Jeudi dernierle monde occidental -- ou ceux d'entre nous qui se
préoccupent encore des horreurs du siècle dernier -- a commémoré la
libération du camp de concentration
et d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau par les troupes
soviétiques,
le 27 janvier 1945. La tragédie des victimes de l'Holocauste met en lumière toutes sortes d'évènements actuels et anciens. Comme le détournement
de l'étoile jaune par les complotistes anti-vaccins, ou le trou de
mémoire concernant environ cinq millions d'autres victimes du génocide
nazi (parmi lesquels beaucoup d'homosexuels) à côté des six millions de
Juifs.
Sous Hitler à partir de 1935, des familles juives qui avaient vécu en Allemagne depuis de nombreuses générations perdirent
leurs droits de citoyens et furent considérées comme indésirables parce
que n'appartenant pas à la race dite aryenne, supérieure à toutes la
autres. Et la loi contre la sodomie "Paragraph 175" datant de 1851 qui
n'était plus appliquée fut renforcée, les arrestations devenant
nombreuses, ainsi que les incarcérations et même les mises à mort. Il
suffisait que deux gars donnent l'impression de s'intéresser
sexuellement l'un à l'autre pour qu'ils soient appréhendés.
De 1935 jusqu'au début de la guerre en 1939, près de 78'000 hommes
considérés comme homosexuels furent coffrés, certains d'entre eux
enfermés en institution pour malades mentaux, d'autres placés devant le
choix entre la castration ou la prison, et finalement internés dans des camps
de concentration. Là, ils furent battus et abusés par les gardiens et
par des prisonniers qui les repéraient à leur triangle rose. Sinon
soumis à des expérimentations médicales par des chercheurs. Pierre Seel,
survivant d'un camp près de Strasbourg, a écrit comment son compagnon
âgé de 18 ans avait été dévêtu par des gardes SS et dévoré par leurs
chiens.
Ci-dessous figure la classification des catégories de prisonniers enfermés dans le camps de concentration de Dachau. Les étoiles et les triangles étaient attachés à leur uniforme.
En plus de l'anéantissement de six millions de Juifs de diverses
provenances, le Gouvernement national socialiste allemand a procédé à
l'extermination de nombreux étrangers, de déserteurs, de prisonniers de
guerre soviétiques, de tziganes, d'handicapés physiques et mentaux, de
Témoins de Jéhovah et d'homosexuels arrêtés ou dénoncés dans les pays
que l'armée nazie avait occupés. Soit environ cinq millions de personnes,
toutes jugées indésirables ou inférieures, donc figurant parmi les êtres
dont on pouvait se passer.
Longtemps après la guerre, les gays ont continué à faire partie de la
catégorie des humains superflus. Par exemple lors d'une contestation à
New York il y a une dizaine d'années. L'administration de la ville
avait prévu de disposer des pierres commémoratives dans un parc consacré
à la mémoire des victimes de l'extermination nazie. Ce qui fut fait. Mais un Comité de l'holocauste -- qui n'était pourtant pas
propriétaire du parc -- s'est opposé à l'inscription de pierres
concernant le meurtre des homosexuels par les nazis. Il a fallu de nombreuses
années pour que les pressions politiques et religieuses qui soutenaient la communauté
orthodoxe juive cèdent enfin et que des textes dédiés à la communauté gay, ainsi qu'aux autres non-juifs, puissent être exposés.
Plaques commémoratives installées dans l'ancien camps de concentration de Buchenwald, près de Weimar, en souvenir des homosexuels, des Témoins de Jéhovah et des déserteurs de la Wehrmacht (l'armée nazie) qui ont été exterminés avant et durant la guerre.
Pour
ceux d'entre nous qui ne sommes pas attirés par les tatouages -- sur
notre peau ou celle d'un/e autre -- il est éclairant d'entendre un
tatoué analyser ce qui l'a motivé. Cela permet d'éclairer un peu les
ténébreuses justifications des rebelles à la vaccination actuelle. Loin
de moi l'idée de comparer les amateurs d'art dermographique -- qui ne
mettent pas la société en danger -- aux antivax qui propagent la
rébellion et retardent le rétablissement de la normalité. Voici le
témoignage d'Alex, un passionné du tatouage.
