dimanche 16 juillet 2023

Flaubert, ses maîtresses, ses chers copains et ses coucheries homos


Flaubert jeune homme.



"Je suis doué d’une sensibilité absurde; ce qui érafle les autres me déchire. Que ne suis-je organisé pour la jouissance comme je le suis pour la douleur !" Ainsi se décrivait Gustave Flaubert (1821-1880) l'auteur français qui s'est ingénié à brouiller les pistes tout au long de sa carrière, ce qu'ont souligné les érudits qui ont  récemment analysé ses romans, ses amours et ses amitiés pour la Télévision française, sous la direction de François Busnel.


Chez Flaubert, selon certains analystes -- pas mentionnés dans l'émission -- il y avait incompatibilité entre les sentiments qu'il ressentait envers ses maîtresses, envers les prostituées et sa vie d'artiste. Il ne fallait pas que l'amour l'emprisonne. C'était par l'écriture qu'il pouvait préserver sa virilité. Dans des lettres personnelles dont il avait souhaité la destruction, on repère son fétichisme. Il se masturbait en contemplant une paire de pantoufles dans lesquelles était enfoncé un mouchoir taché du sang de son amoureuse Louise Colet. C'est à son très cher ami Alfred Le Poittevin que Flaubert a confié le plus de secrets. Ils se sont promis de ne jamais se marier, mais Alfred a rompu ce serment ce que Gustave a ressenti comme une trahison; la brouille entre les deux hommes fut définitive.

Maxime Du Camp et Flaubert.



À son ami Louis Bouilhet, il décrit un voyage (1849-1851) qu'il entreprend en Égypte et en Syrie-Palestine pour revenir par la Grèce et l'Italie, accompagné de Maxime Du Camp un copain d'enfance. "Puisque nous causons de bardaches, écrit-il, voici ce que j'en sais. Ici c'est très bien porté. On avoue sa sodomie, on en parle à table d'hôte. Quelquefois on nie un petit peu, tout le monde alors vous engueule et cela finit par s'avouer. Voyageant pour notre instruction et chargés d'une mission par le gouvernement, nous avons regardé comme un devoir de nous livrer à ce genre d'éjaculation. L'occasion ne s'est pas encore présentée, nous la cherchons pourtant. C'est aux bains que cela se pratique. On retient le bain pour soi (5 F, y compris les masseurs, la pipe, le café, le linge) et on enfile son gamin dans l'une des salles."


Dans une lettre suivante: "À propos, tu me demandes si j'ai consommé l’œuvre des bains. Oui, et c'est sur un jeune gaillard gravé de la petite vérole et qui avait un énorme turban blanc. Cela m'a fait rire, voilà tout. Mais je recommencerai. Pour qu'une expérience soit bien faite, il faut qu'elle soit réitérée." Plus tard, dans le Dictionnaire des idées reçues publié après sa mort, il définira ainsi le terme de pédéraste : "Maladie dont tous les hommes sont affectés à un certain âge." À Ernest Feydeau, alors qu'il détaille les problèmes rencontrés durant sa rédaction de Salammbô, il ajoute: "Peut-être qu'en me fourrant quelque chose dans le cul, ça me fera bander le cerveau. J'hésite entre la colonne Vendôme et l'obélisque."




Dans le blogue précédent, je décrivais les liens qui rattachaient les soldats de la Deuxième guerre mondiale les uns aux autres. Dans les pages de Salammbô Flaubert est explicite. "La communauté de leur existence avait établi entre ces hommes des amitiés profondes. Le camp, pour la plupart, remplaçait la patrie; vivant sans famille, ils reportaient sur un compagnon leur besoin de tendresse, et l'on s'endormait côte à côte, sous le même manteau, à la clarté des étoiles. Puis dans ce vagabondage perpétuel à travers toutes sortes de pays, de meurtres et d'aventures, il s'était formé d'étranges amours -- unions obscènes aussi sérieuses que des mariages, où le plus fort défendait le plus jeune au milieu des batailles, l'aidait à franchir les précipices, épongeait sur son front la sueur des fièvres, volait pour lui de la nourriture, et l'autre, enfant ramassé au bord de la route, puis devenu mercenaire, payait ce dévouement par mille soins délicats et des complaisances d'épouse."






Plus loin: "Les frères se contemplaient, les deux mains serrées et l'amant faisait à son amant des adieux éternels, debout, en pleurant sur son épaule. [...] Parfois deux hommes s'arrêtaient tout sanglants, tombaient dans les bras l'un de l'autre et mouraient en se donnant des baisers." J'ai trouvé cette documentation dans l'anthologie de l'homosexualité Les Amours masculines de Michel Larivière (Lieu commun, 1984).

André










 

7 commentaires:

tipol a dit…

Merci André, de nous éclairer sur ces facettes "inverties" de G. Flaubert.
Quand tu cites :"Les frères se contemplaient, les deux mains serrées et l'amant faisait à son amant des adieux éternels, debout, en pleurant sur son épaule" cela me fait penser aux écrits de Jean Genêt ! Peut-être bientôt un article sur lui ?
Bel été
amicalement
Tipol

renepaulhenry a dit…

Belle découverte pour moi des itinéraires sexuels de Flaubert. Et Maupassant, il a goûté aussi aux hommes ?
Tous des cochons, finalement !

RPH

Xersex a dit…

Les homosexuels complets représentent 10% de la population, mais les bisexuels représentent au moins 30%. Il n'est donc pas étonnant que de nombreux hommes (et femmes) aient des relations sexuelles avec des hommes et des femmes. Je pense que c'est beaucoup plus normal qu'on ne l'imagine.

Anonyme a dit…

MERCI POUR TOUTES CES INFORMATIONS.

Anonyme a dit…

Actuellement à la Fondation Gianadda à Martigny, dans le parc de sculptures, il y en a une d’un autre écrivain célèbre : Victor Hugo … dans le plus simple appareil, un bronze signe Rodin. Alors que pour apprécier de manière tactile les attributs du Minautore, trônant sur l’un des ronds-points de la ville de Martigny, il faut braver la circulation … À la Fondation Gianadda, il suffit de marcher sur l’herbe pour rejoindre cet imposant écrivain, dont aucune partie de son corps n’est couverte. Et là, afin de m’assurer de la qualité du bronze employé, j’ai promené mes mains sur les parties les plus charnues. Qui aurait dit qu’un jour tout un chacun pourrait soupeser les couilles, fort bien remplies par ailleurs, de Victor Hugo, ainsi que son chibre de fort belle taille. Mais tout le corps de Victor Hugo mérite la ballade de mains gourmandes et sensuelles. Et je suis disponible pour une visite guidée… de la Fondation Gianadda, étant un éminent habitant d’Octodure.

André a dit…

Bonjour Anonyme, éminent habitant d'Octodure !

Commentaire intéressant, merci ! Tu nous proposes une visite guidée, mais je n'ai pas trouvé "Éminent Anonyme" dans l'annuaire téléphonique, nique, nique... ni sous Octodure, ni sous Martigny.

Anonyme a dit…

J’avais l’intention de publier ma contribution sous un pseudo connu de la rédaction, mais Google m’a joué un tour pendable en me refusant la connexion à mon compte. J’ai bien pris note de ton intérêt André pour l’anatomie victorienne et c’est avec plaisir que je me dévoilerai en prenant contact sur ton adresse e-mail personnelle.