateur l'avait translaté sur une montagne pour lui faire voir les royaumes du monde, lui disant: "Je te donnerai tout cela si tu te prosternes pour m'adorer." Ce à quoi Jésus avait répondu le fameux Vade retro Satanas "Tire-toi de là Satan! Il est écrit: Dieu seul tu adoreras."


Une garde-robe...


La tentation de Jésus dans le désert.


...de travelo.

Le cardinal américain Raymond Burke s'était opposé au port du masque, ainsi qu'à l’obligation vaccinale, prétendant que le vaccin contiendrait des micro-puces permettant à l’État de contrôler la santé du peuple. Il avait critiqué les paroissiens qui ne croyaient pas que Jésus les protégerait du virus. À l'heure où je rédige ce blogue, le cardinal se trouve sous assistance respiratoire. Il a contracté le virus. Son entourage nous demande d'intercéder "Our Lady of Guadalupe, St. Joseph, St. Juan Diego, and St. Rocco" en sa faveur.

 


"Bénissez-moi car je ne porte pas le masque."


Pendant le repassage: 100 "Ave" et 100 "Pater".

Durant sa carrière, Burke avait déclaré que "ceux qui souffrent de la maladie qu'est l'homosexualité" ne devraient pas être autorisés à "former une famille". Qu'il ne fallait pas donner la communion à des législateurs pro-gays. Que les parents ne devraient pas laisser leurs enfants approcher des membres gays de la famille. Sa déclaration selon laquelle seuls "des hommes virils" devraient être autorisés à entrer dans la prêtrise, ainsi que sa collection vestimentaire nous font rigoler. 

André


















4 commentaires:

renepaulhenry a dit…

J'avais blogué sur Burke un article intitulé la théorie du genre en images.. http://renepaulhenry.blogspot.com/2014/09/la-theorie-du-genre-en-images.html

Je l'avais trouvé ridicule à l'époque...

André a dit…

RenéPaulHenry,

Si je t'ai bien compris, avec quelques-unes de ses fringues Burke aurait pu faire coudre un de ces longs drapeaux LGBTQ+ déployés lors des Prides .

Anonyme a dit…

Au secours, "case des hommes" écrit "celle ou celui". Si "case des hommes" se met au français inclusif, nous jetons des tonneaux d'eau bénite sur "case des hommes".

Xersex a dit…

Avec ces vêtements (sacrés?) il ressemble plus à un prince des siècles passés qu'à un berger d'âmes !