dimanche 29 janvier 2023

Jésus et le "disciple qu'il aimait" : homos ou simplement potes ?




Jésus et Jean "le disciple que Jésus aimait", version homo du photographe Aaron Holloway.

À droite: la mort de Patrocle à la guerre de Troie.

La bromance, cette intimité entre hommes -- sujet abordé dans ce blogue depuis le début de l'année -- a toujours existé. Des récits du passé en témoignent, par exemple L'Épopée de Gilgamesh, ce roi mésopotamien amoureux du sauvage Enkidou, datant d'il y a 4500 ans... Beaucoup de juifs et de chrétiens pieux (probablement homophobes, sinon envieux de notre liberté sentimentale et sexuelle) prétendent que les Saintes Écritures condamnent l'amour entre personnes du même sexe. Ils n'ont pas perçu, dans l'Ancien Testament, combien était profonde l'amitié qui liait le jeune David à Jonathan, fils du roi Saül. Ni, dans l'Évangile de Jean, les cinq mentions concernant "le disciple que Jésus aimait".



Début de la bromance entre Jonathan et le jeune David qui vient de tuer le  géant Goliath. Jonathan se dépouille entièrement de ses vêtements princiers pour en revêtir David.

Lors de leur première rencontre "Jonathan s'attacha à David. Il l'aimait comme lui-même." Plusieurs épisodes racontent l'évolution de cette relation entre le fils du premier roi d'Israël et celui qui allait devenir le deuxième roi. Ils ont traversé plusieurs épreuves jusqu'à la mort de Jonathan sur le champ de bataille. Dans sa complainte funèbre David s'écrie: "Que de peine j'ai pour toi, mon frère Jonathan. Tu avais pour moi tant de charme, ton amitié m'était plus merveilleuse que l'amour des femmes." David deviendra roi, il aura plusieurs épouses et concubines... La condamnation de l'homosexualité chez les Hébreux s'explique parce que c'était une pratique des religions ennemies et qu'un petit peuple devait préserver tout son sperme pour assurer sa descendance.




Achille soignant Patrocle.

Durant la guerre de Troie, le Grec Patrocle a aussi trouvé la mort sur le champ de bataille. Et Achille, son compagnon, a donné l'ordre qu'à sa propre mort on mêle leurs cendres afin qu'ils soient ensevelis ensemble. En ces temps, la notion et l'obligation d'une seule orientation sexuelle par personne n'existaient pas. Les Phéniciens et d'autres peuples avaient même institué la prostitution sacrée féminine et masculine dans leurs temples. Les Grecs -- inventeurs de la démocratie pour les hommes libres, pas pour les esclaves -- avaient une épouse pour assurer leur descendance. Ils baisaient leur plus bel esclave et prenaient soin d'enseigner les règles de la virilité à un ado appartenant à l'élite.


Et nous voilà dans l'Évangile de Jean qui mentionne cinq fois la présence du "disciple que Jésus aimait". Une nouvelle traduction des quatre Évangiles due à Frédéric Boyer -- parue récemment à la NRF. -- modifie la perspective que nous avons du dernier repas de Jésus. Dans la Cène, peinture murale de Léonard de Vinci, Jésus est assis, entouré de ses douze apôtres. Le nouveau texte précise qu'il leur lave les pieds puis "s'allonge de nouveau". Oui, lors d'un banquet, on était à moitié allongé, appuyé sur un coude. Suivait le symposion où l'on buvait et discutait. Dans cette version, le texte ajoute: "Un de ses disciples est allongé tout contre Jésus -- celui que Jésus aimait."


Retour en arrière, au début du repas. Jésus "se lève du dîner et pose ses vêtements. Oui, il prend une serviette et s'en ceint. Puis il verse de l'eau dans la bassine, et il se met à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec la serviette dont il était ceint." Les gars sont très gênés: "Seigneur, toi me laver les pieds ? Jamais de la vie..." S'ensuit un dialogue -- incompréhensible pour eux -- dans lequel Jésus sous-entend qu'ils l'abandonneront à l'heure du sacrifice. Et "après avoir remis ses vêtements, il s'allonge de nouveau et leur demande: comprenez-vous ce que je vous ai fait ?"


Andrea de Castagno: Le dernier repas (1447).

Au pied de la croix, alors que le crucifié est encore en vie, il voit sa mère et, à côté d'elle, le seul disciple qui l'a suivi jusque là, celui qu'il aimait. Il leur dit: "Femme, vois ton fils. Puis il dit au disciple: Vois ta mère !" Peu après "il rend le souffle". Ce disciple qui, semble-t-il, partage un sentiment de grande affection avec Jésus est probablement Jean, l'auteur présumé de l'évangile portant son nom. Le "Fils de Dieu" et l'évangéliste étaient-ils des amants ? Certains d'entre nous le voudraient, cela les déchargerait et légitimerait leur orientation sexuelle vis-à-vis des bigots fondamentalistes qui les condamnent.







Pour Jeremy Whitner le Christ est auréolé des couleurs LGBTQ+.

Le photographe Christopher Olwage suit le texte de Jean rapportant que les soldats qui ont crucifié Jésus s'emparent de ses vêtements et les partagent en quatre lots.

Mon avis de militant gay : l'homosexualité n'est pas un péché et la bromance -- hétéro ou homo -- rend plus humain. La Bible a été écrite par des hommes -- oui, de pieux machos qui y ont déversé les préjugés de leur époque envers les femmes, les étrangers, les croyants d'autres religions et les LGBTQ+ (malgré toutes les incartades que ces auteurs ont eux-mêmes commises en secret). Depuis ma jeunesse dans les années 1950, j'ai vu la société occidentale évoluer par rapport aux injustices les plus flagrantes. Aujourd'hui, malheureusement, on assiste à des tentatives de retour en arrière. Elles sont organisées par des potentats que suivent les foules nourries de "vérités alternatives". Cela, et les autres catastrophes qui nous mettent actuellement en péril, devrait nous engager à réagir et nous atteler à la tâche. 

André








Sur la photo de gauche, Christopher Olwage reprend la légende médiévale concernant les noces de Cana. C'est là que Jésus a effectué son 
premier miracle transformant l'eau en vin (Jean 2:1-10). Et comme l'identité des jeunes mariés n'est pas mentionnée dans l'évangile, on peut imaginer qu'il s'agit de Jésus et du "disciple qu'il aimait". Car un texte, qui n'a pas été retenu dans la Bible, rapporte que Jean avait quitté sa fiancée pour se lier à Jésus.
 












2 commentaires:

Xersex a dit…

la Bible - un livre écrit uniquement par des hommes - contient de nombreuses références aux relations homosexuelles. Quant à Jésus, c'était un prédicateur, un homme et rien d'autre. Sûrement pas un dieu ni son fils. Alors lui aussi a peut-être eu des amitiés particulières et particulièrement intenses. Mais essayer de comprendre un texte si profondément modifié au cours des siècles, comme la Bible et les Évangiles, est une entreprise vraiment désespérée. N'oublions pas qu'il s'agit en fait de mythologie maintenant crue, et rien de plus.

badinguet a dit…

aucun dieu n'est venu sur terre pour écrire , les "saintes écritures" ne sont que des livres écrits par des chefs pour diriger les populations, de mème pour les autres religions, juifs, musulmans, etc !