dimanche 8 mai 2011
75 mecs pour illuminer mon gâteau d'anniversaire
J'entre aujourd'hui dans le quatrième quart de siècle de mon existence; j'ai touché au rivage des 75 printemps. Contemplez l'alignement des gars ci-dessous: s'ils étaient des bougies destinées à se consumer sur un gâteau d'anniversaire, ils en faudrait trois rangées... Fantasmez à votre guise sur les parts de gâteau qui nous sont distribuées par la vie, les bougies, les mecs et l'âge!
"On a deux vies, et la deuxième commence lorsqu'on se rend compte qu'on n'en a qu'une," aurait dit Confucius. Moi, j'en veux quatre. Durant la première tranche, j'ai été élevé dans la croyance qu'un Dieu tient toutes les cartes en main. Vers l'âge de sept ans, j'ai découvert un secret de famille qui a mis ce noble axiome en doute. La première épouse de mon père s'était suicidée au gaz et avait entraîné leurs deux enfants dans cette mort. Le gamin que j'étais a compris que ni Dieu, ni les mamans, ni les papas n'étaient des refuges certains. Le jour de mes treize ans, c'était un dimanche, j'ai vu arriver des connaissances de mes parents en larmes. Ces gens et mes parents avaient été excommuniés de la secte dans laquelle ils s'activaient. Parce qu'ils fréquentaient aussi les fidèles d'autres Églises. (Imaginez: vous êtes la femme de l'épicier et faites vos courses à la concurrence!) Pendant qu'ils priaient et pleuraient, mon frère et moi avons joué avec le train électrique que nous venions de recevoir. C'était en 1949. Ce jour-là, notre famille a perdu la totalité de son cercle d'amis; ils changeaient de trottoir en nous voyant dans la rue.
La deuxième tranche de ma vie a été consacrée à la profession, à la militance gay et à ma passion pour trois hommes. Le premier, un chirurgien de seize ans mon aîné, beau, surdoué, père de famille déjà marié deux fois et sadique plus ou moins sublimé (indispensable dans sa profession). Le suivant, un gourmet du sexe, poilu et suicidaire... Le troisième a été mon compagnon pendant sept ans, puis mon frère d'âme durant sept autres années, jusqu'à son assassinat. À ses côtés, j'ai appris qu'on peut aimer un homme au point de s'effacer lorsque que son bonheur dépend, pense-t-il, d'un autre... Je suis arrivé au demi-siècle en ayant beaucoup voyagé et en étant témoin de morts violentes: meurtre, sida.
Durant la troisième tranche, il y a eu un grand amour, d'autres morts déchirantes, d'amis, d'amants. Et la fin de mon activité professionnelle... I'm still here, la superbe chanson de Stephen Sondheim tirées de Follies court dans ma tête pendant que je rédige ce billet. Elle résume les hauts et les bas que chacun connaît. "Good times and bum times, I’ve seen them all and, my dear, I’m still here." (Les bons moments et les plus minables, j'ai tout connu, ma chère, et je suis toujours là.) Vous pouvez voir la version qu'en donne Shirley MacLaine ici (visez le pianiste); celle de Carol Burnett est plus fidèle à l'esprit du merveilleux Sondheim.
André
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9 commentaires:
On ne peut pas trouver chanson plus représentative pour résumer votre vie et votre courage. Quel choix splendide! Hier j'ai vu "Sweeney Todd" au Châtelet. La partition de Sondheim m'a coupé le souffle. J'ai aussi admiré son aisance l'an dernier dans "A Little Night Music". Je vous félicite pour votre blog et vous souhaite année pleine de bonheur pour vos soixante-quinze ans.
Que votre 76ième année puis être remplis de bonheur et que vous puissiez-dire le jour venu: "is that all there is... is that all there is... if that's all there is let's keep on dancing"
J'ai lu votre "autobiographie sélective" en écoutant les 'Scènes' de Michael Galasso... étrange sensation. En tout cas, bon anniversaire, et merci pour ce blog.
Est-ce que Shirley MacLaine, l'actrice activiste en quête de spiritualité new age et de méditation est votre "anima", et son frère le séducteur Warren Beatty votre "animus"?
joyeux anniversaire (en retard)
cadeau ?
Le cadeau, ce sont les commentaires. Un grand merci!
Bon ANNIVERSAIRE ANDRE.... émouvent résumé de votre vie........... j'ai beaucoup de mal à vos donner cet age là, votre coeur en à 30 ...."on à l'age que l'on veut bien ce donner"...
Avec retard (j'étais en vacances, j'ai découvert le billet à mon retour dans la pile de mon agrégateur, puis Blogger était en maintenance), mais de tout coeur: bon anniversaire! Si le chat a sept vies, il te reste quatre tranches à découvrir...
jé adoré la version de shirley : un véritable ode a la vi.
et le pianiste valè le cou deuil aussi effectivement ;)
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