| Alejandro Jodorowsky, au naturel.
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| Psychomagique, art de guérison, 2020.
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Né au Chili il y a 94 ans, Alejandro Jodorowsky est un artiste
polyvalent, scénariste de bandes dessinées, réalisateur de
films joyeusement sacrilèges, acteur, romancier,
praticien de tarot divinatoire et
d'autres disciplines indisciplinées.Durant
les années 80, j'ai eu le privilège de suivre quelques stages
conduits par ses assistants ou lui-même. Imaginez une trentaine de
filles et de gars, nu/e/s comme des vers, s'adonnant au massage-grattage
d'un/e partenaire avec une spatule d'os. Cela de la tête aux pieds,
sans manquer la langue ni aucun des organes externes. Ensuite, les mêmes
adultes langeant un/e collègue. Puis, lors d'un stage
ultérieur, la reconstitution vivante de l'arbre généalogique des participant/e/s, avec larmes et éclats de rire. À Paris, "Jodo" a
animé des réunions et conférences ouvertes à tous concernant ses thèmes
préférés dont le tarot divinatoire. Elle est passionnante, la vie de jeunes explorateurs
de l'intérieur emmenés par un maître qui ne se prend pas trop au sérieux !
| Alejandro Jodorowsky, 2013.
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Voici un extrait de son livre
L'Arbre du dieu pendu [p. 133]. Teresa,
partie en tournée avec
Séraphin l'artiste de cirque chilien, écrit une lettre à Alejandro son
mari pour l'informer qu'elle ne reviendra plus jamais. "J'ai
cru t'aimer mais c'était seulement un besoin animal, des désirs du
membre d'un homme, d'avoir des enfants, des instincts qui ressemblent à
ceux des vaches. [...] Ni toi ni moi n'avons su caresser, être tendres,
nous fondre l'un dans l'autre. Toi dans ton monde, le Rebbé [rabbin],
Dieu, la fabrique de chaussure; et moi dans le mien, le pain, la maison,
l'excrément, la haine de la Création; séparés. [...] Tu m'as mise à ton
service, comme l'avait fait ton père avec son épouse et le père de ton
père, obéissant à la Grande Canaille [Dieu] qui nie par-dessus tout le
magique plaisir de la chair. Il est vrai que dans ma condition animale
j'ai cru t'aimer, mais je suis tombée amoureuse de Séraphin comme d'un
être humain. C'est une chose grandiose que tu ne peux pas connaître...
Ne crois pas que je n'ai pas été sincère, que je t'ai trompé. Comme
j'aurais voulu être fidèle jusqu'à la mort pour qu'en ce moment tu ne
souffres pas comme je sais que tu souffres.[...]
"Il
y a une semaine, nous avons donné une représentation dans la mine de
charbon de Lota [Chili]. Les mineurs ont voulu que nous descendions dans
les galeries profondes pour que le rire et le savoir habitent pour une
fois ce monde obscur. Séraphin a été plus brillant que jamais [...] J'ai ressenti ce qu'il
était en train de dire: "Tout est nourriture, même la douleur." [...] De retour dans la roulotte, Séraphin m'a
regardée, a eu des convulsions et est tombé à mes pieds en murmurant:
"La Vierge de la Nuit..." Je lui ai caressé sa nuque velue. Il a grimpé
vers moi comme un enfant et s'est installé entre mes seins.[...]
| La danse de la réalité, 2013.
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"Quand
il a senti la chaleur de mon regard, il a ôté son costume de clown et
m'a montré son corps tout entier, une sculpture vivante. Toute à
l'extase que me produisait cette nudité, j'ai étendu les mains et j'ai
laissé son sexe reposer entre mes paumes humides. J'étais habituée à ton
membre volumineux, dur, insensible, avec son arrogante tête nue. Le
pénis de Séraphin était pâle, fin, doux et surtout, complet. Son tendre
prépuce lui donnait un secret sensuel, une modestie puissamment
attirante, en fait une tranquille normalité animale, sans le coup de
couteau de la religion, sans aucun compromis avec Dieu. Quand tu me
pénétrais, Jéhova rentrait avec toi. Il avait ordonné qu'on te coupe un
morceau pour s'approprier tes plaisirs. J'ai embrassé cette peau avec
ravissement, avec ferveur et je lui ai offert toutes les ouvertures de
mon corps."
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Santa Sangre, film, 1989. |
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El Topo, film, 1970. |
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Lors d'un week-end au cours duquel chacun/e devait, à tout de rôle, présenter son arbre généalogique vivant en y plaçant les autres participant/e/s, Jodorowsky a envoyé dans l'escalier les deux gars qui représentaient mon compagnon assassiné et mon camarade mort du sida. Puis il s'est approché de moi et m'a décrit la suite de ma vie. Il ne s'est pas trompé dans ses prédictions.
André
P.S. J'ai commencé à publier ce blogue en mai 2008 et l'avais défini comme "une case d'hommes ni machos, ni soumis -- couillus tout simplement". En tout: 1819 textes. À 87 ans, je traverse une phase délicate, la première qui affecte ma santé depuis 25 ans de retraite. Je me propose donc de publier un blogue toutes le deux semaines. Au début, c'étaient plusieurs par semaine... Un grand merci à ceux qui n'ont pas seulement regardé les photos de beaux mecs, mais ont lu, voire commenté certains textes. Je vous tiendrai au courant. -- André.