Les programmes de TV ont diffusé de nombreux documentaires sur le Japon
ces dernières semaines. La plupart d'entre eux mettaient en valeur des
aspects rares et impressionnants de ce pays contrasté, très moderne
d'une part et pourtant extrêmement conservateur. La gestion des crises y
est déconcertante, voire effarante. Je ne me suis rendu que quelques
jours au Japon, c'était en 1970, surtout pour visiter l'Exposition
universelle d'Osaka et la comparer avec celles de Bruxelles et Montréal.
À l'époque, elles nous faisaient découvrir le Monde. Aujourd'hui, le
Monde vient à nous jusque sur nos plus petits écrans.
Fundoshi, le pagne des fêtes traditionnelles.
Ci-dessus et dessous, vous voyez ce que j'apprécie au Japon. Cette légèreté dans le vêtement masculin lors des
fêtes qui allient traditions populaires et spiritualité. Et la
fraternité manifeste entre les gars qui y participent. (Imaginez un
pèlerinage à Lourdes ou Saint-Jacques de Compostelle en cache-sexe...)
Cette homo-sensualité sans ambiguïté. Ces percussionnistes qui paraphrasent les battements du coeur sur leurs
tambours géants. Ces tatoueurs qui s'inspirent des oeuvres d'art
antiques et leurs clients qui ne bronchent pas afin d'affirmer leur
virilité. Et cette chorégraphie butoh qui nous égare entre la vie et la
mort.
Le butoh.
En revanche, les geishas et les corpulents lutteurs de sumo me laissent
indifférent. La geisha n'est pas une prostituée, comme on l'imagine en
Occident. Son nom signifie en quelque sorte "personne artistique". Son
rôle est de divertir par la musique, la danse et les jeux qu'elle
propose à ses hôtes. Pour y parvenir, elle doit suivre un long
apprentissage, tant en ce qui concerne la culture traditionnelle que
l'habillage et le maquillage.
À l'origine, les "geishas" étaient des hommes et remplissaient à peu
près le même rôle que les "fous du roi" chez nous. Vers le XIIIe
siècle, ils divertissaient le seigneur auquel ils étaient attachés par
leur talent de confident, de conteur et d'humoriste. Ils étaient aussi
capables de le conseiller en matière de stratégie militaire. Vers le
XVIIe siècle, ils se spécialisèrent dans le
divertissement pur et l'art du courtisan. Et c'est à ce moment-là que
les premières femmes geishas sont apparues créant un scandale, puis une
habitude.
Stefan et Sebastien de Nomadic Boys.
Stefan
et Sebastien sont en couple et rédigent le blogue "nomadicboys.com"
consacré au tourisme gay. Au Japon, découvrant l'origine du métier de
geisha, ils ont décidé de se travestir en geishas femelles. Voyez le
résultat ci-dessous, si cela vous intéresse.
Les étapes de la transformation d'un mec en geisha...
Au Japon, paraît-il, la situation des LGBTQ+ n'est ni très difficile
ni très évoluée. Au premier abord, il semblerait que les gays sont bien
intégrés. Mais la société a de la peine à
accepter les personnes qui sortent de la norme établie. La visibilité
de personnes LGBT commence à s'affirmer dans les milieux artistiques et
politiques et va faire progresser les mentalités. Cependant, le pays a
bien d'autres problèmes en plus de Jeux peu olympiens. L'économie est
entrée en récession, la maîtrise de la pandémie n'est pas exemplaire et
l'état d'esprit général déflationniste crèe de plus en plus
d'incertitude. Comme le pays n'a pas l'habitude de permettre
l'immigration, il n'est pas entraîné à accueillir gaiement la
différence.
Pourquoi avons-nous -- peu importe notre orientation sexuelle -- besoin
de cette fraternité virile, expérience qui fait défaut à beaucoup
d'entre nous ? Certains l'ont expérimentée avec des frères, des cousins.
Ou auprès d'un père évolué. Sinon un pote, un amoureux, un prof, un
coach. Nous les mâles avons notre sexe en érection, le phénotype de la
masculinité, pour exprimer notre identité. Pourtant, une tape
chaleureuse sur l'épaule, un mot d'encouragement, un soutien persistant
nous manquent pour nous réaliser. Pas besoin d'énumérer la solitude et
les épreuves qu'endurent des gays. Et les adolescents hétéros qui ne
répondent pas aux attentes de leur entourage ne sont pas mieux lotis.
Le rôle de genre assigné
aux jeunes mâles et aux adultes frais émoulus des incertitudes de
l'adolescence est celui d'un personnage préfabriqué. Il correspond mal à
notre individualité, à nos attentes et nos qualités; il ne tient pas
compte de nos hésitations naturelles. On attend de nous une combativité
(les imbéciles parlent d'agressivité), de la ténacité, des aptitudes
scientifiques, sinon des talents manuels, etc., vous connaissez la
liste. Et en même temps, la capacité du travailler ensemble, le contraire de la loi du plus fort qui domine notre société.
Légion espagnole.
Tout cela afin de nous lancer dans la vraie vie,
un filet de lois, d'interdits, de tiraillements, d'escroqueries et
d'attrape-cons. Comment survivre, comment se sortir du découragement ?
C'est là qu'une fraternité virile pourrait nous engager dans une
société plus agissante, plus compétente. C'est là que la solidarité
entre humains -- femmes et hommes -- nous accorde l'appui indispensable.
Les camps où l'on apprend à exercer notre assistance entre mecs sont un
bon plan de départ. Ils permettent de trouver des soutiens parmi les
aînés pour pallier à une absence paternelle; ou au contraire à retrouver
de l'enthousiasme auprès de jeunes participants. Ceux qui n'ont pas
connu la rivalité au sein d'une fratrie y rencontrent l'occasion
d'apprendre l'art de négocier, tant dans le milieu professionnel qu'en
couple.
Pisser comme des gamins.
Vive la confrérie des mâles en camp de vacances, prêts à se soutenir dans une aventure nouvelle.
André
"Penis Park" en Corée.
Des "civilisés" dans le plus simple appareil.
Des "sauvages" beaucoup plus expressifs.
Des "intellectuels" sans inspiration.
Du balcon, on lance des colliers aux plus beaux mecs.
Camp de vacances pour développer un autre rapport à la virilité par le soutien fraternel.