Le cache-sexe, on le sait, est un triangle qui met en évidence ce qu'il couvre. Durant quelques années, j'ai fréquenté une plage naturiste non loin de chez moi. Un jour, les autorités du village dont dépend cette étendue de cailloux sous les vignes, au bord du Léman, ont décrété qu'elles feraient amender les "culs nus" -- c'est ainsi qu'elles nommaient les usagers. Dès lors, descentes de police et amendes aidant, les nudistes ont revêtu non sans grogner le minimum exigé: triangle de coton et fil dentaire. Et j'ai pris conscience d'un étrange phénomène: le petit bout de tissu attire plus le regard que la nudité (du moins, après les quinze premières minutes de curiosité lors de la première baignade sur une plage naturiste). Donc, comme disait l'exhibitionniste (antonyme de nudiste) "je mets mon cache-sexe pour mieux le montrer." Montrer quoi? Le sexe, pardi!
Le chapitre 3 de la Genèse nous rapporte que le serpent était le plus nu de tous les êtres vivants; et qu'après avoir goûté de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, Adam et Ève ouvrirent les yeux sur leur propre nudité. Les chrétiens fondamentalistes, adversaires de l'évolutionnisme, situent l'événement il y a 6000 ans.
Des archéologues ont déterré la trace des premiers moule-burnes de l'humanité en Afrique sub-saharienne. Cette invention remonte à 75'000 ans et ne concernait à l'origine que les mâles, dans le but de protéger et soutenir le précieux paquet. Imaginez une promenade à poil dans le jungle, sans machette pour ouvrir un chemin parmi les branches, les lianes coupantes, les ronces, les orties géantes et tous ces insectes en quête de peau moite et plissée...
Aujourd'hui, les moule-burnes remplissent toujours leur service de soutien et protection. S'y ajoutent les fonctions de pudeur et de mise en évidence, dont on n'avait pas besoin dans un monde tropical et nu.
André
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