Avec la pandémie, les célibataires sont particulièrement touchés par la
déprime, eux qui passaient leurs soirées et fins de semaine dans des
lieux de rencontres fraternelles. Pensons aussi aux gars qui sont privés
de transpirer en en compagnie de leurs potes sportifs. Les réseaux
sociaux racontent ces déboires. L'épreuve que Marc décrit ici est
antérieure à la crise sanitaire; il s'agit probablement du virus de
l'habitude qui gangrène beaucoup de couples, peu importe leur
orientation sexuelle.
Marc déclare: "J'ai dépassé la soixantaine. Voilà plusieurs années que
rien ne se passe plus avec mon compagnon. J'en souffre d'autant plus que
je suis turlupiné par le sexe. Hors de question d'aller voir ailleurs,
évidemment. Mais je suis accro à la masturbation et à la pornographie
(merci le web !). Attiré aussi par les mecs que je croise, bien que je
demeure sage. Je me demande s'il y a un sens à ces désirs, s'il y a
moyen de les sublimer ou s'il faut accepter de se laisser submerger par
des imaginaires délirants. En
parler avec mon compagnon ? Je crois que nous n'en sommes plus là.
Simplement, je voudrais essayer de comprendre le sens de ce que
vis. Et surtout cette furieuse envie de me branler tous les jours,
est-ce raisonnable à mon âge ?"
Lecteur, exprime ton avis via la rubrique des commentaires ! Une phrase
de Marc m'interpelle d'emblée: "Hors de question d'aller voir ailleurs,
évidemment." Lui et son compagnon se sont-ils mariés à l'église, à la
mosquée, ou à la synagogue, promettant à Dieu, Allah, Jehova de rester
techniquement fidèles l'un à l'autre jusqu'à ce que la mort les sépare ?
Dans un couple où l'indifférence s'est installée, je comprends que des
époux préservent une cohésion pour les enfants. Mais dans notre cas,
pourquoi maintenir les formes alors que le fond fait défaut ? Peut-on en
parler d'homme à homme et trouver ensemble une solution ? Peut-être que
réveiller le sens de la fraternité au sein d'un couple de mecs est
chose possible.
Marc ne dit rien sur le fonctionnement de son couple. Et il se demande
s'il peut sublimer sa sexualité. Pourquoi ? Il n'y a pas d'âge limite si
l'on est en bonne santé. À 84 ans, je puis l'assurer que le désir et le
plaisir sont toujours présents, dans de nouvelles tonalités. Si les
préceptes bibliques empêchent Marc "d'aller voir ailleurs", qu'il se
rappelle ce commandement biblique: "Tu aimeras ton prochain comme
toi-même". L'amour envers son compagnon présuppose que Marc accepte
d'abord ses propres limites, qu'il laisse tomber une culpabilité
dévalorisante ce qui lui permettra de progresser dans sa propre vie et
aussi d'aimer l'autre tel qu'il est.
Ce que je pressens dans "rien ne se passe plus avec mon compagnon" c'est
qu'ils ne s'écoutent plus. Si je compare schématiquement les façons de
régler les problèmes dans différents pays, je vois une manière directe
en Allemagne. Je vois la façon détournée et biaisée des Britanniques
(exemple: Brexit). L'engueulade à la française où, au lieu d'écouter
l'autre, on pense à ce qu'on va lui rétorquer. La coutume helvétique de
la recherche du compromis qui prend plus de temps... Quand on aime
vraiment, on pense aussi aux appétences de l'autre. S'il a parfois
besoin d'aller voir ailleurs, d'accord; il reviendra ensuite. S'il
désire se branler, c'est naturel. Les gars qui s'efforcent de nier leurs
propres besoins ne font pas d'excellents partenaires car ils se privent
de développer leur vraie personnalité. Alors, "rien ne se passe plus"
dans le couple.
L'un des problèmes de notre culture judo-crétine, est que nous plaçons
les règles au-dessus de la réalité. Pourquoi n'a-t-on pas la possibilité
de chercher respectueusement ailleurs ce qu'on ne trouve pas dans le
couple, sans mentir ni tout casser ? Un compagnonnage est vivable si
chacun accepte de ne pas être "tout pour l'autre". Je suggère à Marc de
se rendre ici où j'ai traité le sujet du pluri-amour, et ici
où le Dr Luc Bodin propose une méthode permettant de se réconcilier
avec soi-même afin de mieux comprendre et aimer l'autre. Pour mener une
vie stimulante, un gars ne devrait jamais cesser d'explorer.
Néanmoins, j'ai l'impression que la méthode la plus douce et la plus
efficace pour Marc de rétablir le dialogue avec son compagnon serait de
lui proposer un massage en s'inspirant des gestes de ce chiropraticien.
Kai se promène dans les rues et les parcs de Londres; il offre
gratuitement d'exercer son art sur les corps de personnes dont il
perçoit la solitude et la douleur. Il nomme sa mission Riding the wave of love,
chevaucher la vague de l'amour. Pour le suivre, il suffit de concentrer
l'amour du prochain qui nous habite dans nos deux mains -- au lieu du
cerveau -- et de les laisser agir. Bien sûr en évitant les manipulations
qui sont l'apanage d'un chiro. Tous mes voeux à Marc !
