Le nombre de photos d'hommes nus circulant sur les réseaux sociaux est
époustouflant. En dehors des gars qui ont posé pour des photographes
professionnels ou amateurs et des acteurs du porno, combien ont-ils
volontairement publié ces documents et combien se retrouvent-ils
victimes de piratage ou de copains insouciants ayant diffusé leurs
photos de partouze et de plage nudiste ? Sans parler des "pornos
vengeurs", des selfies piratés et des montages où l'on substitue un
visage sur une autre photo.
Bien avant les outils permettant de prendre des instantanés, les
peintres ont composé des autoportraits soit pour s'exercer, soit par
penchant. Puis est apparue la photographie dont il fallait confier le
développement à un spécialiste discret. Dans les années 1970 je me suis
procuré un Polaroid permettant d'obtenir une photo sur papier en
quelques minutes. Mon grand amour et moi avons organisé des prises de
vue pour faire connaissance de nos corps sous tous les angles. Chaque
tirage était coûteux, ce que n'imaginent pas les jeunes aujourd'hui...
| Simone Geraci : un gisant qui lui ressemble.
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Le peintre de Palerme Simone Geraci né en 1985 et l'Autrichien Egon
Schiele (1890) n'ont éprouvé aucune gêne à révéler le regard qu'ils
portent sur eux-mêmes. C'est cette découverte intérieure qui est
intéressante. Schiele était particulièrement fasciné par les corps
dénudés féminins et masculins. La grippe espagnole a mis un terme à sa
carrière. Peu d'egoportraits (selfies) circulant aujourd'hui sur les
réseaux sociaux sont aussi éloquents. Pourquoi ?
| Egon Schiele, autoportrait.
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Ils sont hâtivement diffusés sur un instrument rectangulaire qui tient
dans la main de son propriétaire et l'accompagne jour et nuit. Lorsque
cet individu marche en plein-air, au lieu de regarder ce qui l'entoure,
les passants, de contempler le sommet des arbres, les oiseaux et au lieu
de sourire aux enfants, de s'écarter pour laisser passer un vieillard,
elle/il avance aveuglément les yeux fixés sur son rectangle. Ainsi
s'exprime son obsession de soi et la vanité insipide des messages
qu'elle/il consulte.
Diffusé dans ce monde décérébré, l'autoportrait à poil -- réalisé à
la va-vite -- ne transmet aucun contenu humain. Sinon que son auteur/e
n'a rien d'autre que du plomb dans la cervelle, pas la plus petite
parcelle de réflexion ni de créativité. Et même si elle/il a flouté son
visage, les tatouages de ses bras dévoilent son identité. Nous nous
posons beaucoup de questions sur notre existence ici-bas. Sur notre
libido, éventuellement aussi notre genre ou orientation sexuelle. Sur
notre rôle, notre responsabilité envers autrui. Alors, quelle est
l'utilité de cette messagerie express perpétuelle ?
André
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| Selfie éléphantesque en Thaïlande.
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| Bien mieux qu'un selfie, cinq fois le même gars...
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7 commentaires:
Je me suis aussi fait deux egoportraits dont celui-ci : http://renepaulhenry.free.fr/moibrasecartes.jpg
où je flotte dans la nuit au dessus de la gare de Strasbourg... Effectivement, pourquoi pas ?
Le nu masculin a toujours été un genre mineur , le nu féminin étant beaucoup plus accepté je ne sais pas pourquoi? Sans doutes la morale judeo chrétienne acceptant pas et trouvant choquant de voir un homme nu , et puis comme rappelé dans l’excellent article certains peintres s’y dont essayés , puis la photo est apparu mais c’était compliqué car il fallait soit développer soit même où passer par un laboratoire , et puis est apparu les réseaux sociaux , les téléphones portables et on a assisté à un déferlement de photos nus d’hommes , le problème étant que certaines n’ont rien d’artistiques , de réfléchies ou de penser c’est juste le plaisir de se montrer nu , le sexe raide ou pas , sans vraiment réfléchir non plus au devenir de ces photos qui peuvent apparaître ou réapparaître des années plus tard .... J’ai moi même été modèle pour des photographes amateurs et professionnels mais j’ai toujours tout bien cadrer avec des contrats , peut être qu’après tout ça n’empêche pas certaines de mes photos d’être visibles, j’en sais rien et je m’en fout je suis sur aucun réseau sociaux.
Bonjour René-Paul et L-J,
Je ne me suis pas non plus inscrit sur des réseaux sociaux. Donc, je n'arrive pas à obtenir une version visible de ton egoportrait, René-Paul, elle est annotée "trop petit pour être modifié". Dommage !
André
Tu as la photo à cette adresse http://renepaulhenry.free.fr/moibrasecartes.jpg
RPH
dans ce monde dominé par les apparences, vous imaginez l'importance des selfies! Ils ne m'intéressent pas: je suis des hommes de substance. Mais je suis une exception. Je dois dire que la photo de Quinn (#9) se photographiant est magnifique. En réalité, ceux qui photographient des centaines d'images se photographient sous diverses formes.
"Le nombre de photos d'hommes nus circulant sur les réseaux sociaux est époustouflant" : je trouve moi aussi cela impressionnant et j'aurais bien aimé être ado ou jeune gay aujourd'hui. A mon époque, dans les années 80, pas de réseau social, pas de photo sur internet. J'ai vécu mon homosexualité tout seul jusqu'à ce que je parte faire mes études dans une grande ville.
Je ne partage pas cet avis, pour ma part.
Nul doute que le nu artistique inspire de grandes idées humanistes et existentielles. L'art classique est là pour nous le rappeler. J'ai moi-même les "lutteurs Arnolfini" sur la cheminée de mon séjour (la posture des lutteurs, nus, ne montre cependant pas leur sexe).
De nobles sentiments aussi, tels que l'amour et la sensualité...
Pour autant, au-delà de ces hautes considérations, la nudité c'est aussi la sexualité, la volupté et l'excitation des sens...
Pourquoi s'en priver ?
C'est agréable de mater des jeunes hommes nus, de scruter leurs parties masculines, de suivre le crescendo de leurs jeux sexuels et d'apprécier leurs orgasmes. Ce n'est pas moins humain que les postures artistiques ou sensuelles; seulement un autre registre...
Les selfies c'est le facteur, l'étudiant qui se rend au cours à vélo, le flic en patrouille qui contrôle vos papiers, le livreur de pizza, le joggeur du parc, le steward de l'avion...
Ils sont des milliers sur newtumbl.com.
Depuis sa légalisation au début des années 1970, le succès de la pornographie ne faiblit pas. Et ce n'est pas qu'un plaisir de mecs: les statistiques de PornHub montrent que 38% des inscrits sont des femmes.
Je rejoins en revanche votre exaspération sur l'omniprésence des smartphones dans les lieux publics. Un tableau qui, hélas, caractérisera désormais notre vie en société pour plusieurs siècles à venir...
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