samedi 1 octobre 2011

Après avoir poussé leur camarade Jamey (14 ans) au suicide, des collégiens de Buffalo s'en prennent à sa soeur


Jamey, trouvé mort près de chez lui.

Jamey Rodemeyer, le collégien qui s'est donné la mort le 18 septembre à Buffalo (New York) parce qu'il ne supportait plus les brimades de ses camarades, avait publié une vidéo en mai dernier pour encourager les jeunes lesbiennes et gays à résister à l'adversité. En voyant et revoyant ce petit mec -- à la fois si courageux et si fragile -- tenter de remonter le moral d'autres ados dans la même situation, je m'effondre. D'autant plus que j'ai vu, ou connu tant de types, même beaucoup plus âgés que Jamey, se donner la mort lorsque la pression était devenue insupportable. Se suicider, sinon se laisser volontairement infecter par le sida à une époque où l'on en mourrait avec une quasi certitude. Ou tabassés jusqu'à ce que mort s'ensuive, étranglés, lacérés à coups de couteau, noyés. En quelque sorte, les gays de ma génération sont tous veufs d'un ou de plusieurs amants, amis et connaissances...

La vidéo de Jamey fait partie de la série It Gets Better. Il y racontait qu'il envisageait "de mourir" en décembre dernier; qu'il n'avait pas de copain garçon, seulement des copines et que pour cela ses camarades de classe le ridiculisaient et l'insultaient. Il conseillait aux jeunes de tenir la tête hors de l'eau et de se respecter, comme l'exprime une chanson de Lady Gaga. Mais il faut croire que Jamey n'a pas tenu le coup devant ces gars qui lui répétaient jour après jour qu'il ferait mieux de disparaître, qu'ils seraient heureux de le voir mort et que les gays vont en enfer.

Les parents de Jamey le soutenaient.
Pire encore: depuis la mort de Jamey, sa soeur a subi les mêmes brimades de la part des mêmes gars au collège qu'ils fréquentaient elle et lui. C'était lors d'une soirée où l'on a passé une chanson de Lady Gaga (qui venait de dédicacer un concert à la mémoire de Jamey). Moment poignant pour la jeune fille, brusquement interrompu par les clameurs des salopards entonnant: "Il vaut mieux que tu meures, Jamey" et "Heureusement tu es mort"... La police a ouvert une enquête.

Sur Twitter, Ricky Martin a remplacé son portrait par celui-ci.
D'où vient la haine de ces adolescents? 1) De leur éducation dans une famille religieuse intégriste (protestante, catholique, juive ou musulmane) qui enseigne que les homos sont responsables de leur orientation sexuelle parce qu'elles/ils l'ont choisie, et qu'ils sont damnés. 2) De l'appartenance à un milieu défavorisé où l'on cultive la haine des gens que l'on place plus bas que soi. 3) Des politiciens de la droite populaire (en Europe, mais encore plus aux États-Unis et dans les pays musulmans) qui encouragent le racisme primaire et l'homophobie. 4) Des milieux sportifs.

En Suisse hier, le Conseil national a refusé de supprimer l'interdiction d'adopter pour les couples homos, bien que la majorité des citoyens y soit favorable. Cette inégalité de traitement encourage l'homophobie. Comme l'écrivait mardi le chroniqueur Dan Savage, initiateur avec son mari de la série It Gets Better, le suicide de Jamey montre que "les dégâts occasionnés par la haine des gens malveillants dépassent parfois ce que l'on peut supporter".

André

4 commentaires:

D.J.H. a dit…

Andre,you've hit upon the whole reason for my time active in gay liberation here in the USA. We have to protect the young women and men.

miracleman a dit…

Andre,
Thank you posting about Jamey. Ignorance and intolerance are the two things I have a hard time tolerating. I spent my entire young life doing everything I could to avoid the kind of bullying he had to endure. I of course was living a life of secrets and lies and no one should have to ever live their life under those circumstances. I only pray that one day young people everywhere will be able to live their lives and be free to be who they are without fear.

MM

RPH a dit…

Triste réalité, hélas...

Philippe a dit…

Otage ?... Bouc émissaire ?...
Un gosse que je peux charger de tout ce qui me pèse ou m'obsède, que je peux rendre responsable de toutes mes peurs et mes angoisses. N'est-il pas "juste" qu'il meure pour que je puisse vivre...
Enfin... si on peut appeler ça "vivre" !!!

Et moi qui me suis toujours su gay (mais suis resté "au placard", comme vous dites)... est-ce que je vis vraiment après avoir dû me prendre en otage, moi-même et depuis toujours, pour n'avoir pas eu le courage de Jamey ?...

Philippe