vendredi 7 octobre 2011

Un gay en colère : "Et la tendresse, bordel ?"

Joachim Baldauf: Erdal Yildiz, acteur germano-kurde.

J'ai trouvé le texte ci-dessous dans les petites annonces de gayromandie, à la rubrique Amour et amitié. Il est daté du 14.09.11, 12:33. Je le livre en entier, légèrement mis en forme pour le rendre compréhensible. C'est une bouteille à la mer, un cri. Que répondriez-vous?

 

Que dire de l’homosexualité (masculine)? Ben c’est triste, vraiment triste ! A 20 ans quand j’ai annoncé à mes proches que j’étais gay, ils étaient bien triste pour moi car probablement qu’il savaient à ce moment là ce que je sais aujourd’hui. À 20 ans pour moi c’était tout à fait normal d’être gay et je croyais qu’on pouvait avoir une relation stable et normale, comme tous les autres couples. Et j’ai eu la chance d’avoir ce à quoi je m’attendais. Mais le temps à passé, les choses ont changé, les expériences sont faites et je m’aperçois à 30 ans que l’homosexualité (masculine) est vraiment triste et égoïste. Il y une maigre minorité d' hommes qui s’assument vraiment, le reste c’est que des branleurs. Ils préfèrent vivre dans l’ombre, faire des rencontres discrètes comme si on se déplaçait avec un orchestre ou une fanfare pour nous espionner. Que dire de tout ça? À part les saunas, les parcs, les WC publics qu’est-ce qu’il reste vraiment aux hommes?

 

Joachim Baldauf: Aquarius.

Je me demande aussi: est-ce que j’ai bien compris ce que veut dire l’homosexualité finalement? Si c’est juste l’instinct de toucher un homme, vider les couilles et ensuite disparaître dans la nature, alors je peux comprendre que les autres aient eu de la peine pour moi car ils en savaient plus que moi. C’est triste de voir que les hommes ne savent pas ce que c’est la tendresse, les câlins, la douceur, le romantisme; car toutes ces choses-là ils les zappent. Et pour finir qu’est-ce qu’on peut attendre d’un homme? Un cadavre mort vivant. Je me posais des questions en profondeur sur l’homosexualité lorsque j'ai rencontré un couple de lesbiennes. Magnifique! Leur couple n’est pas basé sur le matériel ou le physique, mais sur la profondeur des sentiments, sur la douceur et c’est aussi rare de voir un couple qui est si naturel.

Joachim Baldauf: Lingering Whispers.

 

Alors, les hommes sont ils aussi capables de passer du superficiel et artificiel au naturel? Quand le physique et la taille de pénis comptent plus que tout le reste, il est difficile de croire que les hommes sont capables de connaître ce bonheur. À qui faute? À eux-mêmes. Et ils sont les premiers à se plaindre que l’amour n’est jamais au rendez-vous. Messieurs, qu’avez-vous fait concrètement pour vous donner la chance d’aimer et être aimés? Probablement rien du tout. C’est aussi triste de lire que les hommes cherchent à tout âge l’amour avec un grand A, comme s'il devait se trouver dans un endroit, dans une boîte ou dans un magasin. L’amour ne se cherche pas mais il se construit avec l’envie, la compréhension, le désir, l’affection, la tendresse et la passion. Je n’écris pas ceci pour donner une leçon ou faire une provocation, mais tout simplement j’écris ce que j’ai pu vivre, sentir et peut-être que c’est le moment d’une nouvelle révolution dans nos sentiments.

 

Signé: Yes, we can!

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je répondrais que la facilité des rencontres et donc leur multitude génère une frustration certaine lorsqu'on cherche l'amour durable. Les annonces ne disent pas tout. Pourtant, sur le site en question, se dégagent des pépites de tendresse et de volonté de construire. Physiologiquement l'homme est sensible aux stimulis visuels, ce qui lui permet de faire son "choix" rapide. Ensuite, cela peut se prolonger ou non. C'est ainsi, l'émotion est un mélange de visualisation, puis d'échanges physiques et parfois intellectuels. Mais il ne faut pas perdre espoir, cela arrive par hasard, comme une belle surprise. Peut-être, aussi, ne pas se mettre en demande comme un affamé. J'espère avoir fait passer mon (bon) message. Kalaf de Paris

Unknown a dit…

J'apprécie votre blog, car il montre beaucoup de choses sur l'être humain, et l'homme sexe masculin en particulier, en dehors des codes de conduite de chaque culture.

Je suis hétéro, quoi qu'on s'en fou un peu mais cela peut aussi donner à mon propos une certaine neutralité. J'ai eut beaucoup d'amis homosexuels, dont avec certains il y eut une vrai complicité. Mais pour ma part j'ai toujours constaté que le "mouvement" gay masculin était et restait très superficiel au niveau des sentiments et seul restait les plans Q.

