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Mortification du lingam: une école de la douleur. |
Le grand rassemblement de pèlerins et de babas au bord du Gange, évoqué dans le précédent billet au sujet de
Sâdhu, le film de Gaël Métroz, se nomme Kumbha Mela. C'est à la fois Lourdes (pour les miracles escomptés), La Mecque et le Compostelle des Hindous, le rassemblement des sâdhus et nagas venus de toutes parts et le plus grand show d'ascétisme naturiste au monde (la nudité, symbole du non-attachement). Gourous et disciples s'installent dans un gigantesque camping, recouverts de cendres (mort et renaissance) ou d'autres parures dont le sens m'échappe. Ils y rencontrent copains et concurrents pour mettre en scène, qui sa distribution de bénédictions contre offrandes, qui sa magie ou ses déguisements, qui son succès auprès des foules, qui son dénuement et sa spiritualité, qui sa combativité de défenseur de la foi, qui ses postures de yoga, qui encore les mortifications de son corps.
On se mortifie en dormant sur un faisceau d'épines ou en exhibant un bras ankylosé que l'on tient levé depuis 30 ans. Sinon en torturant son pénis pour le rendre insensible au plaisir (détachement). Ceux qui s'y exercent détiennent une longue pratique d'extension avec des poids pour allonger le membre et casser sa capacité érectile sans perdre l'élasticité. Certains y sont soumis dès l'enfance, d'autres y viennent plus tard, par vocation. Leur show public consiste à enrouler la bite autour d'un bâton horizontal sur lequel vient se percher un acolyte. Et à se promener dans cet état pour montrer que la douleur peut être dépassée. Les touristes frissonnent. D'autres nagas endurcissent leur membre et ses deux compagnes, comme le font les moines de Shaolin. Ce yoga du lingam leur permet d'encaisser des coups de pied à cru ou de porter des pierres de passé 60 kg entre leurs jambes. Ils se désensibilisent à la douleur et renforcent l'enveloppe des valseuses comme on casse un muscle pour l'obliger à s'endurcir. Voués à la chasteté, ils ne se soucient guère de préserver leur capacité d'engendrer.
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Touriste à poil pour la photo. |
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Il n'a plus baissé le bras depuis 30 ans. |
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Yoga pour les voyeurs. |
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Sans le savoir, ils matérialisent une parole de Jésus qui n'était, probablement, qu'une image symbolique: "Si ton pied [substituez un autre membre] est pour toi une occasion de chute (péché), supprime-le: mieux vaut déambuler estropié dans la vie que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne (enfer)."
À mon avis, la dignité de l'être humain réside au contraire dans le faire face: réagir en présence des difficultés, apprendre de ses erreurs, s'engager dans des actions positives, créer, soutenir, aimer. L'enfer ce n'est pas le membre, mais le nombrilisme de ces gars.
André
3 commentaires:
Bonjour André,
Dans les catégories (au fond, relativement récentes) des chapelles homosexuelles (pardon, "gay") européennes, il y a, ce me semble, la tribu "S/M".
Y voyez vous un rapport avec ces pratiques de détachement du plaisir que peut procurer un organe par la voie de son supplice ? Et plus précisément encore l'exhibition de sa torture.
Bien cordialement
frenchanonymous
J'esquisse quelques règles de la pratique SM dans mon billet de samedi (en brouillon) sans traiter directement de la recherche du détachement en Occident qui, je l'espère, passe plutôt par une spiritualité personnelle et une écologie détachée des doctrines que par la torture du corps. C'est, me semble-t-il, plus joyeux et moins nombriliste.
La "tribu" SM cherche d'abord à satisfaire ses pulsions, bien que certains s'efforcent aussi de progresser intérieurement par cette voie de l'extrême.
Juste un avis personnel... On peut ouvrir le débat et espérer le commentaire de gars plus compétents que moi.
Merci André de votre réponse.
Certes, le débat est sans doute complexe. Mais votre réponse ouvre déjà la petite différence - et elle n'est pas moindre - entre "recherche du détachement" et "recherche de la punition" ; en parallèle, l'écart entre " se distancer du plaisir" et "rechercher la souffrance" ....
Tout un programme, peut-être plaisant...intellectuellement...
Merci encore.
Bien cordialement
frenchetc....
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