lundi 3 novembre 2008
Comment un héros nie la peur, fout en l'air sa vie et éventuellement celle des autres
Ceci n'est pas de la politique. Juste l'occasion d'observer les grimaces, les crispations de mâchoire, les sourires glaçants, les tics et les convulsions d'un vieil homme qui pourrait affecter le destin du monde entier ou disparaître dans l'oubli, suivant ce que décideront ses compatriotes dans les heures qui suivent. Pourquoi ce mec qui dit n'avoir peur de rien paraît-il si crispé lorsqu'il tire la langue?
Une phrase que John McCain a répétée lorsqu'il évoquait son expérience de prisonnier de guerre, a éveillé ma sympathie, ma curiosité et ma méfiance. C'était, à peu près ceci: "Je sais ce que c'est que la peur. Je l'ai ressentie dans le passé. Je ne la laisserai plus jamais m'envahir." Le discours d'un vrai héros, d'un macho accompli. Ou plutôt: d'un fanfaron qui se déchausse en public et retire sa chaussette, dévoilant son talon d'Achille. Et que voit-on? Le déni, l'angoisse existentielle, la trouille bien naturelle d'un guerrier qui a passé des années en captivité.
La thérapie psycho-corporelle à laquelle je m'astreins depuis quelques années demande de la patience de la part du thérapeute comme du... patient. La peur et la colère sont au centre de ce travail. Tant que tu ne te permets pas de regarder bien en face cette peur si humaine, si fondamentalement installée dans tes tripes, tu ne vis pas dans ta réalité. Tu ne peux pas faire la différence entre ce qui est vraiment dangereux pour toi et tes peurs imaginaires. Tu ne peux pas utiliser tes forces de manière pleinement créative puisqu'elles sont mobilisées à faire barrage contre la peur. C'est la trouille de la trouille qui t'habite.
Si tu choisis le déni -- le remède de McCain pour lutter contre la peur -- l'angoisse persiste et te ronge encore plus. Prisonnier de son arrogance, le candidat républicain a distillé la peur durant toute sa campagne. Lui qui passait pour un politicien indépendant et parfois intègre, il a renoncé à ses positions afin de gagner à n'importe quel prix. L'ambition aveugle a détruit son honneur. Pour arriver à ses fins, conduit par le déni, il a semé les graines de la peur et de la haine au lieu de présenter un programme. Depuis George W. qui, avec son gang, a si habilement exploité le 11 septembre, les Américains chient de peur et de patriotisme dans leur froc. Ces derniers jours encore, beaucoup d'entre eux semblaient prêts à continuer à se faire chier avec McCain, le fils à papa, l'amant misérable, la tête brûlée, le va-t-en-guerre.
John! quand la peur te serre les tripes, salue-la, respire à fond et invite-la à danser! Si tu reconnais qu'elle fait partie de ta vie, comme de la mienne, elle te collera moins à la peau; puis tu feras ce qu'il faut pour l'apprivoiser (peut-être avec la collaboration d'un professionnel) et elle t'aidera à t'aimer, à aimer ta femme, ton entourage. Tu sais, quand on t'observe avec Cindy pendant que tu l'embrasses à la fin d'un discours, on dirait que tu mords un rouleau de fil de fer barbelé. Je sais, la pauvre petite fille riche a tout raconté sur sa vie d'accro aux médics, et comment elle les volait. Je sais, tu as affirmé que tu ne ressentais aucune séquelle psychologique de ton enfermement au Vietnam du Nord; tu as même ajouté que tu ne t'étais jamais rendu compte des dépendances de ta femme angoissée. Mais la peur, justement, elle nous rend aveugle, sourd et muet face à la souffrance et à l'amour.
John! Est-ce que l'argent de ta femme, et peut-être la gloire demain, te suffiront jusqu'à la fin de tes jours? Et Sarah Palin, te suivra-t-elle jusqu'en enfer?
|| Ulysse
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2 commentaires:
Les médias prétendent qu'en choisissant Obama, les Etats-Unis montrent qu'ils ont changé. Bush III (McCain) a récolté 56 millions de suffrages contre seulement 63 millions pour Obama. Ce pays n'est pas sorti de sa merde.
Selon Alexis de Tocqueville la grandeur de l'Amérique ne provenait pas du fait qu'elle était plus éclairée (enlightened) que n'importe quelle autre nation, mais du fait qu'elle savait réparer ses erreurs... Ce que Bush et consorts ont commis (et McCain/Palin allaient poursuivre) est irréparable. Si je croyais à l'enfer, cela me consolerait un peu. Un tout petit peu.
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