Le "lobby gay" du Vatican va-t-il enfin prouver qu'il a des couilles ?

Thomas Williams: les scandales de la Légion.

Non le coeur de ce bel Américain n'est pas à prendre. Le rév. Thomas Williams, membre éminent de l'ordre religieux de la Légion du Christ (personnalité de la TV, auteur de livres sur la morale) a admis l'an dernier qu'il avait un fils et décidé cette année de quitter le ministère pour consacrer plus de temps à la mère et à l'enfant. Sa double vie était connue dans le milieu. Fondée au Mexique en 1941 par le rév. Marciel Maciel, la très conservatrice Légion était devenue un ordre renommé pour sa dureté militaire; elle bénéficiait de la protection de Jean-Paul II, malgré de nombreux scandales. Le fondateur avait engendré trois enfants de deux femmes et il violait ses séminaristes...

Gag de Venerabilis: les Village People au Vatican.

"Panico al bordo" lit-on ces jours sur le site "homosensible" Venerabilis qui servait discrètement le clergé gay, "Papa Francesco sta sconcertando [est en train de semer le trouble chez] tanti cattolici tradizionalisti". La presse italienne a révélé l'existence du site qui est submergé par les curieux (6000 clics jeudi passé). Indirectement, le pape a mis la presse sur la trace d'un "lobby gay" au Vatican. On estime que 30% à 50% des religieuses et religieux sont LGBT. Comme leurs consoeurs et confrères hétéros, une majorité respecte la règle de chasteté. Mais la situation est stressante: il faut résister à la tentation, or la solitude pèse; sinon cacher sa vie privée et mentir constamment.

Si un "lobby" (terme inapproprié) existait, il aurait fait pression pour que Rome évolue. Mais les gays de la hiérarchie ont créé des liens, ne serait-ce que pour lutter contre les chantages qui les menacent autant que les hétéros. Parce que, on le sait, de nombreux pédophiles ont été couverts 1) pour protéger la réputation de l'Église, 2) parce que les gars livrés à la justice auraient pu donner les noms d'autres participants aux réseaux.

Si les LGBT intègres veulent faire sortir leur Église de son hypocrisie foncière, il faut qu'ils quittent leur placard et luttent: 1) pour le respect de tous les LGBT, 2) en faveur de leurs propres droits, 3) pour l'égalité dont les religieuses sont privées vis-à-vis du clergé mâle, 4) et en faveur du mariage des prêtres.

La prise de position anti-gay des Églises chrétiennes (comme de nombreux politiciens) sert à récolter les dons et les votes de personnes de moins en moins nombreuses qui nourrissent ce point de vue. Comme dans les autres scandales (financiers, politiques et religieux) où patauge l'incurie romaine, on voit que le pape lance des signaux timides, mais encourageants. Le moment est donc propice pour les gays cathos -- religieux et laïques -- de cesser de trembler et de monter au créneau en s'affirmant avec la force de persuasion que confère un coeur en paix.

André