Couleuvre, espèce protégée.
C'est un lieu béni au bord du Léman, encadré par des saules qui se penchent sur l'eau, surmonté de buissons épineux d'églantiers parsemés maintenant de baies rouge-orange de cynorhodon (gratte-cul). Une plateforme en pierres sèches construite par un adorateur du soleil accueille les baigneurs qui s'y rencontrent. Des reptiles accueillants y résident en permanence: lézards et couleuvres.
Plus loin, d'autres adorateurs du soleil s'installent sur les rochers. Et j'observe que peu d'entre eux nagent. Ils font trempette, se rafraîchissent puis retournent au sec. D'autres font des brasses le long de la rive, mais peu gagnent le large comme j'aime le faire avec un pote qui m'y encourage. Pourquoi? L'un plonge sous l'eau et ramasse des pierres pour élargir la terrasse, mais il ne sait pas nager. Beaucoup répondent: si j'ai pied, je nage sans problème; sinon je panique. Ou: j'ai peur de boire la tasse et d'étouffer. Un gars dans la force de l'âge, sportif: je nage au large, mais pas trop loin; qu'est-ce que je ferais si j'avais un malaise? Enfin: je nage seulement en piscine, je panique à l'idée qu'un animal ou des algues passeraient entre mes jambes.
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Les trois espèces de couleuvres qui s'installent dans les anfractuosités rocheuses proches de l'eau, entre Lausanne et Villeneuve, se nourrissent de petits poissons et fuient l'humain. Si on les coince, elles gonflent la tête et soufflent en imitant les vipères. Mais c'est du bluff: elle ne mordent ni ne possèdent de venin. Adultes, les petites (50 à 70 cm de long) sont les mâles, les grandes (90 cm) des femelles.La panique, l'anxiété, les peurs que ces hommes adultes ont évoquées ne devraient pas être tournées en ridicule. Si elles sont fortes, elles manifestent une souffrance psychique qu'on n'efface pas en jetant un mec à l'eau depuis un bateau ou en déposant une couleuvre sur son ventre nu. Selon certaines théories, la "phobie" naîtrait "d'un déplacement de représentations d'un objet (ou d'un être) significatif, aimé et haï, à un objet moins significatif mais chargé de peurs". La méthode psy pour s'en sortir: "parvenir à une compréhension profonde des symptômes et de leur raison d'être"... Ces "phobies" deviennent des pathologies si elles entraînent une souffrance invalidante qui gâche la qualité de vie. Sinon, 1) on fait avec, on évite autant que possible les situations redoutées; 2) on cherche de l'aide auprès de la psychothérapie "cognitivo-comportementale" qui obtient souvent la disparition de la panique par désensibilisation; 3) on considère que la santé mentale et physique ne font qu'un, on se trouve un thérapeute formé à l'accompagnement sur cette voie royale. Par curiosité, par envie de vivre mieux et plus longtemps.
Ulysse
3 commentaires:
Quand j'ai compris que mon impossibilité de nager où je n'avais pas pied ne venait pas de la peur, parce qu'en général je ne suis pas trouillard, j'ai consulté. Cela m'a permis de "comprendre" ce qui s'était passé dans ma petite enfance, en tout cas de me souvenir et de prendre peu à peu confiance dans l'eau et de régler d'autres problèmes que je ne voyais pas, mais qu'on me reprochait.
Question bête: les gens qu'ont peur des serpents, est-ce qu'ils ont peur du sexe?
C'est le genre de serpent que je n'aurais pas peur d'apprivoiser. Enfin, pour le moment, je me considère encore comme hétéro... Faudrait peut-être prendre un cours de flûte auprès des charmeurs indiens.
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