jeudi 20 mai 2021

Au bord du Gange, nudité et sainteté n'ont pas protégé du covid


Des gays font concurrence aux sadhous.



Cette année, le Kumbha Mela -- dont l'Inde est si fière parce que c'est le plus grand rassemblement religieux de la planète -- n'a duré que du 1er avril au 1er mai au lieu des trois mois habituels. Mais cette restriction n'a pas empêché la nation de devenir aussi la plus touchée au monde par la pandémie. Rien que le 1er mai, on enregistrait plus de 400'000 nouveaux cas, sans compter tous ceux qui n'avaient pas été diagnostiqués. On estime à "seulement" 7 millions le nombre de participants qui ont envahi, comme tous les douze ans, la ville de Haridwar sur la rive droite du Gange.

Haridwar, l'une des sept villes sacrées de l'hindouisme.
C'était néanmoins l'occasion pour les pèlerins de rencontrer quelques gourous célèbres et des milliers sadhous, ces gars qui ont choisi une vie de renoncement, au point de ne rien posséder, ou presque. Les saints hommes sont installés dans de gigantesques campements organisés comme les stands d'une foire. Ils distribuent bénédictions, conseils spirituels et amulettes contre une offrande.




Les fidèles mesurent le degré de l'abnégation des sadhous aux sacrifices visibles qu'ils ont consentis. Par exemple de ne jamais se couper les ongles, ou d'avoir bousillé les corps caverneux de leur pénis dès l'adolescence afin d'empêcher toute érection. Pour le prouver, ils enroulent leur membre allongé et flasque autour d'un bâton horizontal sur lequel se perche un camarade.

Dans le Dhammapada, l'un des plus anciens textes bouddhiques, un chapitre traite de la sexualité.  Celui qui se libère du bien-aimé n’a plus de souffrance. De l’amour naît la souffrance. Celui qui se libère de l’amour, n’a plus de souffrance, ni peur de le perdre. Celui qui se libère du plaisir sensuel, n’a plus de souffrance ni de peur. Du désir ou de la convoitise naît la souffrance. Dans le bouddhisme, la peur, le chagrin ou la souffrance naissent non seulement par l’érotisme, mais aussi par les relations que l'on  crée. Le Nirvãna n’est atteint que par le détachement des désirs, des plaisirs et des liens.



On reconnaît les gourous à leurs vêtements somptueux, leurs montures prestigieuses, éléphant ou cheval, et aux dévots qui les entourent servilement. Leurs équivalents aux États-Unis sont les télé-évangélistes fondamentalistes qui font fortune en promettant à leurs donateurs qu'ils échapperont à l'apocalypse, qu'ils seront épargnés miraculeusement  du covid et feront fortune. Du temps de Luther, le pape finançait la construction du dôme de Saint-Pierre en vendant des indulgences qui effaçaient vos péchés, selon un barème fixe. Par exemple, l'absolution pour un gars qui avait violé une jeune fille coûtait six carlins; pour un prêtre vivant en concubinage sept carlins; pour un laïque coupable du même péché huit carlins... Ainsi est né le protestantisme qui a libéré du mensonge ceux qui le voulaient bien.





Pour les pèlerins indiens, l'apogée du grand rassemblement du Kumbha Mela se produit lorsqu'ils se trempent dans le fleuve en chantant des hymnes védiques et en récitant des mantras. Un rituel entouré de fleurs et d'effluves d'encens. Si le bain se déroule à la date astrologique prévue comme la plus propice, le baigneur sera purifié de ses fautes et progressera dans sa libération des cycles de vie ou contractera le covid...

André





Sans masque ni de cache-sexe: l'engagement religieux du voeu de chasteté aurait dû les protéger.









5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, Joli article comme à chaque fois. Les religions n'ont apporté que des sacrifices pour ceux qui les croient, comme les mutilations (circoncision par exemple) ou des contraintes morales. Le pire, c'est qu'elles sont imposées aux enfants.
Je pense qu'aucune ne mérite mon attention.
As-tu déjà entendu parlé des iles Sentinelles et leurs habitants ?

Pour avoir fait un voyage en Inde, et vu le Gange, si tu bois la tasse, tu ne meurs pas noyé, mais empoisonné.

Merci pour tes publications toujours instructives.

david jean-félix a dit…

Merci pour l'article. J'ai encore appris quelques chose.
Bises
David

Mogador a dit…

La seule religion qui me parle est celle de l'amour...et la sensualité en est des cartes principales. Pourquoi certains hommes s'affligent de telles souffrances et surtout pourquoi imposent-ils ça aux autres??

Mogador a dit…

Ceci dit...encore bravo et merci pour ces merveilleuses images. L'Inde est un pays extraordinaire et il me tarde d'y retourner.

Xersex a dit…

Yogananda espérait une union de la culture technique occidentale avec la spiritualité orientale. Très judicieusement !