mardi 11 septembre 2012

Réunion des princes de la principauté D'Àpoil au bordello




Il faisait beau au bord de l'eau samedi et je m'y suis rendu avec un taboulé à ma façon (semoule de blé dur, légumes du jardin rôtis, tomates fraîchement cueillies, olives et féta chèvres-brebis de Grèce). Suffisamment pour quatre hommes, sans savoir qui partagerait le repas. Attitude héritée de ma mère qui invitait toujours à la sortie du culte les solitaires à nous rejoindre (père, cinq enfants) pour le repas dominical.

Ce samedi, le prince de Hanovre était chargé d'apporter les boissons, eau, vin, café, et les desserts, fruits, petits gâteaux (Allemand d'origine, il nomme à la française ce que nous Suisses appelons biscuits). Sur les rochers du bordello, j'ai fait la connaissance du prince des Migrations qui m'en a appris sur la politique migratoire helvétique et la libre circulation des personnes à travers l'Europe -- ce dont les délégués du Parti socialiste était en train de débattre en congrès au même moment. Exemple: une bande commet plusieurs arnaques à Marseille en suivant un certain type de scénario. Puis elle monte sur Lyon par étapes. Ensuite: Genève où elle utilise le même truc, continuant à travers la Suisse pour descendre sur le Tessin (Suisse italienne) où les banques et les commerces de luxe ne manquent pas. Avant de disparaître au sud. Les polices française, suisse, puis italienne s'informent et suivent cette progression pour tenter de choper la bande.

Arrive le prince de Florence qui se joint au repas. C'est un bel homme très cultivé qui s'applique à le faire savoir. Quant au prince de Venise, il croise plusieurs fois au large, nageant très sportivement. Plus tard il s'approchera et nous lui demanderons comment se sont déroulées les vacances dans ses terres ancestrales. Il avait beaucoup parlé, avant de partir, de tous les amis qui viendraient l'y rejoindre. Mais là, princièrement, il n'a plus envie; cela ne s'est peut-être pas si bien déroulé... (Pourquoi avons-nous besoin d'enjoliver la réalité, au lieu d'en capter les bons moments?)



Arrive le prince du Collège. Lui vit dans du concret. C'est le défenseur des enfants et des étrangers en situation délicate; il ne se gêne pas de dire leurs quatre vérités aux gens placés qui promettent, mais n'agissent guère. Il fait bouger les choses pour les opprimés en étant tour à tour combatif et diplomate. Il a l'expérience des petits métiers dont tout le monde profite sans s'intéresser à ceux qui les exercent. J'admire son intelligence et se joie de vivre.

Le prince de la Coiffure nous rejoint. Et, alors que nous déplorons l'absence du prince des Urgences, en dépression (qui ne le serait pas dans cette profession?), Coiffure et Collège racontent comment ils ont cessé de prendre les médicaments qui leur avaient été prescrits durant leur dépression. "Je voyais tout en rose, je planais: ce n'était plus moi; de plus, j'avais des palpitations," résume le premier. Le second explique qu'il a pris la décision qui devait le guérir: changer de métier.

Le prince de Médiums (moâ) leur demande s'il ont vu l'émission de TV qui ridiculisait l'École de médiumnité dont il suit les cours. "Non!" Mais personne ne lui demande comment se passent ses premiers pas dans ce monde étrange... (Pourquoi avons-nous tant besoin qu'on s'intéresse à nous?) Entre-temps, Migrations est allé nager. Le prince de Florence le rejoint derrière un bouquet d'arbres et les branches s'agitent. Un autre prince qui en pinçait pour Florence (me semble-t-il) peut le remiser au dossier des futurs ex... Notre vie sentimentale ressemble parfois au tango: on esquisse à peine quelques figures, puis on passe à un autre mec.

André


5 commentaires:

Guy Zulma a dit…

Il est plaisant cet article car il me rappelle cette "ancestrale" tradition du milieu homosexuel d'attribuer des pseudos époustouflants à ceux qui en forment les arches ou en sont les piliers. A cette occasion, on relira utilement l'excellent opus de Jean Genet "Notre-Dame-Des-Fleurs" et ses descriptions du milieu parisien de l'époque.

renepaulhenry a dit…

Adorable journée...

André a dit…

C'est vrai Guy et je n'y ai pas pensé en rédigeant ce billet. Pourtant ma jeunesse date de cette époque qui m'a certainement influencé, bien que je me sois surtout tourné du côté des États-Unis pour apprendre à vivre mon homosexualité le plus ouvertement possible tout en m'intégrant dans la société à travers ma profession.
À part cela, si j'étais jeune aujourd'hui, je retournerais en Argentine, mais pour y vivre quelques mois et apprendre à danser le tango avec un homme.

unnu a dit…

Bonjour André, j'aime beaucoup le ton de cette article, dans l'immédiat, c'est ton média en attendant d'être médium, j'ai été voir sur la toile la présentation de ton école, je trouve courageux de se relancer dans des études, je n'en serais pas capable.c'est sur que c'est un sujet très controversé, mais je pense que bien des sujets consensuels doivent être remis sur l'établi du doute afin d'être retravaillés, j'espère que tu nous fera quelques beaux articles sur le sujet, mais ne te presse pas, avant, engrange les connaissances pour nous en fournir la substantifique moelle.
bonne soirée . amitiés Unnu.

Philippe a dit…

Cher Prince des Media de Layeur et vous autres gentils Seigneurs du Bordelho...
Je me plais à constater que, dans votre lointaine contrée, aux marches du Royaume, la vie suit son cours avec ses joies, ses soucis, ses douceurs et ses petits crève-coeur... Tout comme ici. Et j'ens suis heureux. un jour, peut-être, viendrais-je vous présenter mes lettres de créances.
En attendant c'est à votre barde-chroniqueur que je m'adresse:
Oui ! J'ai vu cette émission. (tu penses bien que je n'allais pas la manquer). Et, ma foi, je n'y ai pas vu cette "ridiculisation" dont tu parles... ou, en tout cas, pas autant que toi. Peut-être est-ce parce que j'ai appris à être très circonspect avec la Presse... à lire entre les lignes... à regarder plutôt les bords de l'image... Comme dans un concert, j'aime bien suivre le discret continuo, autant que les brillantes envolées des premiers violons...
Peut-être aussi parce que j'accorde autant, si ce n'est plus, d'importance à l' "implicite" qu'au "trop clairement explicite"... D'ailleurs, ne me l'aurais-tu pas reproché ici ou là ???

Et pour en revenir à l'émission TV, j'ai trouvé le discours d'un des intervenants de cette école (un mec env. 50 ans) tout a fait sensé et convaincant... malgré ses cheveux aux épaules !

Belle suite... et tiens-nous au courant.

Philippe.

PS: je te signale que je commence à avoir de plus en plus de peine à te "prouver que je ne suis pas un robot"...!