"Les
stigmates accumulés sur ma peau d'une séance à l'autre témoignent du
besoin d'inscrire les étapes de ma vie pour en saisir le sens. Adulte
maintenant, je le fais de manière plus apaisée. Mais oui, c'est bien de
stigmates dont il s'agit. J'ai été élevé dans une famille religieuse où
je me sentais enfermé dans un système qui ne convenait pas à ma nature
profonde. Les premiers tatouages ont traduit ma rébellion, en secret.
J'ai demandé d'avoir une chambre à moi car je ne voulais pas que mon
frère voie ces griffures. Dans mon milieu, on considérait les tatoués
comme des marginaux, des ratés.
"Ne me libère pas, je m'en charge."
"Mais
il fallait que je quitte ma double vie. Pas facile parce que j'avais
été jusque-là le brave petit chrétien dont ses parents étaient fiers.
J'ai quitté l'Église à l'âge de 19 ans et affiché le premier signe
extérieur en me faisant percer l'oreille gauche. Pas la droite qui
aurait signifié que j'étais gay aux yeux de mon entourage. Ont suivi les
premiers tatouages discrets sur mes bras. Puis ma sortie du placard et
d'autres piercings. Une partie de ma famille et mes copains de l'Église
m'ont rejeté. J'ai essayé de cacher ma dépression; une amie l'a perçue
et m'a aidé à surmonter la tentation du suicide. Avec l'aide du
tatoueur, j'ai trouvé des symboles pour illustrer ces cicatrices de mon
âme.
Un si long poème...
"Je
me trouvais à un grand carrefour de ma vie: entreprendre les études que
souhaitait mon père ou suivre mon propre chemin. Indécision traduite
par de nouvelles griffures. Puis chagrins et humeurs, comme la mort d'un
cousin très proche et la fin d'amours passagères...
Après -- Avant
"Les
temps changent. Désormais, la majorité des tatouages sont choisis pour
leur look. Certains révèlent plus tard leur signification cachée.
D'autres mettent leur propriétaire dans l'embarras parce qu'ils
décrivent une étape de sa vie qu'ils voudrait oublier. Les miens me
rappellent comment j'ai évolué. C'est ça le stigmate: un souvenir
salutaire, une marque déposée sur le corps... Le
nombre des motifs qui balafrent un corps humain est limité, même s'ils
envahissent le crâne, l'intérieur de la bouche et le sexe. Est-ce de
l'art ou du graffiti, sinon un rite initiatique ? La sensation de gêne,
voire de douleur que
ressent le tatoué durant la séance lui permet-elle d'inscrire une étape
de sa
vie, un engagement qu'il n'oubliera pas ? Voilà mon expérience. Vous
allez peut-être conclure que je suis cinglé..."
Revenons
aux colères et aux ténébreuses justifications des rebelles à la
vaccination. En tant qu'apprenti médium et chamane, je crois saisir qu'elle émargent des souffrances qu'ils ont traversées, mais pas
déchiffrées, ni soignées. Cela durant leur vie actuelle. Et peut-être
aussi au cours de l'une ou de plusieurs existences antérieures. Mais
pour le savoir et y remédier, il faut le comprendre. Et se donner la peine de chercher
la voie de la guérison...
André
Il se fait tatouer: "Le royaume de Dieu est en toi."
Cet animal sauvage que nous transbahutons où que nous allions -- le Membre -- nous occasionne toutes sortes d'ébranlements. Pipe-line d'écoulement, il oriente aussi nombre de nos émotions et se comporte parfois de manière autonome. Ce qui peut être enquiquinant, voire franchement gênant. Durant l'adolescence on découvre comment l'apprivoiser. Certes, il se dresse sans attendre notre accord. À nous de le domestiquer lui apprendre à rester érigé lorsqu'il doit entrer en scène, sinon à se faire oublier, ce que ce frimeur, ce m'as-tu-vu abhorre.
