jeudi 19 juin 2008

Se faire traiter d'enculé: plus pénible que de se faire mettre



Se faire mettre [par sa femme, par son homme] est un plaisir profond pour le mec détendu qui apprécie cette pratique et s'y est préparé. En revanche, se faire traiter d'enculé n'est jamais jouissif.

Voyons trois situations. 1) Un automobiliste insulte un autre automobiliste, qu'il ne connaît pas, et lui envoie un sonore "enculé!" en pleine gueule. Il ne fait pas allusion à l'orientation sexuelle de cet homme, il lâche sa colère avec le premier mot qui lui vient à l'esprit. 2) Un ado traite de pédé un camarade qu'il imagine homosexuel. Il exprime son dégoût et classe son interlocuteur dans la catégorie méprisée des êtres "différents". 3) Un garçon plus jeune qualifie un autre de pédé, comme il a entendu les grands le faire. Parce que sa victime préfère la lecture d'un bouquin aux jeux électroniques. Ni l'un ni l'autre ne savent exactement de quoi il en retourne, mais il est clair pour chacun que c'est profondément humiliant et qu'il y aura tabassage à la récré. Qu'il soit potentiellement gay ou non, le garçon insulté est victime d'homophobie. Les dommages résultant de l'homophobie et du racisme ordinaires sont ravageurs durant l'enfance et l'adolescence.

Le courage de ces jeunes mecs insultés et opprimés mérite d'être salué bien bas.

Jacques Fortin fait partie des responsables d'un réseau LGBT (LesbiGayBiTrans) Formation dans le Midi de la France. Ces spécialistes sont à la disposition des personnels qui s'occupent des jeunes (santé, enseignement, encadrement social) pour les sensibiliser aux souffrances et aux prise de risques liées à l'homophobie subie par les adolescents. Ces journées de formation sont prises en charge par les autorités locales ou départementales.

J'ai entendu Fortin en parler lors de journées consacrées à l'homosexualité à l'Université de Lausanne il y a deux ans. Hier, il était l'invité du Café politique de SolidaritéS Vaud et traitait un autre sujet: L'utopie homosexuelle et la World Cie. Ou: comment le libéralisme a étouffé Mai 68 et les autres mouvements de la jeunesse en ébulition à l'époque. Immense sujet qui donnera lieu à un bouquin lorsque la conférence brillante, dont c'était la première hier, aura été bien rodée. Jacques Fortin a publié "Homosexualités, adieu aux normes" aux éditions Textuel (2000).

|| Ulysse


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