lundi 19 octobre 2020

Devenir un homme, un "vrai" mâle, sans recours à l'agressivité







Dans l'univers des contes, le miroir est un accessoire magique capable de révéler la vérité à celle ou celui qui l'interroge chaque matin: "Miroir, petit miroir, dis-moi si je suis la plus belle, le plus viril." Aujourd'hui, on s'adresse à lui via le selfie, l'egoportrait. La masculinité est un état qui tourneboule beaucoup d'adolescents et d'adultes. Hétéros ou homos, ils ont reçu le message qu'ils ne seront jamais assez virils pour répondre aux exigences de leur entourage, à moins d'entreprendre des efforts surhumains... Ils doivent devenir plus obéissants, plus studieux, plus pieux, plus sportifs, plus agressif pour correspondre au modèle. Sinon, on se moquera d'eux, on les rejettera.









Le début du XXIe siècle laissera une trace lumineuse dans l'histoire du monde. Celles et ceux que l'on jugeait au lieu de les soutenir sont maintenant considéré/e/s comme des victimes et ceux qui les brutalisaient sont enfin jugés coupables. L'évolution a commencé par la dénonciation des abus commis par des religieux sur des enfants et des adolescents. Longtemps, l'Église catholique les a niés solennellement urbi et orbi, couvrant les coupables sans les condamner, ni les aider à se discipliner. On a découvert les mêmes pratiques dans toutes les religions. Ensuite, la violence envers les femmes a provoqué un raz-de-marée. Maintenant, c'est dans le sport que l'on balance les entraîneurs, les coachs et les salopards richissimes pour leur violence et leurs viols.
 









 

Le haka est un rituel pratiqué par les Maoris de Nouvelle-Zélande pour impressionner l'adversaire lors d'un conflit. L'équipe de rugby des All Blacks l'a adopté et le met en scène au début de ses matchs, ici lors de la finale de la Coupe du monde de 2011.



L'homme, le mâle -- soit-il homo ou hétéro -- a besoin de marques d'affection fraternelles et tactiles sans qu'elles soient sexuellement qualifiées. Dans les régions du sud de l'Europe et autour de la Méditerranée, cela a toujours été possible. Mais récemment, on a jugé que c'était "trop gay". Autrefois, on parlait peu de l'homosexualité. Puis, avec la lutte des LGBT pour se faire reconnaître en tant qu'égaux, les thèmes de l'orientation sexuelle et du genre sont devenus des problèmes de société qui se discutent ouvertement. Le progrès est réel dans les pays où les religions et l'obscurantisme politique perdent de leur emprise. Ailleurs, les LGBT sont réellement en danger.















"Ram Leela" est un film indien datant de 2013, une adaptation du "Roméo et Juliette" de Shakespeare où un beau gosse -- l'acteur de Bollywood Ranveer Singh -- tombe amoureux de la fille d'une famille importante du clan adverse. Est-ce un hasard ou la coutume dans les films musicaux de ce pays? Les danseurs avec leurs boucles d'oreilles, leurs barbes, leurs déhanchements et leurs aisselles poilues incarnent à merveille l'idéal du mâle équilibré, à l'aise dans ses parts féminine et masculine...







Les gars qui, tout en s'intéressant aux manifestations extérieures de leur identité -- muscles, poils, boules et bite -- cherchent aussi à piger ce qui les façonne à l'intérieur, ces gars sont sur le chemin de découvertes passionnantes. Mes contemporains du siècle dernier craignaient de s'y lancer. Aujourd'hui, on entend plus facilement ce qu'a exposé Carl Gustav Jung (1875-1961). Notamment sur les qualités du sexe opposé qui résident en chacun/e de nous. Jung les expliquait ainsi (je simplifie): dans le ventre de sa mère, tout être humain est d'abord féminin. C'est un plus grand nombre de gènes masculins qui fait pencher la balance pour nous les mecs. Mais il reste un petit nombre de gènes féminins que Jung nommait anima. En prenant conscience de cette part féminine qu’il a en lui, un mâle peut développer une personnalité plus complète et complexe. "Mais le Donald de la Maison-Blanche, direz-vous, c'est un pur macho !" Détrompez-vous, il est totalement erratique, comme la pire des psychopathes femelles.

André



Yanis Marshall est un danseur, chorégraphe et coach connu pour ses numéros interprétés sur talons aiguilles surélevés. Avec ses partenaires, il met en scène des scénarios à la fois comiques et inspirés qui traduisent à merveille plusieurs situations contemporaines. On est loin des travelos de boîtes de nuit et des "folles" qui prennent part aux marches dites de la fierté gay. Ils sont des êtres humains qui nous font rire de joie, sans moquerie. Les femmes s'exclament: "Je n'arriverais pas à marcher, encore moins à danser sur de telles échasses. Il faut être mec et musclé pour réussir."









2 commentaires:

David Jean-Félix a dit…

J'adore les danses indiennes dans les films de Bollywood. Je ne connaissais pas Carl Gustav Jung, du coup je suis allé lire la fiche wikipédia. Merci pour le post. Bises. David Jean-Félix

Xersex a dit…

pour exprimer l'agressivité, l'idéal est le sport. Cela n'afflige pas les autres!