dimanche 14 octobre 2012

Un prix pour vous, internautes, qui préparez l'Europe de demain !



Chapeau! à vous internautes de l'Union européenne pour le Prix Nobel de la paix qui vous a été décerné vendredi. Cela dit sans sarcasme. Coup de chapeau d'un vieux blogueur qui observe l'évolution de l'Europe depuis la fin des années trente. D'abord avec incompréhension (l'enfant de 4 ans confondait les Allemands avec le grand méchant loup), puis soulagement le 8 mai 1945, date de son neuvième anniversaire et de l'Armistice (congé scolaire ce jour-là!). Ensuite curiosité: à 15 ans (1951) il a eu le privilège de changer de langue et passer une année scolaire en Allemagne. Puis à 21 ans de poursuivre ses études à Paris. Enfin émotion, cela vous fera sourire: la création de la chaîne de télévision Arte, qui diffuse simultanément le même programme en français et en allemand, est pour lui le symbole de la volonté de se comprendre par-dessus les frontières!

Ce blogueur réside dans l'enclave helvétique, au milieu de concitoyens qui désiraient, comme lui, adhérer à l'U.E. et d'autres qui ont voté non et jubilent aujourd'hui -- ces tristes égocentristes à la courte vue.

Le lac Léman, entre France (au centre) et Suisse (premier plan et rive droite).


Internautes et blogueurs européens, je vous en conjure, ne vous laissez pas entraîner par le défaitisme, le je-m'en-foutisme ni le manque de vision et de couilles de vos politiciens. Poussez-les au cul, combattez-les, remplacez-les! Et considérez le malaise actuel des institutions communautaires comme l'acné et les crises d'adolescence de l'E.U. Soyez de bons parents, jeunes et pleins d'énergie pour ce projet commun dont vous serez fiers, un jour. Roma non fu fatta in un giorno. Au nom du passé et des plaies cicatrisées, ne versez ni sel ni vinaigre dans les blessures actuelles. Agissez, politisez-vous, voyez loin devant vous!

Richard David Precht.
Votre blogueur regardait hier soir le philosophe Richard David Precht -- un jeune Européen qui a les mollets plantés dans la réalité -- débattre avec le journaliste Mathias Döpfner sur le thème de la liberté. Est-ce que notre liberté va tellement de soi que nous la négligeons? Est-ce que notre confort personnel, notre quête du bonheur, du sexe et des biens de consommation nous amènent à oublier combien la liberté retrouvée après les guerres, puis la paix, étaient précieuses à nos grands-parents?

Or la liberté dont nous bénéficions en Occident est menacée par la dictature de l'Économie et du Système financier qui ont ravi le pouvoir; menacée par le capitalisme discipliné de la Chine et des pays de l'or noir, surtout ceux qui considèrent nos moeurs comme une provocation (à travers leur prisme religieux); menacée enfin par nos médias ripoux prêts à toutes les bassesses, tous les mensonges pour survivre.

Jeunes Nobelisés, votre avenir en dépend: cultivez une attitude critique et créative, soyez combatifs, constructifs, obstinés! Que l'Esprit de paix et de liberté vous bénisse...

André

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher André,

Quel poids de mots, des mots justes et encourageants, j’en pleure ; moi qui suis depuis peu helvète et depuis ma naissance Européen et depuis l’âge de mes vingt ans Européen convaincu. Merci pour ce récit touchant.

Kevin

Une part de moi a dit…

Je ne savais pas qu'une " entité " pouvait se voir décerné un prix de ce genre, je pensais qu'il n'était que pour les personne physique. Je ne suis pas contre, ça prouve que les valeurs communautaires sont importante !
(y a t-il eu d'autres prix de ce genre ?)
Merci André, passe un bon dimanche.

Guy Zulma a dit…

André,
Merci de ce post si vigoureux envers l'Europe et cet étonnant prix Nobel. Je conviens que l'institution est noble, le pari de 1951 audacieux, la chose très adolescente encore.
Ceci dit, je ne suis pas sûr qu'elle ne soit pas rachitique : d'avoir voulu la bâtir exclusivement sur l'économie, la libre circulation des biens et des marchandises avant celle des Hommes ; d'avoir laissé Maggy s'en détacher et surtout d'avoir laissé son sort monétaire aux seuls mains d'une banque indépendante... Pas sûr que tout cela ait été bien fait, dans le bon ordre. Ceci dit, je conviens qu'au lendemain de deux guerres mondiales, l'urgence était bien réelle et les possibilités de fraterniser tous ces gens (Allemands et Français en premier)passait forcément -- au plus court -- par une C.E.C.A. née dans la douleur, l'urgence. Pas le temps de fraterniser.
Une question au Suisse que vous êtes : ça fait quoi de se retrouver dans ce petit village gaulois entouré par les Romains ? Bon, ne froissez personne en Europe... surtout pas nos banquiers préférés... Quoi ? J'ai oublié les chocolatiers ? Les horlogers ? les fromagers ?
Eh, oui, l'Europe sera vraiment l'Europe quand on se gardera de tous les clichés, les clochers. Je n'ose pas évoquer le mot minaret ici.

André a dit…

Messieurs!
Je n'imaginais pas que mon billet sur l'Europe susciterait des commentaires. Et comme d'habitude ils me font réfléchir à des aspects que je n'avais pas envisagé. Celui de Guy particulièrement: "ça fait quoi de se retrouver dans ce petit village gaulois entouré par les Romains?" Je ne m'étais jamais vu encerclé dans un mouchoir de poche. Je développerai le sujet dans un prochain billet (merci Guy!). Voici une réponse courte: la Suisse est bien trop petite pour qu'on y reste emprisonné. Même les paysans des vallées montagneuses passent des vacances à Quito ou Shanghai pour aller retrouver leurs petits-enfants. Paris, Francfort ou Milan sont à une matinée de train de Lausanne. Rome, Berlin, Hambourg ou Amsterdam à une courte nuit. Mon frère qui habite la France à une demi-heure en bateau. Et les champs de neige (bientôt) à une heure de voiture. À nos frontières, il y a bien sûr les Romains, mais aussi les Gaulois, les Germains, les Liechtensteinois et les Autrichiens -- tous des amis.