dimanche 2 juillet 2023

Travestis et musclors : des mecs qui ont besoin de dépasser les bornes






La télé déborde de cauchemars en cuisine et de séries débutant par un meurtre. Pourquoi pas de turlupinades en couture et coiffure ? France 2 y répond depuis vendredi dernier avec Drag Race France, deuxième saison. Des créatures mâles respectables se transforment sous nos yeux en protagonistes d'une féminité exacerbée, portée à son paroxysme avec des moumoutes opulentes et des robes à faire congestionner un couturier parisien. Ces drag-queens sont aux déguisements ce que les bodybuildeurs sont aux muscles: du beaucoup plus qu'il n'en faut.

Les paillettes ou la barbe.

Le drag est un divertissement devenu populaire aux États-Unis depuis plus d'une vingtaine d'années. Il ne faut pas confondre ses interprètes avec les personnes transgenre qui perçoivent leur identité comme différente du genre assigné à leur naissance. Ni, en général, avec des personnes dites non binaires ne s'identifiant ni à un homme, ni à une femme.






Et, me semble-t-il, il y a aussi une différence entre un travesti et une drag-queen. Le travestissement consiste pour un gars à s'habiller en femme dans sa vie quotidienne. Tandis que le transformisme est un art où les acteurs s'habillent en femmes le temps d'un spectacle. En principe, les drag-queens se considèrent comme membres du clan LGBTQ+.

Les nouvelles reines du transformisme sur France 2.

Dans la compétition de Drag Race France qui compte onze participantes, dix appartiennent au genre masculin. La onzième est transgenre, soit un gars qui a entrepris récemment sa transition hormonale. Son nom d'artiste est Moon, la seule Suissesse du groupe et se définit comme "militante, déterminée à défendre la transidentité". Pour elle, ce qui importe de l'expérience en cours c'est la sororité avec les autres participantes. Dans le premier épisode, cette "sororité" était au cœur des relations entre les onze rivales pourtant concurrentes.








Comme il s'agit d'une télé-réalité, on se demande jusqu'où ce que nous voyons a été mis en scène. Est-ce que les tourments qu'ont subis ces personnes durant leur jeunesse -- qui nous touchent réellement -- sont partagés sans réticence ou figurent-ils parmi les contraintes du contrat ? Aux États-Unis un homme d'affaires a passé sans transition de l'animation d'une télé-réalité à la présidence du pays qu'il a dirigé à coups d'affirmations mensongères. Alors, tout est possible.

"Certains l'aiment chaud."


Maquillage de Tony Curtis.

Dans le film de Billy Wilder (1959) deux musiciens poursuivis par des tueurs se travestissent pour se cacher parmi les membres d'un orchestre féminin. À la fin, le plus moche des deux qui est dragué par un millionnaire lui déclare: "Nous ne pouvons pas nous marier." "Pourquoi ?" Il explique qu'il n'est pas une vraie blonde, puis qu'il fume comme un sapeur, enfin qu'il vit depuis trois ans avec un joueur de saxophone, et finalement qu'il ne peut pas avoir d'enfant. "Nous en adopterons, dit le prétendant" "Vous ne comprenez pas : je suis un homme !" "Eh bien, personne n'est parfait !" Pour l'époque, c'était un message positif concernant l'homosexualité, à dissocier de l'image d'efféminés qu'on nous associait.




Pièce de théâtre, puis film (1978) La Cage aux folles a renforcé cette réputation. À l'époque, beaucoup se cachaient par nécessité; cela permettait à ceux qui beurraient leur biscotte sans pousser des cris de passer inaperçus. En tant que mec ouvertement engagé contre les discriminations, j'ai renoncé aux biscottes. Et, dès que les abus sexuels commis par le clergé de l'Église catholique, apostolique et romaine ont commencé à fuiter, nous avons compris que les drag-kings du Vatican se foutaient de cette parole de Jésus citée dans l'évangile de Jean: "Si vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera." Elle est oppressante la vie qui vous interdit l'amour et la sexualité...

Vatican : la cage aux folles des drag-kings.

Aux États-Unis et dans quelques pays d'Europe, le racisme, la misogynie, l'homophobie et la falsification de l'Histoire redoublent depuis que les fondamentalistes religieux se sont associés aux partis les plus haineux et mythomanes. Ces groupes empreints de violence dangereuse clament que les drag-queens et les politiciens gays sont tous des "abuseurs", des pédophiles exploitant des mineurs emprisonnés. Et leurs disciples les suivent parce qu'ils ont besoin de déverser leurs colères.




Des hommes d'État font interdire l'avortement et la vente des produits permettant d'éviter une naissance. Ils font retirer de la vente et des bibliothèques les livres évoquant l'existence des LGBTQ+ afin d'éviter aux enfants de le devenir. Il y a peu, ils attaquaient le mariage pour tous qui allait mettre en péril les unions hétéros... Maintenant, ils s'en prennent avec des armes et des cocktails molotovs aux lieux où se rassemblent  les "abuseurs", minorités de tous poils.

André




The Cleveland Proud Boys partant en guerre contre les "abuseurs".







3 commentaires:

renepaulhenry a dit…

Merci pour ce tour d'horizon. Cependant je trouve Drag Race France deuxième saison, un peu, pour ne pas dire carrément, surjoué et assez vulgaire, donnant à mon sens une image déformée des homosexuels et de l'homosexualité.
Ceci dit c'est mon opinion et rien d'autre..

André a dit…

RenéPaulHenry,

D'accord avec toi. C'est la première fois que je regarde ce genre de spectacle et la dernière.

L-J a dit…

Sans avoir de préjugés ni pour les drag ni pour les culturisme j’avoue me reconnaitre ni dans l’un ni dans l’autre je suis tout ce qu’il’y a de normal voir banal et j’ai pas besoin de me transformer pour vivre ou’m’accepter