dimanche 10 juillet 2022

Le retour du bâton : après l'avortement, le mariage pour tous ?




Avons-nous vraiment obtenu le droit d'aimer ?

Les illustrations de cette page sont l’œuvre du photographe new-yorkais Ron Amato. En 2017, il a décidé d'émettre une déclaration politique. Trump avait choisi un vice-président foncièrement homophobe et son administration s'était engagée dans plusieurs mesures destinées à démanteler les acquis de la communauté LGBTQ+ dans la sphère de l'emploi, du logement, de l'éducation et de nos relations avec nos partenaires. Ron Amato a donc créé une série de photos pour exprimer son point de vue. Le symbole qu'il a choisi est un linceul blanc.


Le droit de nous attacher à qui nous avons choisi ?

"Tout au long de notre histoire, déclare le photographe, la communauté gay a tenté de rendre notre existence plus supportable pour les hétéros en déclarant, par exemple, qu'il "ne s'agissait pas de sexe, mais d'amour." À mon avis, c'est une fausse représentation de l'humanité. Contester à notre sexualité son importance c'est désavouer qui nous sommes, nous ces vibrantes créatures. L'attrait sexuel et sa réalisation sont à la base d'une vie saine et productive. Les hommes dans cette série de photos sont empêchés d'atteindre cet épanouissement parce qu'on leur refuse l'inaliénable droit à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur."

Avons-nous jamais eu la totale liberté d'être qui nous sommes ?

Permettez-moi un souvenir personnel. Au début des années 1980 j'ai participé à l'une des premières émissions de la Télévision suisse concernant l'homosexualité. J'ai demandé que mon nom paraisse à l'écran avec la mention de "président du club Symétrie". Je le pouvais car le directeur de l'entreprise où je travaillais était au courant. À l'époque, c'était un privilège rare. Les autres gars étaient filmés le bonnet bien enfoncé sur la tête. Le lendemain, nous regardions l'émission en famille, une de mes sœurs, ses deux petits garçons, notre mère et moi.

Sans nous cacher ?


Sans devoir mentir ?



L'introduction avait été filmée dans un spectacle de travestis. C'était l'époque de la "Cage aux folles" auxquelles on assimilait tous les pédés. Un de mes neveux a tout de suite réagi: "Mais qu'est-ce que ça affaire avec oncle André ?" Quelques jours plus tard, le plus jeune demandait à sa mère: "Quand je serai grand, est-ce que je pourrai avoir une tondeuse et quand même me marier ?" Car nous poussions ensemble la machine à tondre le gazon.

Soutenus par notre famille ?

En Floride, depuis le 1er juillet 2022, une loi "don't say gay" interdit de parler d'orientation sexuelle et de genre jusqu'à la troisième année scolaire. Et les parents doivent être avertis si leur enfant participe à des activités gymniques ou à un voyage sous la direction d'une personne qui a fait son coming out. D'autres États ont pris la même mesure et y ajoutent l'obligation, pour les étudiants transgenre de tout âge, de fréquenter les toilettes et le vestiaire réservés à leur sexe d'origine... Vous imaginez la fille devenue un gars à moustache entrant chez les femmes au lieu des pissoirs...




Avec la révocation du droit fédéral à l'avortement (qui frappe les plus défavorisées) et la libre circulation des armes mortelles, ces foutus États-Désunis sont en plein "backlash": un retour en arrière significatif. Les marchands de fusils et de munitions proclament: "Les citoyens achètent des armes pour assurer leur défense et celle de leur entourage; du reste, les armes ne tuent pas, ce sont des individus qui en prennent la décision." Quant aux citoyens séditieux, ils se justifient: "Grâce à cette liberté, nous avons la capacité de prendre les armes contre un gouvernement qui deviendrait tyrannique." 


Clarence Thomas, le juge le plus conservateur de la Cour suprême a évoqué la possibilité de remettre en cause d'autres lois. Par exemple: l'arrêt de 2003 contre les anciennes lois pénalisant les relations sexuelles entre personnes de même sexe. Puis l'arrêt de 2015 protégeant le mariage pour tous au niveau national. Et l'arrêt de 1965 qui consacrait le droit à la contraception. À quand le retour de l'esclavage ? Il offrirait un emploi à ces nombreux jeunes Afro-Américains emprisonnés pour des délits auxquels échappent les Blancs...




Ainsi va la montée du fascisme dans l'Amérique actuelle. Les blancs pieux prétendent respecter les commandements d'une Bible qu'ils n'ont pas lue. En fait ils suivent l'interprétation qu'en font les clergés évangéliques, voire catholiques, inspirés par des prophètes comme D.D.T. Oui, Donald Duck Trump, celui qui passe la main sous les jupes des jeunes femmes pour vérifier si elles sont véritablement vierges, comme elles l'ont promis de rester jusqu'au mariage. Cela aussi, c'est l'Amérique profonde, toujours plus proche d'une dictature islamiste. Une fausse masculinité règne dans ces milieux politiques où l'on considère que les gars LGBTQ+ ne sont pas dignes de vivre.

Et l'Europe, est-ce qu'elle va suivre ce modèle suicidaire ?

André













4 commentaires:

Dune a dit…

Cela fait peur.... L'Europe n'est pas épargnée malheureusement et même chez nous, en France, ces idées rétrogrades gagnent du terrain

tipol a dit…

On est toujours dans une situation fragile, malgré les acquis de ces dernières années. Nous vivons peut-être un des rares moment privilégié de l'histoire humaine en faveur des minorités ! Parlons en autour de nous que cela reste une valeur humaine acquise et juste.
Merci André

Xersex a dit…

Cela nous apprend et nous rappelle que les droits ne sont jamais acquis une fois pour toutes.

Mogador a dit…

Vivons dans la joie et fiers de qui nous sommes. Plus nous serons visibles, plus nous serons heureux et plus la société nous considérera. Merci André pour ce que tu fais et pour qui tu es .