Je pense( et cela ne reste que mon expérience) que deux hommes et deux femmes peuvent avoir une vraie relation pendant des années, ils existent, mais sont extrèmement rares( je n'en ais connu qu'au travers de la TV). En gros toutes les connaissances homo que j'ai connu, surtout des hommes (les femmes restent très rares, j'ai jamais connu un couple stable, beaucoup de mensonges et de tromperie, manques de sentiments, de réflexion sur soi.

Dans la communauté gays, j'ai très souvent senti cette attaque du manque de libération sexuelle chez les hétéros. Avec le temps, je me demande si certains homos ne seraient des hétéros qui refoulent leurs sentiments en changeant leur sexualité. Un exemple me vient tout de suite à l'esprit, un ami qui était hétéro et très amoureux d'une femme, n'a jamais pu vivre avec elle, il est devenu homo par la suite et à l'âge de sa retraite, il n'a jamais eut d'enfants et vis seul dans son appartement.

Mais bon tout cela ne reste que mon avis, et malheureusement en prenant de l'âge, j'ai pas encore trop vu que j'avais tord dans mes impressions.

Boomerang a dit…

J'ai commencé ma vie sexuelle active vers 17 ans et l'ai continuée avec mes camarades d'études en fac, puis encore en tant qu'assistant. Après j'ai cherché du travail en vain: "trop qualifié". J'ai sombré dans la déprime et ne rencontrait plus que des gens comme les décrit Yes we can. J'ai dû consulter. La première psychologue était nulle à chier. La deuxième m'a aidé, aussi en m'incitant à m'inscrire à plusieurs activités de groupe: discussion, travail manuel, sport. J'ai connu des gens intéressants qui m'ont fait voir le monde différemment et rencontrer leurs connaissances. Finalement, ayant retrouvé confiance en moi, je me suis présenté pour des postes où l'on me disait "très qualifié" et j'ai été engagé. J'ai aussi trouvé de nouveaux amis gays à cause de cette assurance. Eux me jugent à ma personnalité, pas aux centimètres.
Un de mes problèmes était que j'avais été élevé par des femmes. J'ai dû apprendre à travailler et vivre avec des hommes. Ces activités et ces amis m'ont aidé.
Je dirais à Yes: il faut se construire pour sortir du milieu des mecs inachevés qui traînent leurs problèmes éternellement. Un homosexuel bien dans sa peau est capable de mener une existence à la fois très satisfaisante au plan érotique et très honorable et utile.

Anonyme a dit…

Je répondrais que c'est un texte juste et stimulant.

1.Oui, que les constatations sont justes. Mais que, peut être, ne faudrait il pas trop idéaliser la relation lesbienne ( encore que je ne sois pas spécialiste...).

2.Si la relation passagère et "cachée" peut avoir sa source dans une long moment historique où la relation homosexuelle était punie par la loi, le contexte actuel d'indidualisme et de "consommation vite et jetable pour passer au nouveau produit de la nouvelle gamme" peut aussi expliquer un mode bien connu de relations ( homo ou hétérosexuelles).

3. Que l'humain est un animal fort complexe, et qu'il n'est pas facile aux hommes - fussent ils homo ou hétérosexuelles dans leurs relations génitales - d'assumer
leur part féminine, leur capacité de tendresse, de disponibilité, leur passivité - avec tout ce que cette attitude comporte de positif-et qui plus est un féminin primaire , la sollicitude adéquate ni trop, ni trop peu d'une mère - et aussi d'une amante- le tout sur une période assez longue et avec un personne bien déterminée, reconnue et aimée comme personne et non simplement utilisé comme "objet de décharge"......
Pas simple...

4. Mais la vie, aidée parfois d'un petit travail sur soi, si on peut ou le souhaite, peut, sous une forme ou une autre, ou sans aide, si elle est sympa, permettre des rencontres d'amitié, d'amour vrai, longs ou courts ; de ne pas perdre espoir, d'engranger les petits et grands riens ou beaucoup qui ont éclairé, illuminé un instant, un mois, un an...et qui une fois passé sont là, avec nous jusqu'à la fin...et qui peuvent se reproduire encore..

gosses bises et plein de courage ; bonne chance!

anonyme 2

André a dit…

Anonyme 2, tu es génial! Tu exprimes avec talent et sensibilité ce que je ressens, ai vécu et aurais voulu répondre à Yes, sans savoir l'exprimer aussi bien que toi. Je te tutoie sans te connaître, parce que tu es un frère. Merci d'avoir pris le temps de commenter!

Anonyme a dit…

Exemple d'annonce gay ici au Québec:cherche une relation à long terme avec un homme de 1m80 et plus bien membré, poilu et uncut ! Ben il me semble que cela part bien mal une relation.
On ne mentionne jamais ses passe-temps, ses goûts etc Alors la tendresse ben on ne l'
a pas