mardi 16 septembre 2008
Du rite païen à la fiesta catholique: la torture des taureaux
Chaque année, un mardi de septembre comme aujourd'hui, un taureau de passé 500 kg est lâché dans les rues de Tordesillas (8'400 habitants, province de Valladolid). Pour honorer la Vierge de La Peña, des hommes armés de lances (lames de 33 cm) le poursuivent et le tailladent sans avoir le droit de le tuer avant qu'il n'ait franchi un certain pont et atteint l'endroit où, selon la tradition qui date du XVe siècle, doit avoir lieu la mise à mort. A pied ou à cheval, les vaillants peuvent alors le harceler jusqu'à ce qu'il tombe à terre. Celui qui lui donnera le coup de grâce aura le privilège de lui couper les testicules et sera porté en triomphe, hissant les couilles du taureau au bout de sa pique.
Chaque année, des manifestants (qui ne comprennent rien à la noble ferveur catholique qu'engendre un beau rituel si couillu) manifestent contre cette pratique. Chaque année leur marche se heurte aux insultes des indigènes, comme le relève Libération aujourd'hui. Des protestations ont lieu aussi à Coria où le taureau est attaqué à coups de fléchettes décochées avec des sarbacanes, pendant des heures, jusqu'à ce qu'il s'effondre, qu'on l'achève et qu'on lui coupe devinez-quoi; à la fiesta de Medinaceli, comme dans beaucoup d'autres, on met le feu aux cornes de l'animal (toro de fuego) dont le corps se consume jusqu'à ce que, fou de douleur, il tente de se donner la mort en se jetant contre les murs.
Ces pratiques prennent leurs sources dans les sacrifices cultuels anciens comme le culte de Mithra, ainsi que dans des rituels initiatiques où, pour être reçus dans le cercle des mâles adultes, les jeunes hommes devaient affronter victorieusement un lion, un requin ou le taureau sauvage. Aux Etats-Unis, les mecs mesurent encore leur adresse sur le dos d'un cheval ou d'un taureau excité. Certaines observances du mithraïsme sont arrivées jusqu'à la Rome antique, introduites par les légionnaires qui avaient guerroyé en Orient. Mise à mort d'un taureau, baptêmes dans son sang, repas de sa chair, marquage des fidèles au fer rouge, comme du bétail. Parrallèlement, d'autres Romains s'initiaient au rite du dernier repas du Christ avant son sacrifice, à la transmutation du vin en sang et du pain en chair divine. Tandis que le gros de la population braillait dans les stades au spectacle du massacre des humains et des animaux, accompagnés de bains de vrai sang.
L'humanité a besoin de sang. Pour se purifier de ses fautes, pour s'élever au-dessus de sa condition mortelle, pour percer les mystères. Certains le vivent de manière symbolique à travers leur religion. D'autres vont plus loin et versent un peu de leur propre sang, dans des cérémonies mystiques, ou mystiquo-sado-masochiques. Enfin, de purs salopards qui n'ont pas évolué depuis l'ère païenne (malgré leurs bondieuseries catholiques) perpétuent des traditions antiques sans en comprendre le sens, ni la mesure, se croyant des dieux parce qu'ils ont le pouvoir sur les animaux. Le fait de ne pas respecter la vie et la valeur des créatures qu'ils torturent est avilissant -- pour eux et pour la communauté qui tolère ces pratiques. Le silence de l'Eglise d'Espagne sur ces pratiques est ahurissant.
|| Ulysse
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1 commentaire:
A mon sens, le silence de L'Eglise est probablement du a un certain pragmatisme : elle ne veut pas s'aliéner plus de ( potentiels ? ) fidèles en prenant position sur un sujet dont elle ne ne sent pas d'affinité et, qui plus est, controversée, srt en sé ten de déchristianisation continue...
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