Saint Sébastien, Guido Reni (1615).
Après le personnel masculin accusé d'abus sexuels sur des enfants et des adolescents des deux sexes, ce sont les religieuses de la grande multinationale catho-apostasique que dénoncent les associations de victimes de maltraitance; et là aussi, elles trouvent porte close. Ces nonnes qui, avec courage, ont lutté en faveur du choix entre le célibat et la vie mariée pour les serviteurs de l'Église, se sont impliquées dans la lutte contre la pauvreté, contre le sida, le racisme et les discriminations de toutes sortes, ont soutenu les prostituées et les femmes obligées d'avorter, ces nonnes refusent de se rendre à l'évidence en face de celles et ceux qui ont subi des violences -- sexuelles ou autres -- dans les écoles et les orphelinats du monde entier. Elles ne veulent pas entendre les victimes de leurs consoeurs.
Saint Sébastien, Silvia Anguelova (2005).Comme quoi il est difficile de tirer un enseignement des erreurs commises par nos proches... Les personnes qui dénoncent aujourd'hui des abus perpétrés depuis les années cinquante accusent des soeurs âgées ou mortes. Le courage qu'il faut aux victimes pour sortir de l'anonymat, se faire rembarrer et persévérer, elles le trouvent aussi parce qu'elles veulent éviter que ces faits se perpétuent aujourd'hui -- dans cette Église et dans d'autres communautés, laïques ou religieuses, chrétiennes, juives et musulmanes.
Dans le monde entier, des femmes et des hommes se rappellent les heures heureuses qu'ils ont passées dans des classes et des institutions catholiques. Mais d'autres ont subi le martyre. Les enseignantes pouvaient être particulièrement sadiques avec les jeunes garçons un peu cancres ou débordant de vie. Dans les internats de filles, il y avait parfois des visitations nocturnes dans les dortoirs où les élèves devaient sucer un sein trop maternel, voire plus, ou se déshabiller complètement pour passer "un examen de pureté" lorsqu'elles étaient accusées de masturbation. Dans les institutions de "redressement" ou les orphelinats, en Irlande notamment, l'abus envers les enfants était généralisé, pas le fait de cas isolés. Fouet, viol anal, fellations forcées, humiliations par la nudité devant le groupe, privation de nourriture faisaient partie du système "pédagogique" connu de toute la population. Et personne en venait au secours des jeunes victimes.
Je n'ai jamais vécu de telles humiliations. Mais en première année d'école primaire, notre institutrice tirait les cheveux des garçons juste au-dessus des oreilles (et les tresses des filles, comme nous) pour faire passer certains messages. Au collège, j'avais dix-onze ans, un des pions nous faisait avancer à genoux jusqu'au tableau noir où certains devaient aussi lécher la poussière de craie. Il y prenait un plaisir évident et manipulait la baguette qui servait à pointer les mots sur le tableau tour à tour comme une trique, un gourdin, une verge -- termes dont nous ne connaissions pas encore tous les sens. Nous n'avions jamais entendu parler de pédophiles ni de sadiques; et pourtant nous percevions qu'il était les deux... Une fois, mon petit frère était assis sur ses genoux; c'était pendant la cérémonie des promotions. Je ne les ai pas quittés des yeux avant que l'enfant rejoigne notre mère.
Sébastien soigné par Irène. Hendrik Ter Brugghen (1625).
Ulysse
2 commentaires:
Victime d'abus dans mon enfance, je peux vous dire que la dénégation fait très mal, même des dizaines d'années après. C'est comme d'être traité de menteur. C'est une nouvelle atteinte à votre honneur et votre intégrité.
Et puis voici la prochaine bombe: le problème des descendants des prêtres que l'Eglise devra bien reconnaître un jour. Ca va lui coûter un paquet.
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