Jésus et Jean "le disciple que Jésus aimait", version homo du photographe Aaron Holloway.
À droite: la mort de Patrocle à la guerre de Troie.
La bromance, cette intimité entre hommes -- sujet abordé dans ce blogue depuis le début de l'année -- a toujours existé. Des récits du passé en témoignent, par exemple L'Épopée de Gilgamesh, ce roi mésopotamien amoureux du sauvage Enkidou, datant d'il y a 4500 ans... Beaucoup de juifs et de chrétiens pieux (probablement homophobes, sinon envieux de notre liberté sentimentale et sexuelle) prétendent que les Saintes Écritures condamnent l'amour entre personnes du même sexe. Ils n'ont pas perçu, dans l'Ancien Testament, combien était profonde l'amitié qui liait le jeune David à Jonathan, fils du roi Saül. Ni, dans l'Évangile de Jean, les cinq mentions concernant "le disciple que Jésus aimait".
Début de la bromance entre Jonathan et le jeune David qui vient de tuer le géant Goliath. Jonathan se dépouille entièrement de ses vêtements princiers pour en revêtir David.
Lors de leur première rencontre "Jonathan s'attacha à David. Il l'aimait comme lui-même." Plusieurs épisodes racontent l'évolution de cette relation entre le fils du premier roi d'Israël et celui qui allait devenir le deuxième roi. Ils ont traversé plusieurs épreuves jusqu'à la mort de Jonathan sur le champ de bataille. Dans sa complainte funèbre David s'écrie: "Que de peine j'ai pour toi, mon frère Jonathan. Tu avais pour moi tant de charme, ton amitié m'était plus merveilleuse que l'amour des femmes." David deviendra roi, il aura plusieurs épouses et concubines... La condamnation de l'homosexualité chez les Hébreux s'explique parce que c'était une pratique des religions ennemies et qu'un petit peuple devait préserver tout son sperme pour assurer sa descendance.
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Retour en arrière, au début du repas. Jésus "se lève du dîner et pose
ses vêtements. Oui, il prend une serviette et s'en ceint. Puis il verse
de l'eau dans la bassine, et il se met à laver les pieds des disciples,
et à les essuyer avec la serviette dont il était ceint." Les gars sont très gênés: "Seigneur, toi me laver les pieds ? Jamais de la vie..."
S'ensuit un dialogue -- incompréhensible pour eux -- dans lequel Jésus
sous-entend qu'ils l'abandonneront à l'heure du sacrifice. Et "après avoir remis ses vêtements, il s'allonge de nouveau et leur demande: comprenez-vous ce que je vous ai fait ?"
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Au pied de la croix, alors que le crucifié est encore en vie, il voit sa mère et, à côté d'elle, le seul disciple qui l'a suivi jusque là, celui qu'il aimait. Il leur dit: "Femme, vois ton fils. Puis il dit au disciple: Vois ta mère !" Peu après "il rend le souffle". Ce disciple qui, semble-t-il, partage un sentiment de grande affection avec Jésus est probablement Jean, l'auteur présumé de l'évangile portant son nom. Le "Fils de Dieu" et l'évangéliste étaient-ils des amants ? Certains d'entre nous le voudraient, cela les déchargerait et légitimerait leur orientation sexuelle vis-à-vis des bigots fondamentalistes qui les condamnent.
Le photographe Christopher Olwage suit le texte de Jean rapportant que les soldats qui ont crucifié Jésus s'emparent de ses vêtements et les partagent en quatre lots.
Mon avis de militant gay : l'homosexualité n'est pas un péché et la bromance -- hétéro ou homo -- rend plus humain. La Bible a été écrite par des hommes -- oui, de pieux machos qui y ont déversé les préjugés de leur époque envers les femmes, les étrangers, les croyants d'autres religions et les LGBTQ+ (malgré toutes les incartades que ces auteurs ont eux-mêmes commises en secret). Depuis ma jeunesse dans les années 1950, j'ai vu la société occidentale évoluer par rapport aux injustices les plus flagrantes. Aujourd'hui, malheureusement, on assiste à des tentatives de retour en arrière. Elles sont organisées par des potentats que suivent les foules nourries de "vérités alternatives". Cela, et les autres catastrophes qui nous mettent actuellement en péril, devrait nous engager à réagir et nous atteler à la tâche.
André