dimanche 22 janvier 2023

Je me gratte les boules, donc j'existe -- un réflexe préhistorique





"Cogito, ergo sum, je pense, donc je suis" écrivait René Descartes en 1637, pour exposer un fondement de la connaissance humaine. Aujourd'hui, le mâle de l'espèce pourrait s'envisager ainsi: "Je me gratte les couilles, donc j'existe" (et je suis le roi de la création). Mais il n'ose plus le déclarer ouvertement, au risque de se faire dénoncer aux force de l'ordre. En ville, les femmes sont en train d'atteindre l'égalité des genres: on les voit presque aussi souvent que les hommes marcher en fixant leur portable. "Je ne pense plus par moi-même, donc je suis."






En tant que gars qui préfère l'amour au masculin pluriel, je chante: "I am what I am, je suis qui je suis" (de la comédie musicale américaine La Cage aux folles). Proclamation qui a pour moi la valeur d'un cantique. J'ai les larmes aux yeux chaque fois que j'entends cette chanson. Elle incarne l'évolution qui s'est produite, graduellement, tout au long de ma vie. La société occidentale reconnaît enfin que je suis un être humain égal aux autres humains. J'en étais persuadé dès l'enfance, mais eux l'ignoraient.











Oui des couilles, parlons-en. Ce sont elles qui font que la majorité des mâles sont considérés comme des reproducteurs, des étalons sur quatre ou deux pattes. Pourtant, là aussi, ce sont les femelles de l'espèce qui remplissent le plus gros de la tâche. Spécificité du "sexe fort" ce sont ces deux petites boules fripées qui rendent notre entre-jambes si fragile. Elles ont besoin d'être protégées des regards et du froid, suivant les mœurs ou le climat. D'où la confection de toutes sortes d'étuis, de feuilles, de coquilles, écrins ou poches.






D'après les multiples récits de nos origines, Dieu et les Dieux ont créé ciel et terre, puis la nature et les animaux, finalement les humains. Les animaux étaient d'emblée dotés de leur parure définitive, poils, plumes, écailles, etc., alors que nos ancêtres étaient nus et dépourvus de machines à coudre. C'est à leur inventivité que nous devons les diverses protections de nos balloches et du goupillon qui les protégeaient durant la chasse ou la guerre et les dissimulaient au regard. Sinon les mettaient en valeur pour attirer les regards... On connaît l'histoire d'Adam et Ève, libres de toute entrave vestimentaire, qui mordirent dans le fruit de la connaissance du bien et du mal. Ce fut simultanément l'invention du péché originel -- qui leur a valu l'expulsion du paradis terrestre -- et celle du cache-sexe. "Leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes."


Au plafond de la Chapelle Sixtine (à Rome au Vatican) Michel-Ange a peint plusieurs épisodes de l'Ancien Testament. On y voit notamment Adam et Ève avant et après l'épisode du fruit défendu. Il semble qu'il s'agit d'une pomme, mais l'arbre est plutôt un figuier... Un pape plus frileux que celui qui avait commandité l’œuvre fit ultérieurement recouvrir les sexes nus par un artiste auquel on a donné le surnom de Il braghetonne,le faiseur de culottes. Ainsi est résumé le destin du cache-sexe qui traverse les siècles, sujet aux sensibilités religieuses et au besoin fondamental de liberté qu'éprouvent nos burettes.

Égypte antique: le dieu de la Terre fertilise le sol.

L'époque n'est pas si lointaine où les mecs ne portaient aucun sous-vêtement. Les pans des chemises étaient plus longs, ils protégeaient le sexe de la rudesse du pantalon et ce dernier des traces d'urine... Puis sont venus les caleçons. Les tailleurs demandaient à leurs clients "portez-vous à gauche ou à droite?" afin d'élargir la jambe du pantalon concernée. Je l'ai vécu. Puis sont arrivés les slips, terme emprunté au verbe anglais to slip signifiant glisser, à cause de la facilité de la mise en place. Le slip a participé à la libération sexuelle de mai 1968. Mais il n'abolira jamais le réflexe de plonger la main et de gratter ou décoller qui nous vient de la préhistoire, car il est lié à la survie de l’espèce. 

André


































5 commentaires:

tipol a dit…

Merci André pour toutes ces infos sur nos attributs. Pour compléter ton article, à voir en replay sur Arte : "Cache-sexes, un jeu d'artiste", un doc. sur l'histoire des caches sexes et des feuilles de vigne !
Bon dimanche Tipol

Xersex a dit…

Très intéressant. Je me sens bien en slip et parfois je me gratte les couilles.

L-J a dit…

Pour être complet il est aussi utile de rajouter que la plupart des hommes d’aujourd’hui se rasent ou s’epilent et bien évidemment quand ça repousse ça démange d’ou l’utilité de se gratter les couilles pour se soulager .

Anonyme a dit…

Aaaaaah, les bijoux de famille. Nous en prenons soin parce qu'ils sont précieux et que nous les aimons, n'est-ce pas ?
Dans la mode moderne, avec ses slips moulants et ses pantalons étroits, il est difficile d'égratigner nos attributs quand on en a envie. Mais quel plaisir irrésistible de se rendre nu dans la salle de bain le matin et de se faire dorloter les couilles.
Je te remercie une fois de plus, cher André, pour tes chroniques qui sont intéressantes, instructives et aussi drôles. Les photos sont un régal pour les yeux.

David Jean-Félix a dit…

Très bon choix de photos d'illustration.