jeudi 8 mars 2012

Dans BeautifulMag, les mecs bandent de plus en plus... comme dans la vraie vie


Déterminé à faire évoluer la réticence du public face à la sensualité du corps masculin, BeautifulMag soutient les photographes qui s'y consacrent. Publié sur la toile, il avance dans ce domaine plein de tabous et de (fausses) pudeurs. Résultat: le nu frontal quitte la marge des images pour conquérir le centre -- sa juste place -- et l'érection -- si naturelle à l'homme -- est moins souvent cachée par un voile (genre peinture classique) ou la main du modèle.

Trevor Adams: les attributs phalliques.
Voici quelques exemples récents. Avec le modèle Trevor Adams, dans une image frondeuse, BeautifulMag et le photographe Justin Monroe se demandent pourquoi les armes nous fascinent tant. La réponse est dans le terme. "Le mot grec de phallos se dit en latin le fascinus," écrit Pascal Quignard dans Le Sexe et l'effroi. Le fascinus arrête le regard au point qu'on ne peut l'en détacher; et l'angoisse érotique devient fascinatio. La photo est tellement chargée d'attributs guerriers qu'elle en devient une allégorie du macho-violeur de science-fiction.

Jonathan Luke est un self-made-man qui mène une double carrière. Jeune patron d'une boîte d'informatique, il s'est lancé parallèlement, il y a peu, dans la photo érotique en tant que modèle. Quand ses copains remarquent que cela pourrait gêner à son avenir professionnel, il répond: 1) qu'il n'a pas l'intention de faire de la politique; 2) que ses clients apprécient ses compétences informatiques et se foutent du reste; 3) que sa famille est au courant, mais n'ira pas chercher ses photos sur les sites gays (et quand bien même... il ne fait que poser dans son état naturel de mâle).

Jonathan Luke: self made man.
"Un ami prétend que je pose pour choquer, parce que je manque de confiance. C'est faux: mon exhibitionnisme m'y pousse. Je n'ai pas de complexe d'infériorité et ne connais pas d'homme qui se montrerait à poil parce qu'il se déteste! Cela me flatte que des photographes renommés me demandent de poser. Il ne se passe rien d'autre entre nous. Je n'ai pas de peine à bander devant l'objectif et je ne demande l'aide de personne. C'est la tension entre le voyeur et l'exhibitionniste -- entre le photographe et son modèle -- qui m'excite; et l'idée de faire plaisir à ceux qui regardent mes photos dans le monde entier. Qu'est-ce qui distingue ces images de la pornographie? Elles présentent la personne dans sa totalité et pas uniquement une érection."

Le blogue de Jonathan Luke est tout neuf et déjà le gars donne des conseils à ses frères en exhibition. "C'est un problème existentiel dans cette activité et j'y réfléchis: suis-je un pénis, ou la somme des différents éléments de mon corps? J'ai volontairement recadré une photo pour illustrer ce propos. Sans la tête, le torse ni les jambes, je suis réduit à un simple objet: une bite de porno."

La bite, pas l'être dans sa totalité.
ce propos: j'aimerais que l'on considère les actrices et acteurs de l'industrie pornographique avec le respect dû à tout être humain. Leur activité répond à un besoin évident et la société ne devrait pas les mépriser. Ils ont droit aux mêmes égards que nous, les modèles de photos artistiques."

André

2 commentaires:

Miroir Gay a dit…

« Le principe de la pénurie fonctionne à l’inverse de l’érotisme : plus la queue s’allonge, moins la ménagère est contente. »

de Bruno Masure [+]

bon moment de lecture,
bonne fin de semaine
Joel

ParisNight a dit…

J'apprécie beaucoup la démarche et surtout les propos de Jonathan.

Modèle moi-même et très concerné par le corps, l'image et le rapport voyeur/exhib et tous les préceptes sociaux (culs) liés à ce sujet, j'adhère totalement.

Et vive les polémiques qui ne pourront qu'ouvrir les esprits (je l'espère).

ParisNight