À
l'automne de la vie d'un mâle, la feuille de vigne de ses illusions
tombe. Et il s'observe dans le miroir qui reflète son corps et dans un
autre, plus secret, qui lui révèle l'état de son âme. Si l'homme a pris
soin de sa forme et du fond, il peut se contempler avec le sourire de
l'aîné accompli: il reconnaît que l'harmonie compense les dégradations,
que la créativité et la sagesse surpassent la masse accumulée autour de
ses hanches. Les épreuves ont tanné son cuir et culotté son courage. Il
vérifie aussi que son coeur est toujours amarré à ses couilles. Il peut
adresser un clin d'oeil au jeune homme coquin qu'il est demeuré malgré
les apparences... Aux gars qui se préparent à temps, cette étape de la
vie réserve des surprises étonnantes, des jouissances nouvelles et des
amitiés rares. Du plaisir en perspective pour vous, les sexa- et
septuagénaires !
En 2003, deux potes australiens qui se tapaient une bière dans un bar de
Melbourne se demandant comment ils pourraient inciter d'autres mecs à
faire pousser leur moustache. La mère d'un de leurs copains avait mis en
place une organisation chargée de collecter des fonds en faveur de la
prévention du cancer du sein et ils ont décidé d'en faire autant pour le
cancer de la prostate. Or à l'époque, la plupart des museaux mâles
étaient glabres. Leur idée de génie a été de fonder Movember qui allie moustache et novembre.
J'ai failli l'oublier, probablement parce que j'arbore une moustache et
la barbe attenante depuis plus de soixante ans. Nos deux Australiens ont
décidé de rallier d'autres gars prêts à faire pousser leur moustache
chaque mois de novembre, en signe de ralliement, et à verser dix dollars
de contribution à Movember dont le but était d'inciter les mâles
à prendre soin de leur santé physique et mentale. À l'époque, les participants s'engageaient à partager le message de Movember avec chaque collègue et copain qui leur demanderait pourquoi ils avaient oublié de se raser.
Aujourd'hui, les feuilles continuent à tomber en novembre. En revanche
les moustaches et les barbes ne sont plus un objet d'étonnement.
N'empêche que la Movember Foundation a gagné le monde entier pour
soutenir financièrement des organisations chargées de lutter contre
les cancers de la prostate et des testicules, ainsi que de la prévention
du suicide masculin. En Suisse, on considère que sur quatre suicides,
trois concernent des hommes. Selon l'OMS, 510'000 hommes se donnent la
mort chaque année dans le monde. Et en moyenne, nous vivons six ans de
moins que les femmes. Alors, les mecs, prenons meilleur soin de notre corps et de notre âme.
Mauvaise nouvelle: le cancer
des testicules est le type de cancer le plus fréquent chez les gars
entre 14 et 45 ans. Bonne nouvelle: actuellement, neuf cas sur dix sont
curables. Et plus l'habitude de l'auto-examen sera entrée dans les
moeurs, meilleur sera le taux de guérison.
Une fois par mois, après la douche, palpez vos boules comme le font ces
joueurs de rugby, par dessous avec la paume de la
main ouverte. Ce qui doit vous alerter c'est une différence de poids ou
de forme, une sensation de lourdeur ou de douleur par rapport à l'examen
précédent. Ensuite, roulez légèrement (pas de violence !) chaque
testicule d'avant en arrière avec l'index et le majeur au-dessous et le
pouce au-dessus. Sentez-vous
un durcissement ou des nodules, la présence d'une petite bosse dure ou
d'un changement de fermeté de la couille ? En cas de soupçon, consultez
immédiatement un médecin. Le plus tôt sera le mieux, afin d'éviter des
complications. Et soyez heureux si vous l'avez consulté pour rien. Il
vous montrera comment procéder à votre prochaine autopalpation.
L'observation attentive des paquets de vos camarades dans les vestiaires vous a déjà appris que si
un testicule est plus gros ou pend plus bas que l'autre, c'est dans la
norme. Dans les discussions entre mecs, il ne faut pas craindre de poser
des questions concernant la santé de nos organes. Certaines réponses
seront stupides, d'autres pourraient être utiles, par exemple venant
d'un gars qui connaît bien la technique de la palpation et qui pourrait
vous initier pratiquement.
Avant tout, ce devrait être le privilège du père de vous expliquer et,
mieux encore, de vous montrer comment procéder. Aujourd'hui, les pères sont
plus à l'aise dans ce type de partage avec leur fils et savent laisser tomber la pudeur inutile.
Et si, après une palpation experte, un camarade, un grand frère, un cousin passe à des gestes plus glissants méritant un peu d'huile ou de salive, c'est en ordre. Au contraire du rapport amoureux, les mains masculines ne connaissent pas d'orientation sexuelle.