En allemand le film de Wim Wenders s'appelle Der Himmel über Berlin (= Le ciel au-dessus de Berlin), en français Les Ailes du désir (1987). Depuis quelques jours, les médias d'outre-Rhin font leurs choux gras d'une guéguerre entre deux quotidiens et titrent finement: "Der Pimmel über Berlin" (= Le zizi au-dessus Berlin)... Au commencement, il y a un gros titre du quotidien de boulevard Bild (le plus grand tirage du pays) clamant que plus de 65% des mecs croient qu'ils ont un pénis trop court. C'est le 14 novembre 2002. [Depuis lors, je lis le Bild avec angoisse.] La taz (Die Tageszeitung), quotidien de gauche berlinois très estimé, décide de charrier Bild qui déverse des tonnes de people et de cul sur ses chers lecteurs. La taz annonce que le réd-en-chef de Bild se trouve en clinique à Miami où il se serait fait allonger la bite. C'est une pure invention de la rédaction, mais qui porte son lot de symbole.
L'artiste l'a intitulé "Que la paix soit avec toi".
Un procès s'ensuit. Le jugement de Salomon tombe en 2004: la taz ne devra plus jamais rapporter ce mensonge, mais le Bild ne recevra pas le dédommagement réclamé de 30'000€. Vive l'Allemagne! Cinq ans plus tard, le sculpteur Peter Lenk [cliquez pour voir d'autres oeuvres qui ont suscité la polémique!] entre en scène avec un bas-relief géant sur la façade de la taz, bien en vue de la rue Rudi-Dutschke où se trouve le siège de l'éditeur Springer, propriétaire de Bild. Qu'ajouter aux photos si ce n'est que: 1) le couillu personnage a bien la tête du réd-en-chef de Bild, pour les attributs, j'sais pas; 2) la bite s'élève à près de 16 mètres et se termine par une tête de cobra; 3) des gros titres de Bild sont également illustrés sur la façade, comme "Viagra boomt (= prospère) in Krise" (12.2.2009) ou "Émasculé par le basset de sa belle-mère".
Charles à poil; Ernst-August (Hanovre-Monaco),
surnommé le prince Pipi.
Le plus drôle est pour la fin. Lors de l'élection du pape Jojo, Bild avait titré: "Wir sind Papst" (= Nous sommes pape). Eh bien! une fausse page Une de la taz est sortie l'autre jour, avec ce titre: "Wir sind Schwanz" (= Nous sommes queue)... On en a finalement découvert l'auteur: Kai Diekmann, le raide-en-chef de Bild. Chapeau! Mais la taz est un journal à l'orientation féministe appuyée, dirigé par une réd-en-chef qui n'apprécie pas la vulgarité du bas-relief. Plusieurs de ses rédactrices sont de mauvaise humeur parce qu'elles doivent travailler à l'ombre d'un phallus. Et nous, on voit des nichons partout dans les journaux et le long des rues. Est-ce qu'on s'en plaint? Il paraît qu'on devrait.
Ulysse
2 commentaires:
Le controversé sculpteur Peter Lenz a déclaré qu'il concevait son oeuvre comme une "Therapie für die sexuellen Obsessionen der Bild Zeitung". Traduction superflue, je crois.
Gute güte. Was, bitte schön, ist an phantasielosen Nackt-plastiken mehr oder weniger prominenter Menschen noch politisch unkorrekt? Abgesehen davon, dass Lenks Skulpturen wohl eher davon zeugen, dass er es nie aus der Pubertät geschafft hat, ist’s wohl Heutzutag eher unkorrekt, Leute angezogen darzustellen.
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