dimanche 24 juillet 2022

La variole du singe s'attaque à notre sensualité mâle et gay




La transmission de l'orthopoxvirose simienne, dite variole du singe, se produit principalement par le contact direct d'une peau contaminée contre une autre, par la respiration, par le partage de linges (vêtement, drap, serviette de bain) et d'autres objets. Puisque, pour le moment, ce sont surtout des mecs gays qui s'infectent, j'en déduis que nous sommes plus tactiles et sensuels dans nos rapports que les hétéros. Sur la plage naturiste que je fréquente, j'observais l'autre jour un gars accueillir un couple de nouveaux venus. Dès qu'ils furent à poil, il a léché amicalement la bite de l'un, puis de l'autre pour leur souhaiter la bienvenue. C'était charmant, néanmoins peu recommandable cet été, surtout que le lécheur s'est ensuite enfoncé dans la forêt afin de poursuivre sa tournée de cajoleries.




La variole du singe est une bénédiction divine pour nos fervents détracteurs. Depuis le mariage pour toutes et tous, ils ne savaient quoi inventer pour faire abroger les lois qui nous protègent. Les plus débiles -- ceux qui prétendaient que, durant sa campagne électorale, Hillary Clinton était soutenue par des pontes du Parti démocrate qui auraient exploité un réseau pédophile dans le sous-sol d'une pizzeria à Washington -- ces débiles proclament maintenant que nous les gays baisons des singes. Et qu'il faut éviter tout contact avec nous, comme au début de la pandémie du VIH, lorsque le sida était "une maladie purement homosexuelle". (Aujourd'hui, à travers le monde, on estime que 54% des personnes vivant avec le VIH sont de sexe féminin.)





À la différence des années 1980, les experts insistent aujourd'hui qu'il ne faut pas nous stigmatiser. La variole du singe n'est pas une infection sexuellement transmissible dans le sens traditionnel du terme. Et elle est moins dangereuse et contagieuse que sa cousine la variole, éradiquée depuis longtemps. En général, elle guérit spontanément après deux à trois semaines. Concernant le VIH, il a fallu attendre 1996 pour qu'une triple combinaison de médicaments permette de soigner les malades. La médecine a progressé depuis, néanmoins le vaccin anti-sida n'existe pas encore... L'Agence européenne des médicaments a approuvé vendredi dernier l'utilisation du vaccin anti-variole traditionnel contre la variété nouvelle. (Il est produit au Danemark.) Samedi, l'Organisation mondiale de la santé -- si nulle au début de la pandémie du covid -- a décidé d'annoncer son plus haut niveau d'alerte concernant la variole du singe.




Au début de l'épidémie du VIH, la stigmatisation a occasionné beaucoup de contagions et de morts. Faire le test ou consulter un docteur signifiait qu'on était gay; or de nombreux gars n'avaient pas encore pu sortir du placard. Il fallait du courage pour affronter l'accueil malveillant ou méfiant qui nous était réservé chez de nombreux médecins et dans les établissements médicaux. Sida ou pas, nous avions tous la peste... Beaucoup de mecs déjà affaiblis par la maladie ont "crevé" seuls dans leur lit, faute d'un soutien familial. Seuls quelques camarades crânes et déterminés venaient les laver, les nourrir et les soutenir jusqu'au dernier soupir. À nous qui avons survécu sinon échappé à la contagion, ces victimes de l'abandon ont transmis une grande leçon. Auprès d'eux, nous avons découvert la solidarité. Parce que, ce n'est pas enfermé dans la solitude du placard qu'un adolescent gay peut apprendre l'entraide et la fraternité. Il faut pour cela être entouré de père, mère, frère ou sœur qui respectent notre orientation.

André
























4 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci André pour cet excellent article ! Une fois de plus la presse homophobe tente de noircir le monde gay.
Cependant, les experts ont souligné que tout le monde peut contracter la variole du singe, car elle se transmet par contact étroit ou intime, et les Nations unies ont averti que certaines représentations médiatiques des Africains et des personnes LGBTQ + "renforcent les stéréotypes homophobes et racistes et exacerbent la stigmatisation".
Les hommes gay doivent se défendre. Nous savons tous combien il a été difficile, historiquement, d'aborder des questions comme celle-ci en raison de la stigmatisation.
Kevin

François, mais pas pape a dit…

Cher André,

Depuis la rédaction de ton texte, les soit-disant spécialistes sont sortis de leur caverne déclarant qu'il faut absolument "rompre les chaînes de transmission" et éviter les baises et autres câlins sans protection, particulièrement avec des mecs inconnus. Ils ne nous disent pas comment le virus va circuler pour se transmettre aux autres orientations sexuelles. Gageons que les bisexuels feront le pont, particulièrement ceux qui se considèrent hétéros et n'utilisent pas la capote avec leur chère épouse pour éviter ce qu'ils croient être "des problèmes", mais en provoquent parfois de plus graves.

Pour évoluer, notre société devrait maintenant enfin accepter que toutes les sexualités sont égales en valeur et plaisir. Personne ne se déprécie en en pratiquant plusieurs, à condition de le faire avec affection et sans cachotterie.


Anonyme a dit…

Bonjour André.
Merci tout d'abord pour ton commentaire
qui me fait chaud au cœur, mais surtout pour ses centaines d'articles que tu écris depuis tant d'années. Ils m'ont permis de découvrir un monde que je ne connaissais pas. Grâce à eux ,j'ai compris que la différence était une richesse. Ils m'ont donné l'envie de chercher plus de renseignements sur mon identité. Mon identité de genre, J'ai un corps d'homme. Les autres me voient comme un homme. Je suis un homme, et je me perçois globalement comme un homme. Je me suis même construit cette carapace d'homme. Je suis cigenre, rien de plus banal.
Mon identité sexuel.A la puberté, J'ai maudit ce changement j'aurais voulu me castrer pour rester l'enfant gracile que j'étais. Ce besoin supplémentaire qui naissait en moi, rognait ma liberté. Je rougissais aussi bien avec une fille qu'avec un garçon mon attirance est à l'androgynie. C'est grâce a toi que j'ai osé avoir des relations avec mes pairs, et ouvrir mes sens aux plaisirs masculins.
J'ai aussi compris qu'il fallait s'engager pour promouvoir la richesse de la différence, défendre le droit d'aimer. Je revendique (en vrac)la douceur, l'art, la fête, la liberté, la paix, l'empathie, face au au rouleau compresseur de la violence fasciste.
Je m'excuse de la pauvreté de mes textes, mais les séquelles de la neuroboréliose, me provoque des douleurs aux méninges qui l'abrutissement complètement.
Encore un grand merci du fond du cœur.
Amitiés numériques... Unnu.

Xersex a dit…

il faut avoir peur de ces mouvements homophobes, plus que de la variole.