Samedi dernier, avant-première sous les étoiles et sur grand écran du film
Sâdhu, Seeker of Truth en présence du réalisateur suisse Gaël Métroz. Public baba (surpris, admiratif, ému) par ce portrait d'un sâdhu indien, un ermite baba cool, droit sur ses pieds, en quête de sa propre vérité -- pas celles des temples ni des gourous. Suraj Baba, né à Darjeeling, famille bourgeoise, études supérieures (philo, littérature de Hermann Hesse à Saint-Exupéry), vit dans une grotte à 3200 mètres d'altitude entouré de sommets himalayens à couper le souffle. Il pratique ses ablutions à poil dans la rivière, hiver comme été.
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Suraj Baba: un corps de jeune homme, un esprit lucide. |
À la manière dont il se remet en question devant la caméra du jeune cinéaste (qui s'est installé dans la grotte voisine), ce mec pourrait être notre frère, à nous qui tentons de vivre plus simplement et cherchons notre voie loin des doctrines et des Églises, en respectant l'éthique chrétienne et l'apport des autres grands religions -- dépouillées cependant du fatras bling-bling des rites et de la fausse morale.
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Dans la grotte voisine: Gaël Métroz. |
Au fil du pèlerinage qu'il entreprend en compagnie de Gaël Métroz, après huit ans de solitude dans sa grotte, Suraj Baba raconte, en peu de mots, dans un anglais parfait (sous-titres anglais-français ou allemand), comment il gère son célibat et son désir -- pas refroidi -- d'aimer et de prendre soin d'une belle personne. Bien qu'ancré dans le renoncement, il ne se gêne pas de boire un coup dans un troquet de Katmandou où il emprunte la guitare de l'orchestre et laisse aller son inspiration, paroles et musique (il a joué du rock dans sa jeunesse). Il traite de clowns ses collègues sâdhus babas qui font trempette au grand rassemblement de la Kumbha Mela (soixante millions de pèlerins), qui jeûnent et se pètent au ganga, exposant leur nudité cendrée et leurs tignasses fileuses; ou leur richesse, juchés sur un éléphant. Ce n'est pas auprès d'eux que Suraj Baba trouvera la réponse à ses questions, ni sa place dans la société.
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Un Baba timide après tant d'isolement. |
Gaël Métroz a rencontré de nombreux sâdhus avant de trouver ce personnage inattendu, qui a détruit en lui "le mythe de l’ascète désincarné, du
saint homme tel que le considèrent aussi bon nombre d’Indiens". Suraj Baba se situe "à la fois dans et hors du monde"; il concilie non sans dilemme dépouillement et pensée moderne, maîtrise du corps et développement personnel. Généreusement et honnêtement, il nous fait part de sa quête, accompagné en cela par un cinéaste attentif, discret (trop!) car il ne commente rien, et généreux en images majestueuses. C'est impressionnant ce que l'on peut filmer aujourd'hui avec une caméra de petite dimension qui capte aussi un son excellent.
Licencié en littérature française, philosophie et histoire
de l’Art, Gaël Métroz a réalisé précédemment le splendide et courageux
Nomad's Land, Sur les traces de Nicolas Bouvier (2008), film qui a reçu le Golden Gate Award au Festival international du
film de San Francisco et a été primé au Mexique et en Chine.
Sâdhu sortira en salles dès fin septembre.
André
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