mercredi 11 juin 2008

Aujourd'hui, c'était la "Journée de la queue" à Pékin



Le 11 de chaque mois, le Bureau de la construction du progrès culturel et éthique de Pékin le consacre à l'éducation des masses, en vue de comportements plus civilisés. Aujourd'hui, la leçon portait sur: former une queue d'attente disciplinée dans les magasins. Le mois prochain: une queue patiente devant les toilettes publiques.

Partout où il faut attendre, les Chinois poussent, passent devant. Ils ne respectent aucune règle de la circulation. Les crachats sonores des mâles, n'importe où, vous soulèvent l'estomac. J'ai souvenir d'avoir failli finir en paillasson dans une gare de Pékin, au moment où la grille s'ouvrait pour l'accès au quai. On ne pouvait pas entrer dans ce train sans réservation et le temps d'embarquement était suffisant, mais chacun poussait, se faufilait avec des monceaux de bagages: c'était en 1996, le dernier jour des festivités du Nouvel an chinois. Violent.

Le lendemain, je visitais Tianjin avec un ami expatrié qui travaillait dans la région et m'avait invité. Le petit-déjeuner s'était prolongé, nous avions bu beaucoup de café. Depuis un pont enjambant la rivière encore à moitié gelée, nous pouvions voir deux ou trois pêcheurs à la ficelle, flottant sur des chambres à air noires, le cul dans l'eau. Un cadavre était étendu sur la rive en pente, le pied gauche attaché à un poteau, la tête en contrebas. Tête et mains étaient d'une couleur indescriptible et avaient gonflé.

En Chine, il n'y a pas de salons de thé ni de petits cafés sympas au bord du boulevard. Ni des restaurants dans tous les coins. Des stands de bouffe en plein air, oui, mais sans WC. Finalement, j'ai trouvé un édicule public (une étoile, pas cinq comme sur la photo). En voici la description. Pas repérable de l'extérieur, sinon à l'odeur. A l'intérieur (4 m sur 3), trois cabines à la turque (juste un trou) sans portes ni papier, mur de séparation à hauteur d'épaules lorsqu'on est accroupi. Trois mecs les occupaient. L'un portait une toque de cuisinier et il n'allait pas pouvoir se laver les mains puisqu'il n'y avait aucune amenée d'eau.

Je cherchais une paroi contre laquelle me soulager et cela les faisait rire. Rien, sinon deux immenses bassines pleines d'urine à ras bord. Me voyant de profil, les types commentaient. Je riais avec eux et j'aurais voulu comprendre. Le petit doigt (de la main gauche) me dit qu'ils philosophaient sur l'acceptation de la différence des sexes (entre mâles) qui n'est pas forcément à l'avantage des Chinois.

Le 11 de chaque mois, nous nous pencherons comme les Pékinois sur des problèmes de queue.

|| Ulysse


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