La plupart d'entre nous en usent, voire abusent. À mon sens, en abuser n'est pas un péché si on ne le violente pas, si l'on est reconnaissant de ses bienfaits, des services qu'il a pu nous rendre durant les moments difficiles. Plus tard dans la vie, nous traversons des étapes qui contrarient nos aspirations. Quant aux désirs de fraternité, de sensualité et d'amour auxquels notre Membre se joint, chacun les redéfinit à sa manière et selon ses prédispositions. Notre sève, notre existence, notre destinée et l'amour nous dirigent d'expérience en expérience...
Dans de nombreuses religions, sectes et gourouteries à travers le monde, c'est en jugeant des apparences que l'on choisit les dignitaires du clergé, plutôt qu'en se référant à une intuition
spirituelle. Qu'ils soient condamnés à la continence, ou pas, leur Membre est prépondérant. Ceux qui n'abusent pas de leur sexualité, ou
n'enfreignent pas leur promesse de chasteté, sont néanmoins complices
de leurs nombreux collègues abuseurs en ne les révoquant pas.
En Amérique du Nord, il est courant de parler de junk -- camelote -- en référence au service trois pièces. Comment voulez-vous que des mecs respectent et honorent les femmes, les personnes de couleur, les LGBQI+ si ils déprécient pareillement le trésor qui ballotte entre leurs jambes ? Dans les civilisations indiennes, moins axées sur la dictature de l'économie et du populisme, le Membre reliait le corps au cosmos. Il pouvait ainsi partager l'énergie et la sagesse universelles. Aujourd'hui, les gars qui ont appris à développer cette vitalité spirituelle -- enracinée au fond de chacun/e d'entre nous -- découvrent le lien qui unit sexe, coeur et âme au Grand Tout. Ce que certains nomment Dieu et d'autres la Conscience, la Connaissance, la Révélation...
Parfois, les tigres peuvent être aussi
violents que que des bipèdes et aller jusqu'à tuer, non pas pour
manger, mais pour exprimer leur capacité d'insoumission. En juillet
2019, au cirque Orfei qui avait fait escale à Triggiano dans les
Pouilles (Italie), un tigre s'est jeté sur son dompteur durant une répétition
de l'après-midi. Il l'a grièvement mordu et ses trois compères l'ont rejoint pour faire joujou avec le corps de cet homme qui ne
les dominait plus. Ettore Weber, 61 ans, n'y a pas survécu... Inutile de s'étendre sur l'anxiété qui s'empare actuellement des personnalités menacées de mort par des agités affairés sur les réseaux sociaux. Ni sur la nervosité de ces agités que les "élites" promettent d'emmerder, sinon de les noyer dans leur pisse.
Yul Brynner, le drôle d'animal, dans un français impeccable
Photo de George Platt Lynes.
Yul Brynner et Jean Cocteau.
D'origine helvétique par son grand-père paternel, l'acteur polyglotte Yul Brynner (1920-1985) s'est installé à Lausanne en 1959, puis dans d'autres demeures au bord du lac Léman sur lequel il aimait naviguer. Durant ses années dans le canton de Vaud, il a fréquenté d'autres artistes du cinéma installés en Suisse dont William Holden, le couple Richard Burton - Elizabeth Taylor et surtout Audrey Hepburn. En 1962, il a offert à la ville de Lausanne une somme d'argent importante en faveur d'un centre d'éducation... En privé, le photographe américain George Platt
Lynes (1907-1955) collectionnait des instantanés qu'il prenait de ses
amis, amants et assistants -- nus. Ou de modèles rémunérés comme Yul Brynner à l'âge de 22 ans, récemment arrivé de France aux USA, qui avait besoin de pognon pour payer ses cours de théâtre à New York.
Résumons: notre Membre, cette entité douée d'une profonde sagesse
que nous enfouissons dans un slip à l'abri des regards, il est capable de traverser
des couches de tissus et de pruderie pour communiquer avec le vaste
monde et participer à son évolution. Il a besoin de partager ses
découvertes, ses émois et ses questions avec d'autres Membres -- hétéros
et homos. Mais l'éducation qui l'incite à enfouir ses problèmes (et ce
qu'il croit être des faiblesses) s'y oppose. Alors il explose comme les
tigres en captivité ou il se réfugie dans le secret, comme un acteur qui
joue des rôles au lieu de les vivre.Eh les gars! Laissons notre sacré Membre vivre pleinement... et pas seulement sexuellement.